Il faut éviter de Gbagboïser la vie politique au Burkina

| 06.03.2015
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Il faut éviter de Gbagboïser la vie politique au Burkina
© DR / Autre Presse
Il faut éviter de Gbagboïser la vie politique au Burkina
«Nous allons remporter la présidentielle en un demi-tour. Ça ne sera ni un premier tour, ni un second tour, mais un demi-tour ». Avait lancé, il y a peu, un responsable politique lors d'une tournée qui ressemble beaucoup plus à une campagne politique qu'à une mission de vérification des structures de son parti. Le même homme politique, pour ne pas le nommer, a dit à Bobo-Dioulasso que « nous remporterons la présidentielle en un quart de tour ». Un autre, beaucoup plus avisé, avait répondu en substance aux sondages faits par notre confrère Bendré en ces termes : « la réalité de notre combat se trouve sur le terrain ». Avant malheureusement de rejoindre le premier pour dire à peu-près : « nous remporterons immanquablement et indiscutablement la présidentielle d'octobre 2015».


Du coup, pour les observateurs, on se retrouve dans la même situation que celle de la Côte d'Ivoire d'avant la présidentielle de 2010. Où les slogans du camp Laurent Gbagbo étaient bien orientés : « on gagne ou on gagne » ; « y'a rien en face, c'est maïs ». Les résultats et les conséquences, quand Laurent Gbagbo a perdu ? Personne dans les rangs du Front populaire ivoirien (FPI) n'y a cru. Laurent Gbagbo a revendiqué la victoire, s'est accroché au pouvoir et malgré toutes les négociations et interventions venues de partout, il a refusé. La Côte d'Ivoire a ainsi connu la plus grave crise post-électorale de son histoire. Avec plus de 3000 morts. (Touchons du bois).

Si les hommes politiques aiment bien leur pays et leur peuple, qu'ils modèrent leur langage. La politique, qu'on le veuille ou pas, n'est pas la guerre ; ce n'est pas non plus une adversité aveugle. Mais, c'est beaucoup plus un jeu au cours duquel, on gagne ou on perd. Surtout quand il s'agit d'élections. C'est ce qu'il faut dire au peuple et lui inculquer la culture du « soit je gagne, soit je perds ». Parce que, la manière dont la situation se présente mérite qu'au plus haut niveau, on ait le courage de hausser le ton pour ramener tout le monde à la raison. Autant les déclarations qui appellent à la vengeance, qui font référence à l'ethnie, à la religion et au régionalisme sont dangereux, autant ces propos ci-dessus citées sont dangereux.

Le rôle de la transition, c'est aussi cela. Il ne suffit pas de s'atteler à organiser rapidement des élections générales et « s'en laver les mains » pour dire qu'on a conduit une transition. La réforme de la pré-campagne devrait faire partie des réformes politiques à opérer. A sept mois des élections, des partis sont déjà en campagne. Qu'en dit la transition ? Cette situation n'est-elle pas de nature à perturber la conduite sereine du processus de transition ?

En pointant du doigt ceux qui ont soutenu la révision de l'article 37 de la Constitution alors que la Charte de la transition, que tout le monde a signée, insiste sur le caractère inclusif de la transition, n'est-ce pas de la stigmatisation ? Qu'en pense la transition ? Et cela est d'autant plus dangereux et grave quand ceux qui la conduisent, comme le président du Conseil national de cette transition, tombent dans les mêmes travers. Comment peut-on dire à la fin de la transition qu'on a réconcilié les Burkinabè ? Sept mois c'est peu, mais sept mois, c'est assez pour faire beaucoup de choses...de bien !

Dabaoué Audrianne KANI

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