Malheureusement, et ce, après l'insurrection populaire, on a l'impression que le parti est en train de faire des recrutements tous azimuts sans prendre le soin de trier. Ou du moins, accepte tout ce qui lui arrive dans l'escarcelle. C'est le moins qu'on puisse dire, après avoir appris l'adhésion de Zacharia Sawadogo, celui-là même qui a été soupçonné de transporter des urnes ou de faciliter la fraude au compte du CDP, au cours des dernières élections législatives et municipales couplées. C'est le même constat qu'on peut faire après avoir vu Karim Traoré, le président de l'Union nationale des producteurs de coton du Burkina en tenue MPP, conversant avec Salif Diallo. Karim Traoré est mis en cause, par ses collègues producteurs de coton, dans une affaire de détournements de fonds non encore élucidée.
En les acceptant aussi facilement dans la famille (en tout cas si c'est le cas), le MPP joue véritablement sa crédibilité. S'il ne donne pas raison à ceux qui pensent qu'il est et sera d'abord un « CDP-bis », ensuite qu'il servira de couverture à tous ceux qui ont des dossiers plus ou moins sales enfin, à partir des deux cas précédents, qu'il ne fera pas mieux que le CDP en matière de gouvernance. En tout cas, si les premiers responsables du MPP laissent faire, leur parti va connaître immanquablement les mêmes tares et commettre les mêmes erreurs que le CDP. Il ne faudrait pas s'étonner que les Burkinabè lui administrent, au moment venu, la même sanction, sinon pire. Aucune excuse ne sera acceptée.
Le fait de vouloir remporter coûte que coûte les prochaines élections présidentielle et législatives ne doit pas aveugler Roch et ses camarades au point de leur faire perdre de vue le nécessaire changement qu'ils doivent apporter, à partir de leur parti. Le plus important, c'est de faire comprendre aux Burkinabé qu'effectivement, « plus rien ne sera comme avant ». Dans tous les domaines, y compris celui du recrutement ou de l'adhésion des militants à un parti politique. En la matière, le MPP devrait donner l'exemple. C'est ce que les Burkinabé attendent de ses premiers responsables.
A moins qu'ils n'aient pas compris le fort message envoyé par les Burkinabè, notamment la frange jeune, à travers l'insurrection des 30 et 31 octobre derniers. Le peuple, lui en tout cas, n'est pas amnésique. Il s'en rappelle comme si c'était hier et ne voudrait pas que sa victoire serve à autre chose qu'aux objectifs pour lesquels il s'est battu : la justice, la répartition équitable des fruits de la croissance et la paix. A bon entendeur, salut !
Dabaoué Audrianne KANI