Le CDP est-il vraiment sûr de sa majorité parlementaire?

| 13.09.2014
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Le CDP est-il vraiment sûr de sa majorité parlementaire?
© DR / Autre Presse
Le CDP est-il vraiment sûr de sa majorité parlementaire?
Les deux principales voies légales pour la modification de l'article 37 de la Constitution burkinabè sont le vote parlementaire et la consultation référendaire. A écouter ou à lire des fidèles du régime Compaoré, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), parti au pouvoir, peut modifier l'article 37 à travers l'un ou l'autre moyen avec succès.


Pourquoi le CDP tient-il coûte que coûte à organiser un référendum, s'il est vraiment certain de pouvoir rassembler les 3/4 du Parlement autour de son projet de tripatouillage constitutionnel?

Au-delà de son coût financier et des appréhensions qui planent toujours sur son probable impact sur le climat sociopolitique burkinabè, les résultats du référendum, comme toute élection, et surtout dans un contexte où les leaders traditionnels, sociaux et religieux ne portent pas le projet dans leur cœur, sont aléatoires. Les pros référendum veulent-ils passer par ce mode de large consultation pour prouver aux yeux des Burkinabè mais aussi du reste du monde qu'ils ont la caution du peuple? Ou, en réalité, sont-ils dubitatifs quant à une issue positive d'une tentative de faire passer le nouveau texte à l'Assemblée?

Certes, des commentaires partisans d'analystes dont le nom ou le pseudonyme suffisent pour savoir qu'ils ne peuvent jamais être objectifs quand ils évoquent le président Blaise Compaoré, essaient de convaincre que la majorité des 2/3 des députés est acquise par le CDP à l'issue d'une pétition parlementaire initiée par ce parti. Cette majorité nécessaire à une adoption du texte par les députés aurait été obtenue dans la dynamique de la préparation d'une proposition de loi portant modification de la Constitution par référendum par le CDP et ses alliés dans ce projet (lire aussi 2/3 des députés ne peuvent pas modifier l'article 37).

Tout porte à croire que le parti au pouvoir n'est pas assez convaincu de la fidélité de ses 70 députés et ceux des partis pros référendums membres du Front républicain ayant des élus nationaux. Sinon, pourquoi ne pas modifier l'article 37 à l'hémicycle pour économiser en campagne (avec tous les risques d'affrontements que l'on est en droit de redouter), en finances, en risque de récolter des voix défavorables dans les urnes?

Quelque chose cloche, en tout cas, dans cette confiance affichée par les partisans du tripatouillage de maîtriser le vote de l'Assemblée et leur entêtement à passer par la voie du référendum. Sont-ils conscients de l'abîme qui peut se creuser entre les résultats d'une pétition qui, elle, est écrite et porte tous les renseignements sur les adhérents qui pourraient ne pas révéler leur pensée profonde, et ceux d'un vote qui pourrait être secret? Qu'ils ne se fatiguent surtout pas à vouloir nous persuader de leur esprit démocratique en choisissant de consulter directement le peuple. Car, s'ils avaient effectivement le reflexe démocratique, ils se rendraient compte que leur projet est antidémocratique en ce sens qu'il vise l'intérêt égoïste d'une seule personne et d'un clan et non celui du peuple. De toute évidence, la voie du référendum est choisie parce qu'elle est plus susceptible de se prêter au trouble jeu de bourrage et autres vols d'urnes par lequel des politiques du Faso se sont déjà tristement illustrés. Tout est donc calculé par le locataire de Kosyam pour réussir son coup.

Tout ceci n'est que du saupoudrage, du maquillage, de la poudre aux yeux, du verni et tout ce qui ressemble à une parodie de démocratie.

JPS
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