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L’autre regard : La guerre des stades

| 19.06.2014
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L’autre regard : La guerre des stades
© DR / Autre Presse
L’autre regard : La guerre des stades
L'actualité politique au Burkina Faso se résume ces temps-ci, à l'organisation de meetings, afin de galvaniser les militants par des discours et préparer le scrutin présidentiel de 2015.
Au niveau international, les réseaux se tissent, les structures s'installent progressivement puisque la diaspora prendra part pour la première fois à l'élection du président du Faso. L'échéance électorale de 2015 est fondamentale. Elle a déclenché une course effrénée des politiques à la recherche de la popularité avec succès pour espérer briguer un mandat à la tête de la magistrature suprême au «pays des Hommes intègres». Au menu des préparatifs, l'heure est aux grands rassemblements. Dans cette lutte de mobilisation pour démontrer leur popularité et leur capacité à mobiliser, les partis politiques font recours à un nouvel instrument de mesure : les stades. Ces cuvettes sportives sont devenues de véritables unités servant à mesurer et à quantifier les compétences en termes de mobilisation. Pour tester son poids dans la balance politique, les formations politiques usent de ces lieux pour se faire une idée du monde qu'elles peuvent drainer. Du côté de l'opposition comme du parti au pouvoir, les grandes manifestations des militants et sympathisants ne se font plus désormais à l'air libre comme à l'accoutumée mais plutôt dans les gradins des infrastructures sportives. Stade du 4-Août, palais des sports, stade Sangoulé-Lamizana, etc. La preuve, le 21 juin prochain, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) envisage une rencontre populaire avec ses militants des 13 régions, au stade du 4-Août à Ouagadougou. Mais avant le parti au pouvoir, les partis de l'opposition avaient, dans les jours précédents, testé leur capacité de mobilisation dans les mêmes enceintes. Les stades sont devenus des endroits où on teste sa force de frappe. Jusque-là, tout se passe bien. On peut donc saluer les efforts des organisateurs ainsi que l'accompagnement des forces de l'ordre. Malgré ces efforts, des inquiétudes demeurent. Les rencontres vont grandissant et au fur et à mesure que l'on avance vers la présidentielle, les militants sont de plus en plus excités et déterminés à vaincre le camp d'en face. Les rassemblements vont se multiplier et se succèder davantage au fil du temps. Les mesures de sécurité sont-elles adaptées ? Dans cette soif de «remplir recto verso», on se demande si le nombre de places dont disposent ces stades sera toujours respecté par les organisateurs. Etant donné que dans d'autres cieux, des manifestations semblables ont viré à la tragédie. Il y a lieu donc de prendre des précautions. Car, «Celui qui oublie le passé est condamné à le revivre», dit-on. Et l'on a encore en mémoire que des stades se sont transformés en pièges mortels en Afrique. La grande bousculade survenue devant des entrées d'un stade d'Abidjan dans la nuit du 31 décembre 2012 et qui a coûté la vie à une soixantaine de personnes qui s'y étaient rendues pour assister aux feux d'artifice du nouvel an, marque encore les esprits des Ivoiriens. Avec ces meetings qui se multiplient dans les cuvettes, il y a lieu d'interpeller les organisateurs. Même si de part et d'autre, des mesures de sécurité sont mises en place, il est tout de même important de savoir que le risque zéro n'existe pas. Et il faut songer à sensibiliser davantage les militants au respect des dispositions sécuritaires car, comme le disait le philosophe Jean-Paul Sartre, "l'homme est tel qu'il se sera fait". La foule étant folle, il convient d'interpeller les responsables des partis politiques à être plus regardants sur le volet sécurité. Que les comités d'organisation travaillent en collaboration avec les forces de sécurité (gendarmerie, police) afin d'assurer le bon déroulement des activités. Des femmes, des jeunes, des enfants et même des bébés prennent part à ces manifestations. C'est dire combien il est impératif d'ouvrir un œil attentif sur l'effervescence de ces grands rendez-vous qui prennent désormais possession des sphères, jadis réservées au sport.

Wanlé Gérard COULIBALY

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