En janvier dernier, lorsque les RSS et Compagnie démissionnaient du Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP), certains caciques du parti avaient qualifié cet acte de non-événement, minimisant ainsi la fracture que ces démissions pouvaient entrainer au sein du parti. Mais au regard de la force de mobilisation du jeune parti (le MPP), le CDP a ravisé. Les différents meetings que le MPP a tenus dans les villes comme Bobo Dioulasso, Ouahigouya et Ouagadougou ont drainé du monde et sans doute dans leurs rangs il y a des ex-militants CDP. Lors de ces meetings, les RSS ont toujours tenté de se blanchir de toutes les tares que le système aurait fabriquées lorsqu' eux-mêmes y étaient à l'avant-garde, afin de se réconcilier avec le peuple. Naturellement ces occasions leur ont permis de régler leurs comptes avec leurs ex-compagnons politiques restés au CDP sur qui ils jettent l'anathème.
Et comme en politique c'est celui qui est le plus visible sur le terrain et fait la une des médias qui s'impose, le CDP loin de s'avouer vaincu, n'entend pas laisser le terrain au MPP. Le meeting du front républicain à Bobo a fini de convaincre, que le CDP en veut beaucoup au MPP. On l'aura vu, lors du meeting, le maire de Bobo Salia Sanou aura fait usage des termes les moins amicaux à l'encontre de Roch Marc Christian Kaboré et de ses camarades qualifiés de « délaissés de Blaise », « des assoiffés du pouvoir », « des sangsues », « des traitres », « des ingrats »... Le même Salia qui a vraisemblablement réussi le pari de la mobilisation est lui aussi passer en faiseur de roi à l'instar de Salif Diallo lors du meeting du MPP à Ouahigouya : « Salif Diallo dit que Roch sera président, moi Salia, je dis que Blaise sera président ». Toujours en réponse à la déclaration de Salif Diallo pour qui le MPP sera à Kossyam en 2015, Assimi Kouanda qui co-préside le Front Républicain avec Me Hermann Yaméogo rétorque : « ils ne feront pas un seul jour à Kossyam ». A dire vrai, le meeting du FR dont le thème est « démocratie et paix sociale » n'est ni plus ni moins qu'une réponse aux récents événements organisés par le MPP, question de démontrer qu'ils ont toujours une force de mobilisation.
Cependant, le recours au Front Républicain (qui compte en son sein plus d'une trentaine de partis), pour faire le poids face au jeune parti (MPP), peut s'interpréter comme une faiblesse de la part du CDP. Le FR a été conçu pour contrebalancer toute l'opposition dans son refus contre la mise en place du sénat et tous les autres sujets qui divisent. Evidemment, le meeting de Bobo a révélé la force de mobilisation du Front Républicain mais en braquant les projecteurs sur le MPP, c'est ce dernier qui sort gagnant pour avoir détourner l'attention de 37 partis sur lui et pour s'être comparé en autant de partis. Dans ces conditions, c'est le MPP qui va imprimer son rythme à la partie et comme dans toute opposition, c'est celui qui arrive à imprimer son rythme qui sort toujours vainqueur. Ironie du sort. Le CDP, hier giga-parti imperturbable, a besoin d'autres partis aujourd'hui pour se frayer un passage. Cette rétrogradation devait être riche d'enseignements.
Max Junior
Avec ZoodoMail
