Le CRAC : rénovateur ou déstabilisateur ?

| 29.01.2015
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Le CRAC : rénovateur ou déstabilisateur ?
© DR / Autre Presse
Le CRAC : rénovateur ou déstabilisateur ?
C'est enfoncer une porte ouverte que de dire que les maîtres à penser des manifestations violentes des 30 et 31 octobre 2014 souhaiteraient parachever leur œuvre en mettant tout en œuvre pour que le parti n'ait aucune chance de revenir aux affaires. Il ne leur suffit donc pas que le CDP ait perdu le pouvoir. Il leur faut aussi le liquider sinon dans sa totalité ou, à tout le moins, en le fractionnant en plusieurs morceaux. Au demeurant, Salif DIALLO, le premier vice-président du MPP l'a dit à la clôture de la convention des jeunes de son parti le weekend dernier : « il ne faut pas que des débris de l'ancienne majorité reviennent au pouvoir. Il faut poursuivre l'insurrection dans les urnes ».


En fait, le MPP tire froidement les enseignements de deux mois de pré-campagne qui lui font comprendre qu'il était loin et même très loin de ses objectifs. L'hémorragie attendue du côté du CDP n'a pas eu lieu, les bénéfices attendus de sa participation aux violences contre le pouvoir qui était en place n'ont pas été effectifs, l'image de pâle copie du CDP qui lui colle ne s'est pas estompée tout comme celle de partis des traîtres et des « has been », ... De même, les stratèges du MPP sont conscients que tous les autres acteurs de la Transition ne leur feront aucun cadeau. Il leur faut donc impérativement en finir avec le CDP et éviter par tous les moyens qu'il ne participe aux élections ou, à défaut, qu'il y aille extrêmement affaibli.

Obligé de se réorganiser pour compétir dignement aux prochaines échéances électorales, après la perte du pouvoir par la violence les 30 et 31 octobre dernier, l'ancien parti majoritaire doit faire face à une fronde d'une partie de sa jeunesse.

Regroupés autour d'un comité de réflexion et d'action pour le renouveau du CDP (CRAC), ces jeunes, une petite minorité (selon de nombreuses sources), ne veulent pourtant pas moins que pousser l'ancienne direction à la porte. Attitude pour le moins étonnante puisqu'un directoire a été créé pour gérer le parti jusqu'au prochain congrès ordinaire, projeté pour les mois à venir. Dès lors, Ali Badra OUEDRAOGO et ses camarades du CRAC agissent comme des francs-tireurs dont on se demande d'où viennent les moyens et le courage. Sont-ils vraiment des mousquetaires du renouveau ou des hommes liges d'autres militants aux ambitions inavouables, ou plutôt des pions d'acteurs extérieurs qui cherchent à faire imploser le CDP ? C'est la question que l'on se pose même au-delà du parti tant la manœuvre laisse perplexe.

Au cours d'une conférence de presse vendredi dernier, les animateurs de ce fameux comité de réflexion et d'action pour le renouveau a voulu lâcher sa bombe d'insurgés, preux chevaliers de la refondation du CDP. Ce fut en réalité un pétard mouillé de formules empruntées du genre « plus rien ne sera comme avant », « les jeunes ont pris leur responsabilité », « le centralisme démocratique ne favorise pas la démocratie interne au parti » etc. Ils vont jusqu'à se renier en accusant la Direction du parti de tous les péchés d'Israël reprenant à leur compte les injures des adversaires les plus acharnés du parti. Ces formules à la mode, ajoutées au fait que l'activisme fractionniste des frondeurs était connu depuis un certain temps, font qu'il n'y a point eu d'événement dans la sortie médiatique d'Ali Badra et compagnie. Tout au plus ont-ils amusé la galerie et confirmé qu'en fait de fronde juvénile, il s'agirait plutôt d'une gesticulation de marionnettes, destinée à troubler une reprise sereine des activités du parti majoritaire. Même les analystes les plus hostiles au CDP n'ont pas manqué de mots assez durs contre eux, ce qui dit tout en soi-même.

C'est enfoncer une porte ouverte que de dire que les maîtres à penser des manifestations violentes des 30 et 31 octobre 2014 souhaiteraient parachever leur œuvre en mettant tout en œuvre pour que le parti n'ait aucune chance de revenir aux affaires. Il ne leur suffit donc pas que le CDP ait perdu le pouvoir. Il leur faut aussi le liquider sinon dans sa totalité ou, à tout le moins, en le fractionnant en plusieurs morceaux. Au demeurant, Salif DIALLO, le premier vice-président du MPP l'a dit à la clôture de la convention des jeunes de son parti le weekend dernier : « il ne faut pas que des débris de l'ancienne majorité reviennent au pouvoir. Il faut poursuivre l'insurrection dans les urnes ».

