Finalement, y a-t-il quelque chose de nouveau ?

| 30.01.2014
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Finalement, y a-t-il quelque chose de nouveau ?
© DR / Autre Presse
Finalement, y a-t-il quelque chose de nouveau ?
S'il y a un mérite qu'il faut reconnaître aux démissionnaires du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), c'est celui d'avoir permis la recomposition, en si peu de temps, du paysage politique national. (Si c'en est vraiment une). Le second mérite qu'on peut accorder aux démissionnaires, c'est aussi le fait de vouloir défier Blaise Compaoré, celui-là même avec qui ils ont pour la plupart cheminé depuis 1987 et à qui ils doivent en partie ce qu'ils sont : poids politique, honneurs et argent, des honneurs. Sinon, pour le reste, il s'agit pour ce qui est déjà vu et entendu, de déshabiller Pierre pour habiller Paul ; d'agitation politicienne. La manière n'y étant pas, on entrevoit tout simplement dans le mouvement des démissionnaires des questions de personne, de règlement de comptes politiques (donc de la haine) et de positionnement. Si bien que les analystes et les patriotes qui voudraient véritablement se reconnaître en ce nouveau mouvement devront encore attendre. Puisqu'il ne s'agit pas en vérité de questions d'idéologie politique et d'avenir véritable de la nation.

Car en effet, le Mouvement du peule pour le progrès (MPP), le nouveau parti que Roch et ses camarades viennent de porter sur les fonts baptismaux ne tranche pas, fondamentalement, avec le Congrès pour la démocratie et le progrès. Il s'agit apparemment d'une simple question de dénomination, de sigles. Mais dans les esprits, les choses sont loin d'avoir changé. Autrement, c'est de la même social-démocratie qu'il s'agit. Pour dire vrai, ni la forme, ni les habitudes ne changeront pas. Ce qui fait justement dire à un observateur qu'il s'agit tout simplement d'un contournement qu'on organise sur le dos du peuple pour aller à la soupe dont on a été écarté. Les démissionnaires du CDP ne nous apportent donc rien de nouveau qu'on ait vu et connu jusque-là dans l'histoire politique de la Haute-Volta devenue Burkina Faso en 1985. Et cela ne doit étonner les observateurs et les Burkinabé sincères, puisque la sagesse dit que ce n'est pas parce qu'on programme le changement, qu'on fait son mea culpa qu'on a réellement changé. Peut-être que le temps nous situera davantage.

C'est donc un effet de mode qui veut que tous ceux qui sont frustrés, parce que déchus et déçus aillent voir ailleurs. Ce qui est un droit démocratique. Le choix du cadre de la Maison du peuple, les gestes et les mimiques des acteurs aux premières loges rappellent dans les mémoires les moins grandes les mêmes habitudes vécues il y a juste un ou deux ans, ou même moins.

Que la classe politique ne prenne donc pas le peuple pour dupe. Ce peuple burkinabé est maintenant bien majeur et sait prendre ses responsabilités. Il ne peut en aucun cas se résumer à quelques individus qui se prétendent parler et agir à son nom parce qu'ils savent écrire et parler français. L'empêcher de s'exprimer parce qu'on a un calendrier politique qu'on veut respecter, est une dénégation de démocratie. S'il est vrai que les démissionnaires ou encore l'opposition, ou même la majorité représentent effectivement le peuple, donnez-lui la parole. Les marcheurs de Ouagadougou, de Bobo-Dioulasso, de Koudougou et de Ouahigouya représentent-ils à eux seuls les aspirations du Burkina profond, des habitants de Niankorodougou, de Liptougou, de Natitingou ou de Toné, de Solenzo ou encore de Lawra ou de Bourzanga qui sont actuellement occupés à récolter leur coton, céréales et autres spéculations pour faire face aux dures réalités de la nature ? Allez dans les campagnes et posez-leur n'importe quelle question, ils vous répondront parce qu'ils savent et suivent tout. Alors.......

Dabaoué Audrianne KANI

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