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Dieudonné Sawadogo, député de l`Organisation pour la démocratie et le travail (ODT)
Nous avons constaté ces derniers temps, un rebondissement de l'affaire ODT qui vous oppose à votre ancien président, Moïse Sawadogo. Qu'en est-il exactement ?
Je parle en tant que vice-président du parti, mais pas en tant que député. Je m'excuse auprès de mes frères du parti, puisqu'on avait pris la décision de ne pas suivre le mouvement d'une tierce personne. Mais comme ça persiste du côté de l'ancien président, je vais me permettre de faire un petit résumé de la situation. Quand vous parlez de rebondissement, je ne pense pas qu'il en soit ainsi. Ce n'est qu'une suite logique. Moïse nous a trimbalés devant deux tribunaux dont celui de grande instance, sur la question des signatures dont il parle actuellement. Il a été débouté à la justice au mois de mai dernier. Maintenant s'il revient là-dessus, nous ne savons pas ce qu'il veut. Si la décision de justice est tombée, nous ne pouvons pas la remettre en cause. Cette situation est donc réglée et la page est tournée.
Et la justice dans cette affaire ?
L'autre problème est qu'il s'attaque au Ministère de l'administration territoriale et de la sécurité, de nous avoir délivré le récépissé. Comme nous l'avons dit auparavant, nous n'avons pas de commentaire pour l'instant, parce que le problème est toujours en justice. S'il se reproche beaucoup de choses, qu'il continue avec son tapage. Nous comprenons ses agitations. Comme il connaît que le verdict de la justice va tomber ce 11 septembre, il tente d'influencer cette décision. Je pense que la justice sait ce qu'elle fait. Il y a eu une lettre ouverte qui a été adressée au président du tribunal administratif dans laquelle Moïse et ses camarades accusent le ministre de l'administration territoriale et de la sécurité d'avoir forcé la main d'une de ses directrices de nous délivrer le récépissé. Dans cette même lettre, il fait savoir que suite à son entretien avec le ministre de la justice, ce dernier lui a fait savoir que la justice était corrompue. Pensez-vous que cela est responsable ? Nous à notre place, nous avons confiance en notre justice. Maintenant, s'il a sa considération personnelle de ce qu'est la justice, c'est son problème. Nous lui avons juste fait des reproches sur la manière dont il gère le parti. Je préfère ne pas aller dans les détails, puisqu'une conférence de presse sera organisée à cet effet.
Ne voulez-vous pas lui confisquer le parti ?
Moïse est en train de narguer les gens que c'est lui qui a créé le parti. Nous allons vous montrer les documents, à la conférence de presse. Vous verrez qu'il était le secrétaire chargé des relations extérieures du parti. Pourquoi créer un parti et occuper ce poste, au détriment de celui de président? Il y a un paradoxe. Ce n'est pas lui qui a créé le parti. Nous connaissons bien ceux qui l'ont créé. Il se reproche vraiment quelque chose, sinon il aurait dû répondre à l'appel de la justice, suite à notre plainte relative à sa mauvaise gestion du parti. Notre plainte a été déposée auprès du procureur du Faso qui l'a transmise à la gendarmerie de Nongr-Massom. Il a été interpellé et il a refusé de s'y rendre. C'est entre autres preuves qui témoignent qu'il refuse de répondre de ses comportements. Mais lorsqu'il nous a convoqués auprès des tribunaux, nous y sommes allés pour répondre.
Moïse vous reproche de faux et usage de faux. Pouvez-vous nous en parler davantage ?
S'il se dit aujourd'hui qu'il y a un maire qui dit ne pas reconnaître sa signature sur le procès verbal du congrès, pourquoi ce dernier et ses conseillers n'ont pas joint leur plainte à la sienne ? C'est maintenant que ces gens disent qu'ils n'ont pas signé. Avec le mouvement politique actuel, peut-être que ces gens veulent expressément aller ailleurs. Ils ne peuvent donc pas parler du bien du parti. Sinon, ce sont bel et bien des gens qui ont été au congrès. Sur la question des signatures, je ne reviendrai pas en arrière. La justice a tranché et le dossier est clos. Si je me permets de revenir sur le problème avec la presse, la justice risque de nous reprocher quelque chose. C'est elle qui connaît mieux que nous. Je préfère me rallier à sa décision.
A l'instant (matinée du 6 septembre 2014) Moïse tient une conférence de presse au siège du parti. Les locaux sont toujours sous sa garde ?
Moïse ne tient pas sa conférence de presse dans les locaux du parti. Il est rentré dans les bureaux du siège, il y a environ plus d'une année. Il n'a plus accès au siège. C'est dans un complexe qui est à côté du siège et dont l'occupation est accordée par le propriétaire, suite à une demande, qu'il tient ses rencontres. Si Moïse est si important, pourquoi n'a-t-il pas pu se faire voter conseiller municipal dans son propre village ? S'il n'avait pas mal géré ou détourné les fonds du parti, il allait au moins être élu chez lui. Tel n'a pas été le cas. A quelle fin a-t-il utilisé l'argent du parti ? C'est lui seul qui peut donner une réponse à cette question. Nous préférons rester sur notre résumé et attendre le jour opportun pour vous dévoiler beaucoup de choses. Nous n'intervenons pas pour influencer la justice. Ceux qui savent vous diront que Moïse n'a personne avec lui. Sur le terrain, cela peut se vérifier. Nous n'avons rien contre lui, d'autant plus qu'il est mon oncle, mais nous lui avons reproché une mauvaise gestion.
Avec la réaction du maire de Guibaré qui se rallie à Moïse, ne vous retrouvez-vous pas seul pour le combat ?
Non ! Moi je ne suis pas seul et cela, jamais. Je me fais toujours confiance. Je peux m'ébranler devant une autre partie, mais pas devant Moïse. Au Bam, ce n'est pas possible. Je le réaffirmerai partout où je serai. Nous attendons juste le dernier verdict du tribunal administratif. J'invite tous les militants du parti à rester tous sereins, car il n'y a rien au village. Ce sont des tonneaux vides qui font du bruit. Nous préférons garder le silence, pour l'instant.
Interview réalisée à Kongoussi Par W. Emmanuel SAWADOGO