© DR / Autre Presse
Offre de dialogue du Front républicain : En politique, il n’y a pas une seule vérité
On s’est demandé, depuis la crise du Sénat, si les protagonistes de la scène politique allaient faire des pas les uns vers les autres. Qu’ils le sachent ou feignent de ne pas le savoir, en politique, il n’existe pas et n’a jamais existé une seule vérité.
C’est faire montre de grandeur d’esprit, de la part du Front républicain, que de proposer à l’opposition d’aller au dialogue. Loin d’être un aveu de faiblesse, c’est une offre qui permet de rassurer le citoyen que les hommes politiques se rendent à leur responsabilité d’admettre que la nation est supérieure à tout le reste, notamment au fait de savoir quel parti sera au pouvoir dans un an.
Certes, les commentateurs vont épiloguer sur cette offre, il n’en reste pas moins vrai qu’en politique chacun a sa vérité, et il est toujours possible de rapprocher ces vérités, à condition bien sûr que les camps en présence, soient capables de se départir de la radicalisation, qui est très mauvaise conseillère dans ce milieu.
Du reste, si comme le reconnait, le chef désigné du MPP, la révision de l’article 37 est possible sur le plan du droit, cela signifie que le dialogue est et demeure la meilleure des voies à choisir. La radicalisation, quant à elle, renferme l’inconvénient de renvoyer toujours dos à dos les protagonistes.
Le bandage de muscles de part et d’autre, s’il n’a pour but que de montrer sa capacité à mobiliser ou à faire la preuve d’avoir avec soi la majorité, il serait plus juste et indiqué en démocratie, que tout ceci transparaisse, après une campagne civilisée et citoyenne, dans les urnes et la consultation électorale.
Le débat par stades interposés, aussi traduction qu’il soit, de l’expression démocratique, ne peut constituer ni représenter la force réelle des uns et des autres. Du reste, il a montré ses limites au vu de ce que l’opposition a pu produire à Bobo-Dioulasso et à Dori.
Mitigé ! C’est pourquoi, se parler face-à-face, entre les deux pôles de conquête du pouvoir en démocratie, ou entre plusieurs pôles si c’est le cas, permet de dimensionner les ambitions des individus et surtout, de contenir les péripéties de la vie publique dans des proportions capables de préserver l’essentiel : la stabilité de nos institutions.
Plus que toute autre chose, les formes que chacun tente d’afficher, à savoir un pouvoir toujours majoritaire, une opposition qui existe enfin, trouveront leur réalité, si le dialogue était établi. Chacun y gagnera, notamment pour ce qui sera de gouverner demain dans la continuité des acquis importants et réels engrangés par notre peuple depuis plus de vingt-cinq ans.
Souleymane KONE
Par : L’Hebdomadaire du Burkina N°791 du 25 au 31 Juillet 2014