Dans une déclaration faite après les arrestations des dignitaires de l'ancien régime, l'Union pour le progrès et le changement (UPC) avait ouvertement dénoncé « des arrestations sélectives ». Plus tard, son président, dans une déclaration a justifié que ce qui vaut pour le « voleur noir » vaut pour le « voleur teint clair ». Autrement dit, Zéphirin insistait encore sur le fait qu'il faut mettre aux arrêts tous ceux qui ont des comptes à rendre et non s'acharner seulement sur des personnes bien ciblées. Au risque de donner une autre connotation à cette opération mains propres que, du reste, son parti a bien apprécié.
A la veille de l'insurrection populaire, alors que le MPP était déjà dans les villes et les campagnes pour expliquer la situation nationale, l'UPC a attendu après l'inhumation des martyrs pour sortir sur le terrain. Zéphirin Diabré en son temps avait parlé de « décence et de respect aux morts ». Quand le MPP justifiait que lui seul a connu 17 morts dans les rangs de ses militants au cours de l'insurrection, l'UPC parlait de révolution de tous les Burkinabé puisque, expliquait-il « il y a des Burkinabé qui n'appartiennent à aucune formation politique, mais qui sont sortis pour mettre fin au régime Compaoré ».
En attendant donc l'entrée en lice d'autres candidats tels que ceux du Congrès pour la démocratie et le progrès, de la Nouvelle alliance du Faso et des Sankaristes, Zéphirin et Roch livrent déjà le combat dont l'issue sera connue le 11 octobre 2015. Si entretemps, rien n'est venu perturber le processus de transition. On peut comprendre que ce combat soit engagé aussi tôt. Chef de file de l'opposition politique avant que Roch, Simon et Salif ne démissionnent du CDP pour rejoindre les rangs de l'opposition, Zéphirin Diabré a mené le combat de l'opposition qui a fait d'elle une véritable force capable de titiller le pouvoir. C'est donc sous son impulsion que l'opposition a joué son rôle au Burkina jusqu'à l'insurrection populaire. Avant que ceux que certains ont qualifiés néo-opposants n'arrivent. Arrivés donc dans les rangs, et après l'insurrection, ils se positionnent déjà comme les futurs gagnants des élections prochaines, présidentielle et législatives.
Ainsi, Zéphirin se voit déjà coiffé au poteau par ceux qui n'étaient pas au début du combat, mais qui ont su en profiter et qui risquent d'être les bénéficiaires après le 11 octobre. C'est donc tout à fait naturel qu'il n'accepte pas facilement de jouer les seconds rôles et engage les hostilités. En outre, sachant l'animosité politique que vouent les déchus du régime Compaoré pour les caciques du MPP, Zéphirin gagne mieux en leur faisant les yeux doux. Il a bien reçu la déclaration d'un membre influent du CDP qui disait que « même si nous ne serons pas roi, nous serons faiseurs de roi ».
Les choses ne font que commencer et seront de plus en plus intéressantes. Pourvu que les règles du jeu soient respectées.
Dabaoué Audrianne KANI
