Larlé Naba : Un tissu de contrevérités

| 19.05.2014
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Larlé Naba : Un tissu de contrevérités
© DR / Autre Presse
Larlé Naba : Un tissu de contrevérités
Le Larlé Naba a-t-il inventé une nouvelle coutume chez les Mossés ? On est en droit de le penser car chaque fois que le dépositaire de la culture et de la coutume moagha qu'il est fera le pitre à l'occasion des meetings de son parti (le MPP) – il semble que de nombreuses personnes font le déplacement pour ses prestations – il tracera davantage ce sillon tout en faisant revenir à l'esprit l'argumentaire qu'il a utilisé pour justifier ses prestations : le Mogho Naba dansant le Roch and Roll et cette question qu'il pose à la communauté nationale : Est-il oui ou non un «Nee Yalga» ? Nous le disions dans notre dernière édition, à force de revenir sur le sujet, ce qui s'impose, ce n'est plus qu'on l'ait ou non traité de «Nee Yalga» mais de savoir s'il en est un. Seule la réponse à cette interrogation va clore définitivement le débat et fera aussi rentrer dans nos mœurs ces deux lettres, N et Y. Un train en cachant un autre, notre NY ne voudra pas dire New York comme d'habitude mais «Nee Yalga». En attendant, poursuivons le procès qu'il nous impose malgré nous.

Comment ne pas revenir en arrière et vous conter cette interpellation d'une personne âgée pour laquelle « c'est vous qui l'avez tant et tant monté qu'il se croit autorisé de pendre le Mogho Naba en exemple pour se justifier. Mais c'est tout de même trop gros que le Larlé puisse dire : « le Mogho fait çà, donc moi je fais çi ! »

Le fait est qu'on voit difficilement le Larlé Naba assister désormais à un meeting de son parti sans faire le pitre, «surtout que ce n'est pas interdit et que même le Mogho Naba danse avec ses promotionnaires chez lui, c'est un fan du Roch and Roll» comme il le dit. D'ailleurs, le public serait en droit de réclamer qu'il preste, puisque ce public est entre autres venu pour cela car, comme le dit si bien l'intéressé, «quand je me suis levé, il fallait voir la joie du public». Donc si d'aventure il ne se lève pas, ce public sera en colère et le fera savoir.

Pendant qu'il y est, j'en connais qui sont prêts à lui faire d'utiles suggestions pour améliorer sa chorégraphie pour plaire davantage à son public. Il lui suffirait, à les croire, d'explorer un peu du côté des sulfureuses Madona et Lady GAGA pour remplir à lui tout seul un stade, ce qui ne ferait pas du mal à son mentor qui commence à se faire du souci avec les mobilisations squelettiques composées essentiellement de bambins qu'on lui propose depuis un certain temps.

Si vous ne l'avez pas remarqué, l'interview a été réalisée le 14 avril et n'a été diffusée que deux semaines plus tard (le 1er mai). C'est dire que c'est le genre d'interview bien travaillée qui passe de mains en mains, de correcteurs en correcteurs jusqu'à obtenir le ok pour la diffusion. Autant dire que rien n'y est dit ou écrit au hasard, d'où tout l'intérêt à lui accorder. Et nous l'avons souligné dans notre dernière édition, elle est truffée de contrevérités et de mensonges flagrants avec le double objectif de réécrire l'histoire dans le sens de donner au Larlé Naba et à son mentor, Roch Marc Christian KABORE, des statures qu'ils n'ont pas et de nuire à d'autres personnalités, notamment Blaise et François COMPAORE et à leur ancien parti, le CDP.

Le plus évident de ces mensonges est d'avoir déclaré qu'il était membre fondateur de l'ODP/MT et de le préciser en ces mots «.... J'étais à la création de ce parti en avril 1989...». Archifaux, car à l'Assemblée générale constitutive de l'ODP/MT tenue dans la nuit du 15 avril 1989 au secteur 15 de Ouagadougou, il n'y avait que les membres de l'Union des Communistes Burkinabè (UCB) et la Fraction militaire. Or Victor TIENDREBEOGO n'était pas membre de l'UCB encore moins de la Fraction militaire et ne pouvait donc pas être présent à cette réunion. Le lendemain de sa création, c'est-à-dire le 16 avril 1989, l'ODP/MT sera rejointe par une fraction du GCB avec Salif DIALLO, qui s'est détachée du GCB le 10 avril et du PLP de Simon COMPAORE et Moïse TRAORE qui avaient quitté l'ULC le 4 avril. Des vagues successives de militants de ce parti adhéreront à la nouvelle organisation unitaire les 21 et 30 avril. C'est le 29 septembre, soit plus de cinq (05) mois après la création de l'ODP/MT, que Roch Marc Christian KABORE et certains membres de l'ULC-R le rejoindront après l'échec d'une AG tenue le 24 et devant décider de la dissolution de ce parti et son intégration entière à l'ODP/MT. Donc même Roch Marc Christian KABORE, le mentor du Larlé Naba, ne peut pas prétendre être membre fondateur de l'ODP/MT. Bien pire, ce dernier n'était même pas sur la liste des militants avec lesquels Roch y est venu.

En réalité, le Larlé Naba a adhéré à l'ODP/MT à la faveur de la décision stratégique de la 3e Conférence Nationale des Cadres de ce parti qui a préconisé la ligne de masse, c'est-à-dire son ouverture, lui, qui était exclusivement constitué de communistes, à tous ceux qui partageaient les idéaux de la Révolution. Il s'agissait évidemment de se préparer pour les élections à venir.

