Focus : enfin le CDP d’après Fatou, Eddie, Achille, et Cie ?

| 22.10.2015
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Focus : enfin le CDP d’après Fatou, Eddie, Achille, et Cie ?
© DR / Autre Presse
Focus : enfin le CDP d’après Fatou, Eddie, Achille, et Cie ?
Fatou Diendéré et sa clique sont hors-jeu ! Le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) saura-t-il renaître de ses cendres, avec toutes ces épreuves qu’il a traversées ? Seule la frange restante du parti le déterminera. Les militants qui voulaient le changement et l’alternance se voient tendre une perche par le sort, avec l’éviction de certains ténors qui se sont eux-mêmes mis à la retraite...


D’abord, le cas Fatou Diendéré. La nouvelle est tombée mais ne surprend pas pour autant. Fatou Diendéré, épouse du Général de Brigade putschiste Gilbert Diéndéré, est sous mandat d’arrêt international. Elle est poursuivie pour complicité d’atteinte à la sureté de l’Etat. Les choses semblent la rattraper un peu tard, à moins que les personnes chargées de faire ces instructions sur le putsch n’y aient vu que du feu. Ce qui serait de la pure négligence. Dès le début du putsch et quand le Général Diéndéré était au pouvoir, avec son Conseil national pour la démocratie (CND), les déclarations qui étaient faites dans les médias par ses sbires ne cessaient pas de rappeler que les autorités de la transition avaient dévié de leur trajectoire en choisissant d’exclure certaines personnes du jeu politique, notamment des élections. Il y a bien-sûr d’autres griefs, mais ce point-ci est intéressant dans la mesure où cela fait penser automatiquement à la femme du Général Diendéré, puisque Fatou est hors-jeu aussi. En toute honnêteté, cet affront de la transition en les excluant des élections ne pouvait pas être digéré par cette dame qui est une des bonze de l’ex parti au pouvoir, le CDP, et plus, la femme de celui que l’on considérait comme le N°2, après Blaise Compaoré. Puisque c’est lui qui, depuis Feu le président Thomas Sankara, a toujours été aux manœuvres et qui peut défaire qui il veut. Ce putsch est de connivence avec Fatou, nul doute, et la liste s’allongera de toute façon, puisqu’il est presque certain que certaines personnes proches de celle-ci étaient au parfum du coup. Il ne serait pas surprenant donc que Eddie Komboïgo, candidat du CDP mais recalé à la présidentielle prochaine, soit cité plus tard et qu’un mandat d’arrêt soit lancé à son encontre non plus. Comme on le constate, le Général, dans un sursaut d’orgueil, s’est laissé berner par ses proches qui ont voulu que, comme il l’a fait pour les autres, il le fasse pour eux aussi en prenant le pouvoir et en les réinstallant dans ce qu’ils considèrent comme quelque choses qui leur est légitime. Tout comme ces mêmes personnes ont berné Blaise Compaoré, en lui faisant croire que seuls quelques Burkinabé étaient contre la révision de l’article 37, et non la majorité.
Quelle gourmandise. Un des 7 péchés capitaux, de toute façon, et donc passible de punition. Dans tout cela, il est clair qu’il ne reste plus que ces gourmands et assoiffés de pouvoir se rongent les ongles en remords, n’ayant pas su se faire petits, ne serait-ce que pour un bout de temps.

Un CDP nouveau ?

Cependant aussi, au sein du parti qu’est le CDP, deux clans semblent s’être dessinés. Il y a d’un côté ceux qui comptent faire vivre le parti, et de l’autre, ceux qui se sont suspendus d’eux-mêmes par leur entêtement. Le premier, qui se dit respectueux des institutions de la république, semble être plus maniable que le second.

Car dans une déclaration, publié par leur secrétariat permanent, il est écrit que « si pour nombre d’observateurs, ce coup de force (le putsch) ne pouvait que bénéficier politiquement au parti et à ses alliés compte tenu des points soulevés par ses auteurs et qui se trouvent être certaines préoccupations toujours soulevées et reprises par la communauté internationale, force est de reconnaitre que le CDP en tant que parti social-démocrate républicain ne saurait s’associer à une prise du pouvoir par des voies et moyens autres que ceux des urnes. » La déclaration continue en disant que « le parti réaffirme qu’il n’est ni de près ni de loin mêlé aux événements qui ont secoué le pays ces derniers jours et ne saurait être associé à de tels actes antirépublicains sur la base de déclarations individuelles et personnelles de certains militants quel que soit leur rang. Pour ce faire, le parti se tient à la disposition des instances judiciaires et de la commission d’enquête mise sur pied par les autorités pour toutes fins utiles. » C’est là où l’on constate qu’au sein de ce parti, il y avait les uns et les autres. C’est-à-dire, ceux qui géraient le parti comme un héritage, et ceux qui devaient suivre comme du « bétail ». Et comme les choses ne sont plus à l’avantage des recalés, ceux-ci pensent donc que ce n’est pas la peine de se fatiguer pour hisser d’autres personnes. C’était eux, ou rien, en quelque sorte.
Mais ils ont oublié que ceux qu’ils ont considéré comme du « bétail » ont profité se faire des bases aussi solides que les leurs, puisque, de toute façon, tout passait par eux. Et ce sont ces personnes-là qui ont décidé de se démarquer de la manière de gérer le parti et de prendre leurs responsabilités. Dans sa déclaration, le secrétariat permanent dit que le Bureau exécutif national (BEN) lui a donné mandat de finaliser les listes de candidatures pour une participation effective du parti aux élections du 29 novembre 2015, conformément à ses délibérations du 16 septembre. Et de demander aux militants de « rester mobilisés comme à l’accoutumée et à chaque fois que cela le leur a été demandé pour une forte participation aux élections, afin d’assurer une victoire éclatante du parti le soir du scrutin ». Outre cela, le parti compte annoncer en temps opportun quel candidat il soutiendra parmi les 14 qui sont retenus pour l’élection présidentielle du 29 novembre.

Les anciens ténors que sont Eddie Komboïgo, Achille Tapsoba, Léonce Koné, Fatou Diendéré, entre autres, sont donc considérés comme des personnes dont les avis ne comptent plus. En d’autres termes, ceux-ci ont enfin « lâché l’affaire ». Voilà qui est plus sage. De toute façon, ils n’ont pas le choix, vu les déboires des uns et des autres. Comme quoi, le malheur des uns fait souvent le bonheur des autres, car nous en connaissons qui ne rêvaient même pas être au devant des décisions au sein du parti, eux qui jouaient les seconds rôles. Mais la roue a tourné comme d’habitude, et voilà ! Espérons que toutes ces épreuves leur serviront de leçons pour la vie, afin qu’ils n’agissent pas comme leurs prédécesseurs...

Claire Lebœuf

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