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Le CDP n’a-t-il pas fait une mauvaise sortie ?

| 17.02.2015
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Le CDP n’a-t-il pas fait une mauvaise sortie ?
© DR / Autre Presse
Le CDP n’a-t-il pas fait une mauvaise sortie ?
Il est évident que lorsque l'on perd des avantages, on a envie de les retrouver tout de suite. C'est donc tout à fait normal que les « camarades » du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), après le « tsunami » des 30 et 31 octobre qui a emporté le régime du président Blaise Compaoré avec ses privilèges tentent de revenir sur la scène politique. Pour cela, comme ils veulent faire de l'adage qui dit qu'en politique, l'essentiel c'est le résultat car peu importe les moyens dont on se sert comme boussole pour y arriver. Bons ou mauvais ? C'est le résultat qui compte.


En effet, après les premières sorties du parti à Ouagadougou au cours de la 53e session de son Bureau politique national et quelques animations politiques dans quelques provinces, le premier constat est que les militants sont plus ou moins là. Autrement, le dispositif du parti à travers l'ensemble du pays est resté en place. Même si dans certaines zones il a été beaucoup fragilisé. Suffit-il de le réactiver pour conquérir le pouvoir perdu ? Si oui, dans quelles conditions cela peut-il et doit-il se faire ?

En quittant le CDP pour créer le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), les premiers responsables et les militants de ce parti n'avaient pas, et n'ont pas pour ambition d'avoir le CDP comme adversaire politique. Connaissant bien les méthodes, les forces et les faiblesses de ce parti, le premier objectif à atteindre est de le « liquider » proprement, le faire disparaître de la scène politique. Pour cela, il fallait commencer par le pilier du parti qui est le président Blaise Compaoré lui-même. Aujourd'hui que celui-ci n'est plus au pouvoir, il est indéniable que le parti a été amputé de son principal soutien, pour ne pas dire de son âme. Puis, la suspension dont il a été l'objet pendant les premiers mois de la transition n'a pas été pour lui permettre de revenir aussitôt au-devant de la scène politique.

Malmené de toute part, le parti devrait donc trouver la bonne formule pour revenir sur la scène s'il veut continuer à y jouer un quelconque rôle. Et cela commence par le discours à tenir face d'une part aux militants dont certains n'ont pas hésité à quitter le navire et d'autre part, face aux Burkinabè dont certains ne sont affiliés à aucun parti politique, mais qui prennent le CDP pour responsable de leurs difficultés quotidiennes. Ensuite, il y a des têtes et non des moindres que les Burkinabè ne voudraient plus voir, en tout cas pas de si tôt, sur la scène politique en train de jouer des rôles. Ces gens-là gagneraient à s'effacer discrètement quitte à revenir plus tard. En même temps qu'ils auront fait du bien à eux-mêmes, ils auront permis à leur parti de demeurer sur la scène politique.

Ils ne sont pas nombreux les partis politiques qui ont aussi duré au pouvoir et qui reviennent aussitôt au pouvoir après l'avoir perdu. Les exemples sont nombreux et très proches de nous. Il n'y a qu'à voir les difficultés qu'éprouve le Parti socialiste sénégalais (PS) pour reconquérir le pouvoir perdu après la défaite d'Abdou Diouf en 2000. En Côte d'Ivoire, le Parti démocratique de Côte d'Ivoire / Rassemblement démocratique africain (PDCI-RDA), est obligé de faire des alliances pour que certains de ses cadres soient au centre des affaires de l'Etat.

La scène politique est en recomposition, le CDP doit se recomposer de fond en comble. Pour cela, les élections prochaines ne doivent pas être une priorité. Il faut mettre le cap sur 2020. C'est plus raisonnable et respectueux des Burkinabè.

Dabaoué Audrianne KANI

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