Nous sommes même en mesure de lui dire sur quelle liste il a été intégré et que son mentor, Roch Marc Christian KABORE, n'a strictement rien à y voir. S'il tire une fierté à sa légende «je suis venu à la politique grâce à Roch Marc Christian KABORE» et patati et patata, libre à lui. Il y a effectivement des gens comme ça, ils n'existent que grâce aux autres. C'est d'ailleurs ce qui transparait de sa relation de sa première élection comme député du Kadiogo.

C'est clair, il ne décrit pas les faits tels qu'ils se sont produits lorsqu'il déclare : «il faut rendre à César... je ne suis pas un universitaire...» De deux choses l'une ; ou monsieur est amnésique auquel cas il aurait dû s'abstenir de dire n'importe quoi pour se donner de l'importance et jouer un rôle qu'il n'a pas joué, ou alors il est de mauvaise foi et veut travestir les faits. Si au bout du processus la «volonté du président Blaise COMPAORE» a été déterminante dans sa désignation comme candidat, il n'en a été ni l'initiateur ni celui qui «a dit à Roch KABORE qu'il souhaitait que je sois candidat à la députation» comme il l'affirme. Cette manière de présenter les faits, qui fait du président l'alpha et l'oméga de toutes les décisions, est une véritable arnaque sur laquelle les anciens caciques du CDP ont fondé leur pouvoir. Pouvoir fait d'un véritable trafic d'influence se résumant très souvent en des expressions du genre : «le président a dit» ; ou encore «je vais voir le président» ; «le président m'appelle», etc. Ils sont nombreux actuellement au MPP, très coutumiers du fait et qui ont pollué le militantisme au CDP par ce clientélisme et ses mensonges grossiers. Ceux qui connaissent Blaise COMPAORE savent qu'il ne «fonctionne» pas ainsi, puisqu'il accorde une grande confiance en ses collaborateurs et surtout aux structures. Pour ce cas précis, il n'a pas dérogé à ses règles et c'est la Délégation Spéciale du Kadiogo de l'ODP/MT qui a, en premier ressort, décidé de la liste des candidats du parti aux législatives de 1992 pour ce qui est de Ouaga. Au nombre des critères qu'elle avait édictés pour se donner le maximum de chances de réussir, elle se proposait d'avoir au moins : un commerçant, un paysan, une femme, une représentation des structures du parti (section ou sous-section de la délégation)..., un représentant de la chefferie coutumière, etc. C'est à ce titre que le Larlé Naba a été retenu et une délégation est allée nuitamment en son palais lui porter l'information. L'actuel Secrétaire à l'Organisation du MPP, M. Salfo TIEMTORE, membre de ladite délégation à l'époque, pourrait le confirmer. Le Larlé Naba, qui a chaleureusement non sans quelques appréhensions reçu la nouvelle, s'est inquiété de savoir si le Mogho Naba dont il est le ministre avait été informé et s'il avait donné son accord, puis a demandé l'autorisation de requérir les conseils d'un ami auquel il devrait son entrée en politique et auquel il ne cacherait rien. Sur le premier point, des assurances lui ont été données et sur le deuxième, il lui a été dit que ledit ami, qui n'était autre que Roch Marc Christian KABORE, étant membre de la direction nationale du parti, quoique non informé du choix des structures du Kadiogo, ne pouvait qu'acquiescer. Sur ces entrefaites, la délégation est repartie avec son accord. Voilà la vérité ; simple, claire, sans les artifices qui font la beauté des légendes. Il n'y a donc pas de «Blaise qui a dit à Roch» dans cette affaire.

Il est vrai que, par la suite, la liste des candidats a été fortement chahutée et que certains n'y sont restés que par la volonté du président qui a soutenu le respect des choix des structures à la base contre la guérilla de certains caciques, tous au MPP actuellement (nous pouvons citer leurs noms), qui voulaient la traficoter pour s'y imposer. La Délégation spéciale n'a pas non plus ménagé ses efforts pour faire respecter les choix des structures et certains devraient, à défaut de la reconnaissance pour avoir contribué à faire d'eux ce qu'ils sont devenus, lui en savoir gré et avoir la décence de ne pas travestir l'histoire. Cela d'autant plus que cette Délégation spéciale a été par la suite convoquée et vertement tancée par la hiérarchie coutumière qui lui a reproché sa désinvolture pour s'être arrogé le droit de choisir dans la Cour du Mogho Naba un représentant de la chefferie coutumière et de surcroît d'avoir choisi un blanc-bec qui avait tout à prouver. Il faut reconnaître que la séance n'a pas été des plus amicales et simples et le Larlé Naba devrait être un peu plus modeste. Il a fallu plus d'une pirouette pour sauver la face. Le Larlé Naba ne peut donc pas dire aujourd'hui : «j'étais le seul engagé derrière Blaise COMPAORE...» C'est archi faux ! Point n'est besoin de descendre dans la boue avec lui sur le sujet avec ses allusions perfides. Il a déjà fort à faire pour se dépêtrer de ses propres turpitudes pour en rajouter.

En effet quand un citoyen a le courage d'affirmer publiquement «...on fait une pression morale et économique sur moi...» parce qu'il ne paie pas les factures d'électricité de la maison où dort sa propre mère jusqu'au point où l'on peut le plus légalement du monde arracher le compteur de celle-ci, c'est tout dire. Certains se seraient fait tout petit, alors que là, toute honte bue, monsieur estime être lésé. Point n'est besoin d'épiloguer davantage sur le sujet. Chacun a de quoi forger son opinion sur la question principale en débat. La suite dans nos prochaines éditions.

Source : L'Opinion N°864 du 14 au 20 mai 2014

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