En réalité, le MPP ne capitule pas dans sa volonté de voir rayer le CDP d'un trait de plume pour éviter de le rencontrer sur le terrain. L'échec retentissant de la manœuvre avec l'acte N°1 qui a consisté en sa suspension arbitraire et franchement idiote avec à la baguette le Premier ministre ZIDA et son ministre Denise BARRY ne semble pas refroidir ses ardeurs. C'est sur le CNT, par le biais des textes que celui-ci s'apprête à prendre, qu'il a jeté son dévolu pour atteindre ses objectifs en interdisant purement et simplement toute candidature du CDP aux futures élections. Cela a été tout l'enjeu de la fameuse convention des jeunes qui a accouché d'une recommandation très claire dans ce sens. Les dénégations du sieur Salif n'y font rien car on voit mal les structures des jeunes prendre une telle recommandation sans les orientations de la direction du parti.
En fait, le MPP tire froidement les enseignements de deux mois de pré-campagne qui lui font comprendre qu'il était loin et même très loin de ses objectifs. L'hémorragie attendue du côté du CDP n'a pas eu lieu, les bénéfices attendus de sa participation aux violences contre le pouvoir qui était en place n'ont pas été effectifs, l'image de pâle copie du CDP qui lui colle ne s'est pas estompée tout comme celle de partis des traîtres et des « has been », ... De même, les stratèges du MPP sont conscients que tous les autres acteurs de la Transition ne leur feront aucun cadeau. Il leur faut donc impérativement en finir avec le CDP et éviter par tous les moyens qu'il ne participe aux élections ou, à défaut, qu'il y aille extrêmement affaibli. L'analyse est objective : un CDP uni, solidaire et serein dans ses actions va faire très mal. Alors, il faut y semer le vent de la division pour décrédibiliser le parti aux yeux des populations.

Que des jeunes au sein d'un parti s'investissent à lui donner un second souffle est une bonne chose en soi. Cela est non seulement la preuve de leur engagement mais aussi celle d'une vitalité du parti à même de lui garantir une bonne implantation et un comportement dynamique au cours des campagnes électorales. Mais pour capitaliser ces atouts, encore faut-il de la discipline et de la cohésion. N'importe qui au sein du parti ne devrait pas décider qu'il faut faire ci, ou qu'il faut faire ça sur un coup de tête ou parce que dans son intime conviction cela peut paraître bon. Ali Badra OUEDRAOGO et compères n'ignorent pas ce B.A. BA de l'action militante au sein des partis politiques. D'où vient-il alors qu'ils s'érigent en donneurs de leçons, juges et partie, pour demander la démission du secrétariat exécutif national du CDP? N'est-ce pas trop présomptueux et insulter les autres militants ? Ils n'ont ni une base légale, ni aucune autorité, ni une légitimité quelconque pour exiger cette démission. On les aurait bien compris et leur aurait concédé toutes les bonnes intentions du monde, s'ils s'exprimaient dans les instances régulières prévues à cet effet : congrès, conseil national, session du bureau politique. En dehors de ces cadres organisés, on peut douter du caractère constructif de leurs critiques. Le CRAC a donc toutes les apparences d'un cheval de Troie financé par les maîtres à penser, spécialistes en dynamitage de partis adverses.

« Les reformes oui, la chienlit, non » ; la formule est du général De GAULLE au plus fort de la crise de mai 1968 en France. Elle fait désormais autorité, pour signifier que le besoin de changement, de renouveau ne devrait pas justifier l'instauration de l'anarchie et du désordre. De fait, les mouvements de refondation qui ont du succès dans la durée sont ceux qui sont conduits résolument dans l'ordre et la discipline et à l'intérieur des organes. Pas en francs-tireurs. A moins de 10 mois d'échéances électorales importantes et dans un contexte hostile, aucun parti ne peut prétendre gagner avec de la zizanie dans ses rangs.

Le directoire actuel de l'ex- parti majoritaire doit donc retenir de l'agitation du CRAC, le désir de reformes pour faire plus de places aux jeunes dans les instances décisionnelles du parti. Il faut donc rechercher les moyens de renouer langue avec les uns et les autres et être prêt à leur ouvrir la porte. Cela sans pour autant que ce geste soit une prime à l'indiscipline. Dans le même sens les frondeurs doivent s'y prendre mieux pour se faire entendre de la direction de leur parti que d'user d'accointances nocturnes avec ses adversaires les plus acharnés et de vouloir laver le linge sale en public.

Cheick AHMED
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