Mariam Sankara, veuve de feu le Président du Faso, Thomas Sankara, est enfin arrivée au Burkina le 14 mai dernier. C'est la deuxième fois, en 27 ans, que celle-ci foule le sol de sa patrie. Accueil triomphal, évidemment, avec la chute du régime de Blaise Compaoré, ex président, qui a coupé l'herbe sous les pieds de son compagnon de lutte, Tomas Sankara, assassiné lors du coup d'état du 15 octobre 1987.
Jubilations aussi des partis politiques d'obédience sankariste, qui ont tenu leur convention les 16 et 17 mai dernier, en présence de Mariam Sankara. Cette présence était souhaitée, dans la mesure où elle seule pouvait accorder les violons de certains ténors de partis sankaristes. Car dans cette pléiade, nous constatons que certains leaders, qui ont été des ex membres de l'ex Union pour la renaissance/ Mouvement sankariste (UNIR/MS), devenu Union pour la renaissance/Parti sankariste (UNIR/PS), sont revenus à de bons sentiments. Il s'agit notamment de Jean Hubert Bazié (Convergence de l'espoir) et de Mamadou Kabré (PRIT Lanaya), qui ont entre temps claqué la porte au nez de Me Benewendé Stanislas Sankara. Ceux-ci avaient dénoncé une sorte de gestion opaque du parti par ce dernier, d'où leur démission. Mariam Sankara est-elle venue les réunir ? Apparemment, oui ! Et le choix qui se porte sur Me Bénéwendé S. Sankara comme candidat des sankaristes à la présidentielle d'octobre 2015 laisse penser que celui-ci le mérite, puisqu'il a toujours été constant dans ses positions à défendre leur idéal et à tenir tête au régime de l'ex président Blaise Compaoré. Cette synergie d'actions des huit partis sankaristes (UNIR/PS, FFS, URD/MS, PRTIT-Lanaya, CDS, CPR/MP, CNR/MS, Convergence de l'espoir) vient renforcer la donne au sein de ce mouvement, ce qui n'est pas pour déplaire à Mariam Sankara, qui doit surement avoir plaidé en la faveur d'une union. La course à la présidentielle ne fait donc que commencer pour les sankaristes, étant donné qu'il va falloir que chaque parti aille informer sa base sur le consensus issu de la convention. Espérons qu'il n'y aura pas d'entourloupes ou de revirements aussi, car en politique, rien n'est prévisible.
Cela résume le cas du parti la Convergence patriotique pour la renaissance/mouvement progressiste (CPR/MP), qui a tout simplement abandonné le train en marche pour le fait que leur candidat, le Colonel Jean-Baptiste Natama, ne soit pas de la course à la présidentielle d'octobre, pendant que les militants le pressentaient. Ce qui signifie aussi que ce parti risque donc d'aller aux élections en solo. D'aucuns disent que le Colonel n'est qu'un sankariste de la dernière heure, mais pour d'autres, c'est l'un de ceux qui ont survécu miraculeusement lors de la prise de pouvoir de Blaise Compaoré. Ils prétendent que son voisin a été tué par confusion une nuit d'après le 15 octobre 1987, car des hommes armés étaient embusqués et ont pris celui-ci pour cible, à la place du Colonel lui-même... Vrai ou faux. ?
Au PDS/Metba, Etienne Traoré s'était-il leurré ?
Les choses se précisent aussi du côté du Parti pour la démocratie et le socialisme/Metba (PDS/Metba). Finalement et comme on le pressentait, Etienne Traoré, ex président par intérim du Parti pour la démocratie et le socialisme, parti des bâtisseurs (PDS/Metba), a démissionné du parti, ainsi que ses proches. Pas étonnant du tout, tel qu'on connait l'homme. Après le congrès extraordinaire des 2 et 3 mai dernier, qui a vu Philippe Ouédraogo le supplanter, Etienne Traoré a dû mal digérer cet affront. Dans la correspondance adressée aux médias, en la date du 9 mai 2015, il déclare que lui et les siens ne peuvent plus continuer avec le PDS/Metba « sectaire » de Philippe Ouédraogo. Le mot « sectaire » y a tout son sens, au regard de son emploi. Tout compte fait, cette fusion de quatre partis politiques (PAI, PDS, LCB, Faso Metba) avait trouvé consensus avec feu Hama Arba Diallo, qui avait su ménager la chèvre et le chou. Mais après son décès et comme on connait les appétits politiques de Philipe et de Etienne, ainsi que leurs ambitions, l'on ne pouvait que prévoir une telle déchirure, puisque chacun voulant être à la tête. Assurément, Etienne Traoré ne pensait pas que Philipe allait se présenter comme candidat, lors du congrès. Pour lui, il serait légitimé, vu qu'il avait remplacé Arba Diallo dès le décès de celui-ci. Mais c'était mal connaitre son camarade de parti, qui avait auparavant démontré qu'il n'était pas là juste pour épater la galerie, en témoigne la lutte acharnée contre Soumane Touré pour la récupération du Parti africain de l'indépendance (PAI), qu'il a fini par avoir après moult procédures, et qu'il a fini par liquider au profit du PDS/Metba.
