Vous avez déposé un recours contre quatre présidentiables, les résultats sont tombés, deux sont passés entre les mailles du filet quand même. Quelle est votre appréciation?
J’ai formulé un recours contre quatre candidats, deux étaient membres du dernier gouvernement de Blaise Compaoré. Il s’agit de Djibrill Bassolé et de Yacouba Ouédraogo qui ont pris part, le 21 octobre 2014, au Conseil extraordinaire de ministres qui a eu la malheureuse mission de prendre le projet de décret qui devait permettre à l’Assemblée nationale de modifier l’article 37 de la Constitution. Je crois que le Conseil constitutionnel a certainement fondé sa décision en référence à sa propre jurisprudence, puisque nous avons introduit des recours au niveau des législatives, où des candidats ont été déclarés inéligibles dont également d’anciens ministres de Blaise Compaoré. Donc, le Conseil constitutionnel est resté en phase avec sa propre jurisprudence.
Les deux autres, Ram Ouédraogo et Salvador Yaméogo, sont des présidents de partis politiques qui ont soutenu le referendum qui demandait la modification de l’article 37. Comme vous l’avez bien dit, ils ont échappé au filet. Nous le regrettons mais nous prenons acte de la décision de justice en espérant que les candidats recalés seront des républicains et prendront acte et que les 14 autres candidats retenus sur la liste définitive battront campagne, proposeront des programmes et des projets de société pour permettre à notre peuple d’aspirer au bonheur. Bâtir un Etat véritablement démocratique comme nous le défendons à l’UNIR/PS.
Peut-on dire que le Burkina entame la dernière ligne droite?
Tout à fait, puisque la CENI a procédé aux tirages au sort pour le positionnement sur les bulletins et le gouvernement a dévoilé le calendrier des campagnes électorales (le 20 pour les présidentielles et le 26 pour les législatives); donc, il ne reste qu’aux coureurs de lancer le sprint.
Alors, quelles sont les chances de Me Bénéwendé Sankara?
Les chances de Me Bénéwendé sont multiples. D’abord, il y a mon expérience du combat que nous avons livré depuis quinze ans avec le peuple burkinabè qui s’est émancipé. Ensuite, il y a tous les combats menés sur le terrain de la défense des droits de l’homme, contre l’impunité, la corruption, celui que nous avons mené pour les multiples reformes. Vous vous souviendrez que j’ai été le premier Chef de file de l’opposition politique qui nous a permis de fédérer les forces progressistes et nous avons enfin fait la jonction avec la société civile contre le tripatouillage de la Constitution. Cela s’est terminé par une insurrection parce qu’on avait un Chef de l’Etat qui avait la boulimie du pouvoir qui l’a monarchisé. Aujourd’hui, je pense que c’est un vent de libération qui souffle et le Burkina Faso a besoin que son insurrection ne soit pas volée, ne soit pas trahie et que l’on puisse procéder à un renouvellement de la toute la classe politique pour bâtir un Etat nouveau, un Etat véritablement démocratique fondé sur les valeurs que Me Sankara porte. Je crois que c’est une chance que nous avons parce que nous n’avons jamais collaboré avec l’ancien régime que nous avons vraiment combattu. Nous avons en revanche un projet de société qui s’appelle le Programme Alternative Sankariste. C’est-à-dire qu’une fois élus, nous allons bâtir une nation de cohésion, avec un gouvernement inclusif. Notre grand chantier sera de s’attaquer à l’extrême pauvreté, restaurer l’autorité de l’Etat et entreprendre des réformes dans les secteurs clés tels que la santé, l’éducation, le secteur agraire et tous qui paraît prioritaire, mais en comptant d’abord sur des institutions solides. Les Burkinabè nous comprennent et nous n’avons pas de doute.
Des alliances au cas où?
Pourquoi pas! Nous ferons des alliances si cela venait à s’imposer. Mais en fonction du combat que nous menons et des projets et programmes que nous défendons. On ne fera pas des alliances pour des alliances.
Interview réalisée par Ousmane Hébié