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Koudougou : Le MPP à l’offensive

| 17.02.2014
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Koudougou : Le MPP à l’offensive
© DR / Autre Presse
Koudougou : Le MPP à l’offensive
Le dernier-né des partis politiques du Burkina, le Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP), a créé la sensation lors de sa première apparition à Koudougou par une impressionnante mobilisation. En effet, la salle de conférences des enseignants du Boulkiemdé a refusé du monde, pleine à craquer qu'elle était, à l'occasion de la première prise de contact du parti de Roch Marc Christian Kaboré avec les militants de la région.

A l'appel des responsables régionaux du MPP, les militants et sympathisants de Koudougou, renforcés par des délégations venues des autres communes de la province du Boulkiemdé de ce parti créé par les démissionnaires du CDP, ont répondu massivement présent. Dans une salle chauffée à blanc où fusaient des slogans, des invectives et le désormais cri de ralliement et de mise en garde «heeiii !», les échanges ont duré plus de trois heures. Il a fallu à un certain moment que le point focal régional du parti, Seydou Zagré, ancien maire de Koudougou, prenne la résolution de mettre fin à la rencontre, malgré la kyrielle de participants qui demandaient à intervenir. «Il faut que nous nous quittions en ayant encore envie de nous revoir. La rencontre a beaucoup duré et quand on parle, on doit avoir pitié de ceux qui écoutent», insiste Seydou Zagré face à ceux qui insistaient pour prendre la parole.

Il était 13h passées. Face aux militants et sympathisants, un présidium des plus fournis où trônaient, entre autres, outre Seydou Zagré, Dieudonné Marie Yaméogo, point focal provincial du parti à Ouagadougou et Marcellin Noraogo Yaméogo, point focal provincial, ancien maire de Koudougou et, lui, démissionnaire de l'UNDD. Le plus grand «discoureur» a été le patron régional du MPP, Seydou Zagré. Longuement, il a fait l'historique de leur militantisme respectivement au sein du CNR (Conseil national de la révolution), du Front populaire, de l'ODP/MT et enfin du CDP. Il a dénoncé la déviation de l'actuelle équipe dirigeante du CDP, aggravée par sa volonté affichée de mise en place du Sénat, de modification de l'article 37 afin de garantir une réélection de Blaise Compaoré en 2015. Il a aussi évoqué la récupération du CDP par la FEDAP/BC et la mise à l'écart de ses premiers fondateurs.

«Si vous flanchez, vous signerez notre mort»

«Nous nous sommes battus au sein du CDP pour faire changer les choses. Hélas ! Nous ne nous retrouvions plus dans les nouvelles orientations et dans ce cas de figure, il était mieux que nous quittions», confie Seydou Zagré. Il a également donné les raisons de la création du MPP, disant qu'il s'agit pour eux de rejoindre le peuple et des partis de l'opposition réunis autour du Chef de file de l'opposition politique (CFOP) dans leur combat pour l'instauration d'une véritable démocratie dans notre pays, pour le respect de la Constitution et contre un règne à vie à la tête de la nation. Seydou Zagré a confié que des démarches sont faites auprès du CFOP et du front social en vue d'élargir les perspectives de lutte. Lui succédant, Dieudonné Marie Yaméogo a prévenu que le MPP veut des militants convaincus et convaincants. «Dites-moi, mes frères et sœurs, qu'est-ce que l'article 37 a pour qu'on veuille le modifier ? Ne nous laissons pas mener à l'abattoir. Il y a des concessions qu'on ne doit jamais faire.

Et est de celles-là la transition dont parlent certains», clame Rakiéta Yaméogo, seule femme au présidium. Les militants n'ont pas été avares en questions, remarques ni suggestions. «Nous payons déjà les frais de notre engagement au MPP. Vous n'avez pas le droit de reculer. Si vous flanchez ou si vous vous laissez berner, vous signerez notre mort», prévient les responsables du MPP un militant (un fonctionnaire). Le président de l'opposition politique du Boulkiemdé, Augustin Kabré, invité à la rencontre, s'est réjoui de la naissance de ce nouveau parti, estimant que la démission de Roch et Cieva permettre de mettre fin aux envies d'un pouvoir à vie de Blaise Compaoré. «Norbert Zongo avait prédit que la vraie opposition viendrait du CDP et si on voit les départs de grandes figures de ce parti, on ne peut que reconnaître l'exactitude de sa vision», fait remarquer un intervenant. Du reste, une minute de silence a été observée à la mémoire du supplicié de Sapouy.

Dans les coulisses

RSS reclamé :

Au début de l'assemblée, certaines personnes ont réclamé avec insistance le trio, Roch, Salif et Simon. Ils souhaitaient que ce soit ce trio qui conduise les débats. Mais très vite, la délégation conduite par Seydou Zagré, très en verve, a tenu la comparaison et fait oublier les trois stars du MPP.

Bon vent à vous :

Des partis de l'opposition politique du Boulkiemdé ont répondu à l'invitation des responsables locaux du MPP et ont assisté à la rencontre de bout en bout. Le président de l'opposition politique de la province, Augustin Kabré, a même souhaité bon vent au nouveau parti et a invité ses créateurs à garder le cap et à mener le combat auprès du peuple.

Un renfort de chaises :

La forte mobilisation des militants et sympathisants a-t-elle été au-delà des attentes des organisateurs ? En tout cas, ils ont dû, juste avant le début de la rencontre, faire appel à un renfort de chaises afin de donner un peu de confort à tous les militants. Mais peine perdue certains ont dû rester débout. D'autres même ont suivi les échanges scotchés aux fenêtres. La salle, pourtant spacieuse, s'est avérée, à la fin, exiguë, tant il y avait foule.

Un orateur nommé Seydou Zagré :

Maniant à la perfection le mooré, le point focal du Centre-Ouest du MPP, Seydou Zagré, dans un style propre à lui, imageant ses propos de proverbes, a pris 42 mn pour expliquer en long et en large les raisons de leur démission du CDP et les objectifs du MPP.

Liberté d'expression à outrance :

Rarement, dans une assemblée générale d'un parti politique, on a accordé une totale liberté d'expression à l'assistance. Pourtant, c'est ce qui s'est passé avec la première sortie du MPP à Koudougou. Pas de sujets tabous, feu à volonté ! Les participants s'en sont donné à cœur joie, mêlant félicitations aux mises en garde, critiques et recommandations sans oublier les questions plus ou moins osées. Un participant a même exigé et obtenu une minute de silence pour Norbert Zongo, dénonçant la passivité des démissionnaires lors de l'assassinat du fondateur du journal«L'Indépendant».

Cyrille Zom

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