La première rentrée politique de l'Union pour un Burkina nouveau (UBN), effectuée le lundi 23 mars 2015, a donné lieu à des échanges nourris sur la situation nationale avec la presse. Face aux journalistes, le fondateur et président du parti, l'ancien ministre des Sports, le colonel Yacouba Ouédraogo, entouré de ses camarades du bureau exécutif national, a du faire face à une batterie de questions.
Le colonel « Yac », comme l'appellent certains, a-t-il eu sa disponibilité de l'armée pour s'engager en politique ? A quand l'annonce de sa candidature ? Faut-il démilitariser la vie politique ? Le président de l'UBN a-t-il définitivement tourné la page de l'ancien chef d'Etat, Blaise Compaoré, dont il est proche ? La situation politique actuelle est-elle rassurante ? Ce sont autant de questions, que les hommes des médias ont adressées au président de l'UBN.
Au sujet de la disponibilité de l'armée, le colonel « Yac » a révélé ceci : « Nous avons obtenu notre disponibilité depuis le 1er janvier 2015. Nous n'avons pas voulu faire du bruit autour, car il y avait aucune raison de le faire ». Libre de faire la politique, cet officier n'a pas encore prononcé officiellement sa candidature à l'élection présidentielle du 11 octobre prochain, alors qu'elle se précise. Là-dessus, il a affirmé : « Notre parti a ses règles. Dans les mois à venir, il y aura un congrès extraordinaire, qui va désigner le candidat de l'UBN ».
La démilitarisation de la vie politique, objet de débat en ce moment, ne laisse pas indifférent l'ancien ministre des Sports. Pour lui, la politique « appartient » à tous les citoyens, y compris les militaires. « Il va falloir qu'on règle définitivement cette question. Mais pour notre part, nous voulons montrer que le militaire en respectant la Constitution peut briguer un mandat électif.
Nous voulons donner l'exemple que l'on peut conquérir le pouvoir sans faire des veuves, en déposant la tenue », a –t-il argumenté. Ceux qui pensent que le colonel « Yac » maudit l'ancien président Blaise Compaoré, vont devoir déchanter. « Blaise Compaoré est un collaborateur pour nous, quelel que soit sa situation qu'il vit aujourd'hui. Si j'ai l'occasion de le voir, en tant qu'ancien collaborateur, ce serait avec plaisir.
On ne doit pas lâcher un collaborateur », a indiqué le militaire devenu politique. Tourner la page de l'ex-chef d'Etat importe peu, à l'entendre, l'essentiel étant d'ouvrir sa propre page. Pour autant, la situation politique actuelle ne rassure guère le patron de l'UBN. « Il y a des inquiétudes. Nous pensons qu'il y a des partis politiques qui tirent les ficelles et c'est dommage. Il faut qu'il y ait de l'équité entre les partis et nous pensons que les autorités de la Transition ont compris cela », a avancé le colonel « Yac ».
Le président de l'UBN a aussi évoqué d'autres sujets, tels l'inclusion, le Régiment de sécurité présidentielle (RSP) et sa mésentente supposée avec le premier vice-président du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), Salif Diallo. S'il a plaidé pour l'inclusion, le colonel « Yac » ne s'est pas rangée du côté de ceux qui veulent la dissolution pure et simple du RSP. « Ce sera une erreur que de démanteler le RSP, un corps d'élite à cause duquel le Burkina est respecté.
On peut donner d'autres missions à ce corps, mais pas le détruire », a opiné le président de l'UBN, non sans inviter les uns et les autres à attendre les conclusions des travaux de la Commission de réflexion mise en place à cet effet. Pour le cas Salif Diallo, Yacouba Ouédraogo n'a pas fait montre d'animosité. « C'est un homme politique que nous avons toujours respecté. Nous n'avons pas besoin de faire une polémique contre lui », a –t-il mentionné.
En introduction aux échanges, le président de l'UBN avait soutenu, que son parti, attaché à la social-démocratie, a trois fondements dans la conquête du pouvoir d'Etat : la paix, la cohésion sociale et le développement. Il a souligné que l'UBN, implantée du reste dans les 45 provinces du Burkina, n'a pas été créée pour mettre des bâtons dans les roues de qui que ce soit.
Ne se réclamant pas proche du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) ni du MPP, le colonel Yac a fait observer : « Nous sommes venus pour faire en sorte que les Burkinabè se réconcilient et qu'ensemble nous construisons le pays ».
Kader Patrick KARANTAO