Marche-meeting du CDP : La réponse du berger à la bergère

| 08.07.2013
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Marche-meeting du CDP : La réponse du berger à la bergère
© DR / Autre Presse
Marche-meeting du CDP : La réponse du berger à la bergère
Le samedi 6 juillet 2013 à Ouagadougou, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) a joué sa popularité après la sortie une semaine plus tôt de l’opposition pour une journée de protestation contre le Sénat. Il a organisé une marche précédée d’un meeting à la Place de la Nation sur le thème de la «Paix sociale, consolidation de la démocratie et le développement ». Réplique à l’autre camp, la manifestation a aussi fait un point d’honneur au Sénat et à la modification de l’article 37.

Samedi dernier, la Place de la Nation a été prise d’assaut par les inconditionnels du parti majoritaire. Répondre au mot d’ordre des gourous de cette formation politique est un devoir pour chaque militant et aucun d’eux n’a voulu être en reste. Beaucoup ont porté des vêtements aux couleurs du CDP ou d’autres signes ostensibles prouvant leur appartenance au mégaparti. Des fanions ont été distribués et l’animation était au rendez-vous. Sur la tribune officielle, le mythique animateur Ambroise Tapsoba et son esclave Yama Paco Drabo jouaient merveilleusement leur partition. Au cri de «Blaise Compaoré !», le public très surchauffé répondait «Victoire !». Ajoutées à cette ambiance des grands jours, des chansons de vedettes burkinabè en vogue sont diffusées par de puissants haut-parleurs. Des troupes folkloriques achevaient de mettre leur grain de sel à l’événement. Les intentions sont manifestes Sur les pancartes fièrement exhibées, des messages : «Les taximen sont pour la paix, donc oui au Sénat, pour le respect total de la Constitution, pour la démocratie et la paix au Faso» ; «Le Faso ne sera jamais autrement»… D’autres sont allés jusqu’à appeler à la modification pure et simple de l’article 37. Sous les tentes, de hauts dignitaires de la république. Parmi eux, François Compaoré ; des ministres du gouvernement Tiao ; des maires d’arrondissement dont le maire honoraire de Ouagadougou, Simon Compaoré. Les coutumiers et religieux acquis à la cause du CDP sont également là. A 9 heures 30 passées, les choses n’étaient pas encore prêtes. Quelques petites minutes plus tard, quand arrive Assimi Koanda, le secrétaire exécutif national du parti au pouvoir, pouvait alors commencer la manifestation proprement dite. Tout débute donc par le meeting. Tour à tour, le représentant des notabilités ; des femmes ; des jeunes ; des personnes vivant avec un handicap… de la mouvance présidentielle ; le ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation, Toussaint Abel Coulibaly ; le président de la FEDA-BC, Adama Zongo, et finalement Assimi Koanda se succèdent à l’estrade. La voix du maître ? Les différentes interventions n’ont pas varié dans le fond, leurs auteurs ont insisté sur la stabilité sous l’ère Blaise Compaoré, son action pour la paix dans la sous-région et ailleurs. Tous ont manifesté leur attachement aux idéaux défendus par le président du Faso, «un homme de paix, de dialogue, de rassemblement». Ils lui renouvellent leur soutien indéfectible pour «ce qu’il a fait et continuera de faire ». Ils se sont en outre focalisés sur l’instauration du Sénat et la modification de l’article 37. A grand renfort de proverbes et de symboles, les orateurs du jour ont défendu bec et ongles ces deux derniers points, n’hésitant pas de lancer des piques aux détracteurs du CDP. Pour tous, le chef de l’Etat actuel reste l’homme de la situation. Pour le secrétaire exécutif du parti, le peuple du Burkina n’a pas besoin de vendeurs d’illusions. C’est pourquoi «il a toujours soutenu, soutient aujourd’hui, et continuera de soutenir demain et après-demain le président Blaise Compaoré». A son avis «le Sénat pour lui va procurer de nombreux avantages à notre pays, à la démocratie». Contre vents et marées Le message est on ne peut plus clair. Le CDP affiche clairement son intention de modifier l’article 37 portant sur le mandat présidentiel, de même qu’il insiste pour que la deuxième chambre du Parlement soit installée. Quand vient le moment de prendre la route pour la remise du message, ce fut le branle-bas. Personne ne voulait occuper la dernière rangée. La sécurité se débat pour contenir la foule. Mais l’effort déployé s’est avéré inefficace. Néanmoins, une colonne réussit à se dessiner et prend place sur le bitume. Les côtés droit et gauche de la colonne sont pris d’assaut par ceux qui tenaient mordicus à voir ce qui ce passe à la tête de la délégation. La file s’ébranle alors en direction du Premier ministère, pancartes en l’air, entre des slogans dithyrambiques à l’égard du président du Faso et des invectives à des responsables de l’opposition, certaines personnes esquissaient des pas de danse au son des instruments d’une troupe traditionnelle et de la musique moderne distillée par des haut-parleurs d’un véhicule au milieu du convoi. A peine une centaine de mètres de marche, et les manifestants se scindent en deux groupes, et passent à quelques pas d’intervalle devant la maison du Peuple. De l’électricité dans l’air A hauteur de la SONAPOST, à une centaine de mètres de la destination finale, les marcheurs reçoivent un accueil inamical. Des jeunes au bord de la voie brandissent des billets de 500, 1000 et 2000 F CFA, «l’équivalent des marcheurs», selon eux. Les louanges de Blaise Compaoré essuient alors des diatribes. On frise l’affrontement. Le cordon de sécurité, aidé d’autres membres du comité d’organisation, appelle à ne pas céder à la provocation. Ils y arrivent tant bien que mal à conduire tout le monde au rond-point des Nations unies. Là, la CRS indique aux marcheurs qu’ils ne peuvent pas aller plus loin. Ils ne l’ignoraient pas car, eux-mêmes avaient déjà placé un cordon de sécurité tout autour du rond-point. Une petite délégation est désignée pour remettre leur message au premier ministre, par le truchement de son chef de cabinet, venu le représenter. Au même moment, des cartons remplis de colombes la rejoignent. Chaque membre en prend une et le reste est réparti à d’autres personnes. La délégation franchit la barrière de sécurité et remet le message au chef de cabinet du PM. Leur retour parmi leurs camarades est marqué par le lâchage des colombes. Puis c’est parti pour une autre marche dans le sens inverse vers le point de départ, la place de la Nation. Le mot de remerciement du secrétaire exécutif du CDP, Assimi Koanda, a mis fin à la manifestation aux environs de 12 heures.

