Il y a notamment cette ambiguïté qu'ils continuent d'entretenir dans leur rapport au chef de l'Etat Blaise Compaoré, leur ancien patron. Tout en vouant aux gémonies le CDP, ils évitent soigneusement d'égratigner son père spirituel, Blaise Compaoré. Mieux, certains d'entre eux, en l'occurrence le Larlé Naaba, ont tenu des propos très élogieux à son égard. Roch et les siens devront donc convaincre l'opposition, leur nouvelle famille, de ce qu'ils ont rompu le cordon ombilical avec Blaise Compaoré. Car on a l'impression que ce dernier continue d'exercer un certain charme sur eux, à l'exception peut-être de Salif Diallo, qui, très tôt, a pris ses distances d'avec son ancien mentor. Cette apparente ambivalence pose le problème des futures relations qu'ils auront avec l'opposition, de la place qu'ils occuperont sur l'échiquier national, de leur stratégie de lutte contre le Sénat et la modification de la Constitution, et enfin de leurs ambitions pour la présidentielle de 2015.
L'image d'un Simon Compaoré se tenant à l'écart des leaders de l'opposition, lors de la Journée de protestation du 18 janvier dernier, a marqué les esprits. Quel message voulait-il faire passer ? A-t-il ainsi voulu tracer une ligne de démarcation entre lui et le CFOP ? C'est un signe que le nouveau parti ne se jettera pas dans les bras du CFOP. Ce d'autant qu'avec le nouveau statut de l'opposition, il n'est pas obligé de s'affilier au CFOP. Par ailleurs, se mettre sous le giron du CFOP, c'est courir le risque d'une inévitable confrontation avec Zéphirin Diabré. Ce dernier est pressenti comme le candidat naturel de l'opposition, si celle-ci réussit à maintenir sa cohésion. Or Roch Marc Christian Kaboré est lui aussi un présidentiable sérieux. Avec un tel leader, on voit mal le nouveau parti s'affilier au CFOP (pour le moment). Roch serait plus à l'aise, hors du CFOP, pour l'expression de ses ambitions. La lutte sera commune, mais sans doute chacun de son côté. On peut seulement imaginer une alliance si le candidat de la majorité est mis en ballotage lors de la prochaine présidentielle. Un scénario à la sénégalaise est alors possible, avec une union sacrée de l'opposition pour battre l'adversaire commun.
Si 2015 est un objectif essentiel pour les démissionnaires du CDP, alors il n'y a plus de temps à perdre. Il leur faut un travail de fond sur le terrain, surtout dans les campagnes, pour expliquer son leur choix. Mais avec leur grande connaissance du terrain, il est possible que les choses aillent assez vite, malgré les obstacles que ne manquera pas de dresser le CDP, sur leur passage. Du reste, ce travail d'explications a déjà commencé dès lors que la démission de Simon, Roch, Salif et le Larlé Naaba a été entérinée. Reste à savoir jusqu'à quel niveau le nouveau parti réussira à rogner dans la masse électorale du CDP .