Le menu affiché était de prendre langue avec les différents SG de provinces, se prononcer sur la présidentielle et le vote des Burkinabè de l'étranger.
Sur le premier point, l'ex-parti majoritaire a signifié qu'un congrès statuera pour désigner son champion qui ira à la conquête du palais de Kosyam. En ce qui concerne le vote de nos compatriotes de l'extérieur, le CDP est resté constant sur sa position, il est partant pour qu'ils votent, selon l'esprit et la lettre de la Constitution y relative. Mais, s'il y a des facteurs déterminants qui en empêchent la faisabilité, le CDP ne trouve pas d'inconvénients. D'emblée, il faut saluer cette sortie du CDP, car nous avons été l'un des premiers à le souligner : ce parti a perdu le pouvoir, il avait des responsables et des militants qui étaient incompétents, antiprincipiels et pas démocrates pour un sou, bref qui étaient «mauvais».
Cependant, bon nombre croyaient au CDP, à ses idéaux, et œuvraient à ce que le parti grandisse. Alors, lorsqu'une telle formation est chassée du pouvoir, certes il y a un temps de flottement, car tétanisés et groggy, (qui ne le serait pas après l'autodafé du siège, les incendies de domiciles de dirigeants ?), mais le temps fait son œuvre, et le CDP doit penser à demain.
L'unanimité est faite sur le constat que le parti regorge de ressources et de ressorts pour se dépêtrer de ce mauvais pas. Encore faut-il y songer, et agir dans cette optique.
C'est pourquoi, cette première sortie post-insurrectionnelle aura l'heur d'abord, de montrer que le CDP n'est pas mort, il a plié, mais ne s'est pas rompu.
Reste maintenant à aller au-delà, transcender les rancœurs, recruter, bannir tout esprit de vengeance, et penser à l'avenir du parti, rien qu'à ça.
Un congrès de renaissance ne serait pas superflu :
- d'abord, pour jauger la représentabilité du parti sur le terrain après l'orage ;
- ensuite, pouvoir se parler entre camarades, «les yeux dans les yeux» ;
- trouver le ou les capitaine(s) qui va ou vont conduire désormais le parti ;
- changer de dénomination, si nécessaire.
Déjà, l'exigence de jeunes Cdépistes pour le départ de l'actuel SEN, Assimi Kouanda est la preuve qu'il y a toujours des militants qui croient en ce parti. Certes, on a vu des militants, tels l'ex-ministre, Jérémy Tinga Ouédraogo, Jean Bertin Ouédraogo, Fatou Diendéré, à la rencontre du 17 janvier dernier qui peuvent et doivent apporter encore au parti, mais, le CDP a besoin d'une cure de jouvence, quitte à ce que les anciens ténors servent d'aiguillonneurs.
Au-delà de cette renaissance qui se configure, il faut y voir un bon signe pour la démocratie. C'est pourquoi, si les raisons avancées par le pouvoir de la transition pour suspendre le parti sont recevables, il était évident qu'une disparition du CDP du biotope politique burkinabè aurait donné un coup fatal à la démocratie. La pluralité politique, sans être la démocratie, en est un des éléments visibles.
La démocratie burkinabè a besoin du CDP, pour peu que ceux qui en prendront la direction, eu égard à l'histoire récente du pays, et aussi à une partie des responsabilités de ce qui est arrivé, qui les incombe, puissent mener désormais la formation sur les chantiers de la lutte saine, et policée pour le pouvoir, certes, mais en ayant comme boussole : l'intérêt supérieur du Burkina Faso.
Joachim de KAIBO