Après près de trois décennies de divisions intestines, l'heure de l'union semble avoir sonné pour les partis politiques se réclamant de l'idéal du capitaine Thomas Sankara. En effet, ces partis ont annoncé coup sur coup la tenue de deux congrès unitaires, soit :
- le Front progressiste sankariste (FPS) réunissant le CNR/MS, le FFS et l'UNIR/PS, dont le congrès constitutif a eu lieu le 11 octobre 2014 ;
- l'Union révolutionnaire du Faso (UREFA) regroupant l'Alliance des démocrates révolutionnaires (ADR), la Convergence de l'Espoir et l'Union pour la Renaissance démocratique, Mouvement sankariste (URD/MS). Le congrès de l'UREFA aura lieu le 25 octobre prochain.
Donc des sept partis sankaristes de l'opposition, seul le PRIT-Lanaya de Mamadou Kabré n'a pas encore pris la décision d'aller à une union.
C'est la maison du Peuple de Ouagadougou qui a servi de cadre pour les retrouvailles des partis formant le FPS. Plus de 350 délégués des trois partis ont pris part aux travaux de ce congrès. Ils ont ainsi pu amender et adopter les textes fondamentaux du FPS.
La cérémonie de clôture a eu lieu dans une cuvette de la maison du Peuple pleine de monde. Les slogans révolutionnaires ont régulièrement ponctué et entrecoupé les différentes interventions.
C'est Athanase Boudo, président du comité national d'organisation du congrès, qui a été le premier à s'exprimer à la tribune. Pour lui, cette rencontre a été utile car ayant permis aux uns et aux autres de «s'approprier la nécessité de l'union et de mesurer leur collective implication pour la pleine réussite du processus d'union, pour son succès et son saut qualitatif par la fusion des trois partis». Il a déclaré que le train est bel et bien en marche et que «c'est tous ensemble qu'on construira un autre Burkina, celui qui prendra en compte toutes les filles et tous les fils du pays».
A sa suite, Norbert Michel Tiendrébéogo, le rapporteur général du congrès, a présenté les conclusions des travaux qui ont permis de doter le FPS de textes réglementaires et d'un organe dirigeant. Au sujet du référendum, il a martelé que «Blaise Compaoré portera toute la responsabilité de ce qui adviendra en cas de référendum».
Du reste, au FPS on estime que toute consultation populaire sur l'article 37 serait «une violation de la Constitution et des instruments internationaux ratifiés par le Burkina Faso». C'est pour cela que le congrès du FPS a fermement condamné toute initiative de révision de cet article, réaffirmé son engagement à poursuivre avec l'opposition politique et la société civile la lutte contre la modification de l'article 37 et enfin lancé un appel au peuple burkinabè à se mobiliser pour une «résistance active».
Le congrès a élu un bureau exécutif national de 45 membres. Me Bénéwendé Sankara en est le président tandis que Norbert Michel Tiendrébéogo, Romain Conombo et Fatmata Savadogo en sont les vice-présidents. Le secrétariat général est assuré par Nestor Bassière. N'ayant pas pu faire le déplacement à Ouaga pour l'occasion, la veuve Mariam Sankara, qui a été la marraine de ce congrès, a envoyé un message dans lequel elle s'est félicitée de la tenue de cette «rencontre historique». Elle a appelé au respect strict de l'article 37 de la Constitution. Dans son discours de clôture, Me Bénéwendé Sankara, le président du FPS, a déclaré que ce congrès «nous permet d'écrire une nouvelle page glorieuse de l'histoire du sankarisme», surtout qu'il est intervenu à un moment où «personne ne vendait cher l'union envisagée». La conviction de Me Sankara est établie que «la création d'une alternance alternative sankariste passe nécessairement par l'unité des Sankaristes». C'est pour cela qu'il a fait un clin d'œil à l'UREFA, qu'il a encouragée et félicitée «dans l'espoir que nous nous retrouverons très certainement mais surtout très prochainement».
Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si le congrès du FPS a adopté une recommandation appelant vivement les partis membres à aller rapidement à la fusion.
San Evariste Barro