C'est par un communiqué parvenu à la presse que le chef de file de l'opposition politique a informé de la cessation de ses activités. Cette décision, selon lui est motivée par le fait que «l'insurrection populaire du 30 octobre 2014 a rendu inopérante l'Assemblée nationale, institution dont découle le Chef de file de l'opposition, en vertu des dispositions de la loi». Aussi, la Charte signée le 16 novembre établit entre autres structures, un organe législatif, le Conseil national de transition qui va désormais jouer le rôle dévolu au Parlement, pour la durée de la transition. Ces nouvelles dispositions mettent donc fin au mandat de l'institution Chef de file de l'Opposition (CFOP). Ainsi donc, Zéphirin Diabré, président de l'Union pour le progrès et le changement (UPC), qui exerçait la responsabilité de chef de file de l'opposition a mis fin à ses fonctions. C'est de bonne guerre du reste!
Après avoir donc réussi avec les partis politiques et la société civile à faire partir Blaise Compaoré du pouvoir et adopté une nouvelle Charte qui doit guider la transition qui, en principe dure une année, chaque parti fait désormais face à la réalité du terrain.
En effet, le président de la transition est connu depuis lundi matin. Son Premier ministre également. Maintenant, les Burkinabè attendent les représentants des différentes composantes qui doivent constituer le Conseil national de transition (CNT). Et c'est là que les choses coincent dans certains états-majors et c'est le cas des organisations de la société civile et des partis politiques. Chez les OSC, le partage du gâteau est difficile. Personne ne veut rester en marge de ce Conseil. Même ceux qui étaient dans leurs salons lorsque des jeunes se faisaient descendre dans la rue le 30 octobre, savent aujourd'hui qu'ils appartiennent à une société civile et donc veulent revendiquer des droits. Pour ces jeunes, on peut comprendre.
Mais là où la situation est intolérable, c'est au niveau des partis politiques. Réunis une première fois dans la salle de réunions du bâtiment abritant l'ex-CFOP, ils ne sont pas parvenus à s'entendre. Certaines propositions auraient touché la sensibilité de certains responsables de partis. Les discussions étaient vives. Selon certaines indiscrétions, l'ex-président du CEFOP, Zéphirin Diabré aurait proposé que les 28 députés de l'opposition (dont 19 de sa formation politique) soient d'office retenus pour le CNT. Niet, rétorquent les autres partis politiques qui ne comprennent pas le fondement d'une telle proposition. Les discussions sont chaudes. Les justifications fusent, mais ne trouvent pas preneur. Le CFOP compte un peu plus de 50 partis et formations politiques. Malgré les appels, on ne parvient pas à s'entendre. La séance est suspendue et reprogrammée pour le lendemain. Ce fut mercredi dernier. Là, la presse n'est pas admise à assister aux échanges.
Ce que l'on peut retenir, c'est qu'à l'image de la société civile, le partage du gâteau n'est toujours pas facile après une lutte. Chacun veut tirer vers soi le plus grand profit. Selon certaines indiscrétions, le MPP aurait décidé de ne pas prendre part au CNT. Voilà une décision sage qui lui permettra de ne pas disperser ses forces et de se préparer sérieusement pour les prochaines joutes électorales. Il y a les présidentielles; les législatives et les municipales à préparer. Au lieu donc de rester concentrés sur ces objectifs, voilà des gens qui se livrent en spectacle honteux. Ce qui pourrait donner raison à certaines personnes qui disaient que «ces gens n'ont pas d'objectif d'avenir pour le Faso, mais leurs propres intérêts». Dommage!
Ibrahim BAYILI