Le CDP veut-il laisser le Burkina Faso dans le chaos?

| 11.07.2014
Réagir
Le CDP veut-il laisser le Burkina Faso dans le chaos?
© DR / Autre Presse
Le CDP veut-il laisser le Burkina Faso dans le chaos?
Dans les principes du top management, que les entreprises qui se veulent sérieuses appliquent, tous les 3 ans au moins, il est procédé à un renouvellement de l'équipe dirigeante au 1/3 au moins. Cette dynamique de renouvèlement de la direction a pour objectif de donner un nouveau souffle à la conduite des affaires. Les nouveaux arrivants, sur la base de l'expérience des prédécesseurs, conduisent l'entreprise avec leur savoir-faire. Cette dynamique de renouvellement peut se rapporter aux Etats. Pour cela, la durée des mandats présidentiels est de 5 ans, renouvelable une fois pour la plus part des pays. Les pays dont les constitutions consacraient les septennats ont tendance à les ramener à des quinquennats. C'est le cas du Sénégal actuellement.

Au Burkina Faso, le renouvellement de la classe dirigeante est une utopie. Au pouvoir depuis 1987 après l'assassinat du président Thomas Sankara, le président Blaise Compaoré a été élu en 1992, 1998, 2005 et 2010. En principe, 2015 marque la fin de son mandat et de son éligibilité, mais lui et ses partisans se démêlent pour prolonger son bail à la présidence du Faso malgré les nombreuses contestations. En 27 ans de pouvoir, les mêmes hommes sont toujours à ses côtés. Les mêmes têtes l'entourent. Il a promis de lutter contre la pauvreté avec le cadre stratégique de lutte contre la pauvreté.

Après 10 ans de mise en œuvre, ce programme a contribué à rendre les Burkinabè plus pauvres. Pensant pouvoir corriger le tir, il met en œuvre la stratégie de croissance accélérée pour le développement durable. Du côté des chiffres, le Burkina Faso enregistre des taux de croissance records mais dans le vécu quotidien des citoyens, rien n'a changé.

En 27 ans de pouvoir, c'est près de 3 générations de Burkinabé qui ont manqué l'occasion de proposer de nouvelles idées dans la gouvernance du pays parce que le régime Compaoré est au pouvoir, tissant des tentacules à telle enseigne que même la belle-famille de son frangin détient des parcelles de pouvoir.

La classe dirigeante actuelle semble saturée, essoufflée comme un bon footballeur au soir de sa gloire. A titre d'exemple, il faut que les travailleurs revendiquent violemment pour avoir gain de cause. Aucune anticipation sur les problèmes réels des compaorétriotes.

La situation est préoccupante parce que le président Blaise Compaoré ne restera pas éternellement au pouvoir, le CDP non plus. Quel sera le Burkina Faso après ceux-ci? Les signes (zodiaque ou horoscope chinois) prédisent un chaos.

La crainte d'une instabilité sociopolitique rend les investisseurs prudents. Il suffit de se renseigner du côté de la douane, des impôts et du trésor pour se rendre compte que le volume des investissements est en baisse depuis les manifestations et contre-manifestations autour de l'article 37. Ceux qui sont installés s'abstiennent d'investir, se contentant de gérer le quotidien en attendant de voir. Les potentiels investisseurs, qui avaient le Burkina Faso dans leur viseur, sont en train d'aller voir ailleurs. La Côte d'Ivoire serait leur destination privilégiée.

Pourtant, c'est sous la médiation du président Compaoré que ce pays a pu organiser des élections et retrouver sa stabilité. La Côte d'Ivoire fait des efforts pour attirer les investisseurs. Ce pays qui avait misé depuis des décennies sur le café-cacao met le cap sur l'exploitation des ressources minières comme le pétrole, l'or, le diamant, etc. Le Burkina Faso perd ses investisseurs au profit de ce pays, à cause de la volonté du CDP de pérenniser le pouvoir du présent Compaoré.

Comme quoi, prendre des décisions à but électoraliste en tenant compte des fins de mandats mène un pays vers le chaos.

Les Echos.net

Publicité Publicité

Commentaires

Publicité Publicité