D. Evariste Ouédraogo & Moumouni Simporé

Propos d’après-marche

François Compaoré (secrétaire chargé du mouvement associatif) : S’agissant des pancartes qui appellent à la modification de l’article 37, il faut savoir que lors des manifestations comme celle de ce matin, il y a toutes formes de mouvements qui s’associent. Vous avez des formations politiques telles que la nôtre qui s’étaient déjà exprimées à l’occasion de nos congrès et nous avons aussi d’autres associations qui s’expriment. Nous pensons que la modification de l’article 37 est vraiment un acte qui permet aussi au peuple de s’exprimer au lieu de rester bloqué. Je pense personnellement qu’une fois que le peuple n’a pas besoin de vous, vous avez beau mettre 10 articles, il le dira. Les exemples sont là. On voit bien ce qui se passe dans d’autres pays. Je ne souhaite pas que cela arrive au Burkina, mais nous pensons que le dernier mot devrait rester au peuple. C’est cela aussi la démocratie. Sur la question de la modification de l’article 37, je suis solidaire à mon parti.

Assimi Koanda (secrétaire exécutif national) : Les premiers enseignements que nous tirons après cette marche c’est que cette grande mobilisation qui s’est opérée seulement en 72 heures montre que le peuple burkinabè est avec le président Blaise Compaoré et les formations politiques qui soutiennent son action. Nous tirons également la conclusion que le peuple du Burkina aime la paix, veut la paix. Nous retenons aussi que rien, aucune menace ne pourra venir le détourner de cette paix à laquelle il adhère, du dialogue, de la solidarité entre ses fils et filles. C’est pourquoi cette mobilisation doit attirer l’attention des partisans de la violence et de la casse. Ceux qui n’ont même pas la courtoisie et le respect démocratique pour des opinions différentes de la leur. Le peuple se battra toujours pour la paix et le progrès.

Propos recueillis par : D.E.O.

 

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