Intervview : Situation nationale: «la société civile burkinabè prendra ses responsabilités si…»

| 20.06.2014
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Intervview : Situation nationale: «la société civile burkinabè prendra ses responsabilités si…»
© DR / Autre Presse
Intervview : Situation nationale: «la société civile burkinabè prendra ses responsabilités si…»
Arouna Sawadogo est le président du Réseau Ouest Africain pour l'édification de la paix /Burkina, une ONG, et de «Le Tocsin», une association de la société civile burkinabè. Au regard de l'actualité politique nationale, il dit être inquiet et invite le président Blaise Compaoré à prendre la décision qui convient quant à la tenue d'un référendum. Il fait également une analyse de la situation en RDC et fait des propositions aux Nations-Unies, à travers cette interview accordée à Fasozine.

Fasozine: quelle lecture faites-vous de la situation politique actuelle au Burkina ?

Arouna Sawadogo: En tant que société civile, notre lecture sur la situation politique actuelle est claire: il faut que le président du Faso prenne la mesure de la situation. J'ai parcouru la Constitution du Burkina Faso et il y est dit effectivement que lorsque le peuple ne s'accorde pas sur un sujet donné, le président a le droit de faire recours au référendum. Cela dit, il faut faire attention : un collège des sages a été convoqué alors qu'une crise secouait le Burkina Faso à préconisé la limitation des mandats présidentiels. C'est à partir de cette consultation qu'il a été dit que désormais, c'est un mandat de cinq ans renouvelable une fois. Nous croyons savoir que le président Blaise Compaoré a souscrit à cela. Mais pourquoi vouloir changer les choses maintenant, alors qu'une partie du peuple ne veut pas ? Forcer pour rester n'est pas conseillé. L'exemple de la Côte d'Ivoire est édifiant. Lorsque la loi sur la nationalité avait été votée et que le peuple est descendu deux semaines après dans la rue, cette loi a été annulée. Il faut donc faire attention.

Avez-vous aujourd'hui des inquiétudes en tant que société civile ?

La société civile a aujourd'hui des raisons d'être inquiète. Les partis politiques vont de meeting en meeting, de marche en marche. L'opposition qui veut remplir les stades, après c'est la mouvance, ainsi de suite. Il y a un adage chez nous qui dit que quand l'âne veut te faire tomber, tu ne vois pas ses oreilles. Et c'est comme cela que cela commence et après, la situation dégénère. La solution est entre les mains du président du Faso. Il faut qu'il prenne la bonne décision et qu'il calme les siens.

En quoi faisant selon vous ?

Il y a des cadres au Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, parti au pouvoir), qui peuvent valablement se présenter à la présidentielle. Il n'est pas le seul intellectuel de son parti. Le président peut aider le candidat du CDP à accéder au pouvoir et pourquoi pas l'aider à gouverner le pays. Mais dans tout ce débat, nous ne pouvons que prodiguer des conseils en tant que société civile. Mais si la classe politique ne veut pas écouter, il est possible que nous fassions comme dans d'autres pays où la société civile prend ses responsabilités. Ce que je ne souhaite pas pour notre pays.

On rencontre pratiquement les mêmes problèmes sur le continent...

En Afrique, quand on pose la question de savoir quelle est la personnalité la plus importante dans un pays, on vous répondra que c'est le président de la République. Alors que la personnalité la plus importante dans un pays est le citoyen de ce pays. C'est par exemple la conception des autorités américaines, qui ne badinent pas avec la vie de leurs concitoyens. Le citoyen lambda ne doit pas se sentir en danger. Ce qui se passe en République démocratique du Congo par exemple est inhumain. Je condamne les Européens pour certains actes qu'ils commettent souvent, peut être sans le savoir. Et nous pensons que les Nations-Unis doivent prendre une charte pour mettre fin à cela. Parce que lorsqu'il y a problème en Afrique, ils sont les premiers à venir chercher leurs ressortissants.

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