En guise d'introduction à cette conférence de presse, Me Bénéwendé Sankara a planté le décor en annonçant le report de l'installation de la direction nationale de campagne de l'UNIR/PS qui devait avoir lieu aujourd'hui même dans l'après- midi. Cette décision est justifiée par les derniers développements de l'actualité nationale, marquée par la crise ouverte entre le RSP et le Premier ministre, Isaac Zida. Comment parler de campagne électorale dans un tel contexte ?
Pour le président de l'UNIR/PS, à seulement trois mois des élections, le RSP tend à remettre en cause des acquis issus de l'insurrection populaire. Quand le margouillat veut se coudre un pantalon, c'est qu'il sait où mettre sa queue. Créé en novembre 1996 en remplacement du Centre national d'entraînement commando (CNEC), le RSP est une armée dans l'Armée, et sa hiérarchie voue toujours une loyauté et une fidélité totales à Blaise Compaoré.
«Le RSP défie la République, il a le pouvoir d'interrompe un conseil des ministres quand il le veut. Non, ce n'est pas un contre-pouvoir mais une gangrène qui attaque le tissu social et nécrose la démocratie dans notre pays. C'est une puissance militaire concentrée entre les mains d'un régiment logé à Kosyam». Cette triste réalité, toujours selon l'animateur de la conférence de presse, s'explique aussi par la collusion entre le RSP, des partis politiques et des associations proches de l'ancienne majorité qui revendiquent le départ du PM et de son gouvernement.
L'UNIR/PS tient à rappeler aussi bien à l'opinion nationale qu'internationale que le pouvoir issu de la Transition est un pouvoir exceptionnel dérogatoire de la Constitution et que les organes issus de cette transition sont le résultat d'un compromis politique, voire d'un accord politique, y compris la désignation du Premier ministre et des membres de son gouvernement. En outre, le PM, quoique militaire, a été choisi sur la base d'un accord signé par l'ex-CFOP.
Pour le leader de l'UNIR/PS, à l'analyse on peut dire qu'Isaac Zida a perdu la confiance de son corps d'origine en posant des actes qui font que l'étau se resserre autour de ses compagnons d'armes ; les preuves sont, selon l'avocat, palpable. Il s'agit : de la réouverture du dossier Norbert Zongo, de l'ordre de poursuites dans l'affaire Thomas Sankara, de la traque des grands débiteurs de l'Etat et l'éventuelle mise en accusation des dignitaires de la IV e République.
L'UNIR/PS s'oppose à toute tentative de changement du Premier ministre ou de quelque membre du gouvernement, réaffirme son soutien inconditionnel aux organes de la Transition, exige le respect du calendrier électoral, appelle à la vigilance du peuple et l'invite à se tenir prêt à répondre à tout éventuel mot d'ordre pour le parachèvement de la révolution.
Jean Stéphane Ouédraogo