Si on s'en tient aux débats féroces qui ont lieu présentement autour de la question du référendum, ce parti a quand même pris sur lui de pouvoir écouté tous les messages qui y seront délivrés.

Ce n'est pas mal. Ce fut cependant au dessus des forces des militants de l'UPC de laisser parler librement le représentant du parti au pouvoir, comme si elle ne se doutait pas que toutes les paroles prononcées ne siffleraient pas un bon son à ses oreilles.

C'était un risque à prendre et elle a choisi de courir ce risque pour au bout, ne pas l'assumer... Forcément, cette intolérance, cette incapacité à accepter qu'il puisse y avoir dans notre démocratie des sons divergents, des idées aux antipodes des nôtres pose un vrai problème.

D'abord, qu'on court le danger des extrémismes, de ces militants prêts à tout pour instrumentaliser les honnêtes citoyens dans le dessein d'en découdre.

Ensuite, que malgré près d'un quart de siècle de démocratie, on en soit toujours à ne pas accepter que la politique est une confrontation d'idées et qu'elle est en conséquence un lieu d'acceptation de l'autre et de sa différence, c'est désespérant.

Certes, bien souvent, on veut se lever et crier très fort que l'autre est énervant et emmerdant et qu'il serait bien qu'il aille voir ailleurs. On sait pourtant qu'il faut plutôt avoir la force de s'asseoir et de l'écouter courageusement, car c'est là la meilleure attitude à avoir.

Pourquoi  ? Pour mieux descendre pièce par pièce ce qu'il avance ou propose comme idée ou théorie. Comment peut-on faire triompher son point de vue, si on ignore le point de vue de l'autre  ?

C'est une simple question de bon sens. Même si l'idée du référendum, puisque c'est elle qui a valu à Mahama SAWADOGO le courroux de l'UPC, est contraire à l'idée que se fait ce parti de la résolution d'une question à débats, elle est et reste la conviction d'une partie des Burkinabè.

Quelqu'un dirait alors qu'un Burkinabè égale un Burkinabè, chacun est libre de penser ce qu'il veut et comme il le veut. Le tout est qu'il l'exprime en s'alignant sur les lois de la République. L'UPC l'a invité et a autorisé son message.

Il a donné droit à votre invitation et il a dit ce qu'était son message. La seule chose alors à faire était de l'écouter. Malgré tout, on n'ose pas croire qu'il fut invité pour être empêché de parler et pis, pour être hué. Ce n'est pas civilisé, même si de par cette invitation, certains vont conclure qu'on fait des pas en avant

Souleymane KONE

Par : L'Hebdomadaire du Burkina N°787 du 27 Juin au 03 Juillet 2014