Au siège du parti, la tension était déjà vive
Lors du congrès, la tension était déjà vive au siège du parti. La position de certains militants était claire, dès lors que certains ont su que Philipe a décidé de se présenter rien que le jour J. Outre cela, Philippe n'était pas venu au siège pour la pause déjeuner. Il a préféré prendre sa voiture et s'éloigner des esprits qui étaient surchauffés, pour revenir à la reprise des travaux. Pendant ce temps, l'on pouvait entendre par-ci et par là des « Je m'en fous de Philippe », entre autres propos tendancieux.
La question que l'on se pose aussi est pourquoi, à l'annonce de la candidature de Philippe, Etienne Traoré n'est pas resté dans la salle. Il a préféré tout simplement quitter la salle, avec les siens... Ce qui a fait dire Philipe qu'il avait peur que le vote les départage...Pourtant, il pouvait y rester et remporter l'élection, à bien y voir. Est-ce cet affront qui l'a mis mal à l'aise ? Car il pouvait penser qu'à l'unanimité, tous les militants savent que si toutefois il avait remplacé Arba Diallo en intérim, il était donc normal qu'il soit légitimé par la suite, lors de ce congrès extraordinaire. Dommage pour lui, puisqu'en politique, tous les coups sont permis. Et ce n'est pas Philipe qui dira le contraire... Pour le moment, le PDS/Metba doit se refaire. Et il est évident que Etienne Traoré compte se relancer de son côté par la création d'un autre parti dans les prochains jours, lui qui a toujours aimé être indépendant dans son idéologie et sa manière de voir les choses. Comme quoi, il ne peut pas y avoir deux capitaines dans un même navire !
Le CRAC sort de son mutisme
Quelques jours après le congrès du CDP (Congrès pour la démocratie et le progrès) tenu les 9 et 10 mai derniers, les jeunes du parti composant le Comité de réflexion et d'action pour le renouveau du CDP (CRAC) ont tenu à rencontrer leur président nouvellement élu, Eddie Komboïgo. Lors du congrès, l'on se souvient que les jeunes du Crac avaient été purement et simplement interdits d'assister à la clôture des travaux, sous prétexte que ceux-ci étaient là pour perturber le congrès. Ce qui avait, par ailleurs, soulevé leur indignation, et, ils l'ont manifesté à leur manière devant le Palais des sports de Ouaga 2000, lieu du congrès. La raison était que Ali Bara Ouédraogo, coordonateur du Crac, n'était pas dans le nouveau bureau exécutif national (BEN). Outre cela, des langues avaient dit que les jeunes du Crac étaient manipulés par des personnes extérieures qui ne voulaient pas que le congrès se tienne. Mais le jeudi 14 mai dernier, le coordonnateur du Crac et les siens ont tenu à expliquer au président du BEN qu'il n'en était rien. Selon les propos que nous avons entendus par-ci et par-là, des personnes mal intentionnées ont dû influer sur les ténors du parti, pour écarter le Crac par des mensonges de toutes sortes. Il y va de l'instrumentalisation de celui-ci à la démobilisation des militants, entre autres accusations à son encontre. D'aucuns avaient susurré que c'était un groupe d'infiltrés qui devait exploser le parti par des manœuvres de toutes sortes. Mais le Crac est venu rappeler aux militants qu'après l'insurrection des 30 et 31 octobre 2014, il a été le seul à oser pointer le bout du nez, pendant que les autres militants se terraient chez eux. Idem pour cette première rencontre au siège du parti en réfection, où depuis lors, aucune activité ne se tient. Si les explications du CRAC vont en sa faveur, il n'en demeure pas moins que Eddie Komboïgo, le président du BEN, aspire cependant à une cohésion nationale des jeunes du parti. Il l'a expliqué en disant que le CDP a besoin d'une jeunesse unie, sans toutefois refuser le concept de courants d'idées qui peuvent continuer à renforcer le parti, comme c'est le cas du Crac.
Des personnes mal intentionnées...
Dans une émission à la « Radio Légende » (ex Nostalgie), Ali badra Ouédraogo a reconnu qu'il y avait des détracteurs au sein du CDP qui, soit pour un poste au sein du BEN, soit pour une faveur, n'hésitent pas à lancer des flèches contre des militants d'un même parti. Il dit ne s'en offusquer nullement, mais pense cependant que certaines accusations doivent être mieux réfléchies, car à la rigueur, c'est de la méchanceté. Il pense qu'en aucun cas, le Crac ne saurait faire du tort au parti, loin de là. Car ce n'est pas maintenant que cela doit se faire, mais bien au contraire, renforcer les bases du CDP qui ont été affaiblies par les manifestations des 30 et 31 octobre derniers. Comme on le voit, il aurait donc fallu que les points soient mis sur les « i », afin que chacun comprenne ce qui se passe au sein du parti, car les spéculations allaient bon train, et, l'on s'attendait à une démission massive au sein du CDP.
Claire Lebœuf