Faut-il accepter le pardon de l’Eléphant ?

| 08.12.2014
Réagir
Faut-il accepter le pardon de l’Eléphant ?
© DR / Autre Presse
Faut-il accepter le pardon de l’Eléphant ?
L'Alliance pour la démocratie et la fédération/Rassemblement démocratique africain (ADF/RDA), le parti de Gilbert Noël Ouédraogo a mis la trompe dehors. Pour humer l'atmosphère de la faune politique après lecataclysme intervenu les 30 et 31 octobre alors qu'il avait soutenu le Congrès pour la démocratie le progrès (CDP) et d'autres partis politiques dans leur volonté de réviser l'article 37 de la Constitution. Sortie prématurée, hasardeuse ou volonté réelle de demander pardon au peuple burkinabè? Les avis sont naturellement partagés. En faisant le premier pas, en prenant le risque de sortir publiquement, on peut dire que le parti de Gilbert Ouédraogo veut faire de la repentance. Autrement, le parti reste égal à sa ligne de conduite. Celle de toujours rechercher la paix, la concorde et le salut national. Il est évident que tout le monde se trompe, seuls ceux qui n'entreprennent pas d'actions ne se trompent pas.


En effet, cette sortie de l'ADF/RDA répond à l'article 1, du titre 1 de la Charte de la transition qui définit les valeurs de référence qui guident la transition. «Outre les valeurs affirmées par la Constitution en son préambule, la présente Charte consacre les valeurs suivantes pour guider la transition, ses organes et l'ensemble des personnalités appelées à la conduire: le pardon et la réconciliation; l'inclusion; le sens de la responsabilité; la tolérance et le dialogue; la discipline et le civisme; la solidarité; la fraternité; l'esprit de consensus et de discernement».

Les Burkinabè ont tout de suite besoin de se réconcilier pour ensemble poursuivre le développement de leur pays. Mais cela ne peut se faire sans une partie des acteurs, notamment les mis en cause. Aussi, est-il devenu presque indispensable que ces acteurs s'affichent, demandent publiquement pardon après avoir effectivement reconnu leur part de responsabilité dans ce qui est arrivé. C'est cela une partie de la vérité que les Burkinabè attendent de leur part. L'inclusion, la tolérance et le dialogue dont il est question dans le préambule de la Charte veulent justement qu'il y ait au moins deux parties qui s'écoutent. Si jusqu'à présent les efforts consentis par les uns et les autres pour remettre le pays sur les rails sont unanimement reconnus et salués, il nous appartient de les poursuivre en les renforçant par des actes plus forts. Beaucoup d'autres peuples, avant nous, sont passés par ce même processus et ont réussi à renouer les fils du dialogue et du vivre ensemble.

Le peuple burkinabè, tout en gardant son identité est capable d'aller plus loin dans ce sens comme il l'a toujours démontré à chaque fois que le moment le recommande. Les nouvelles autorités, que ce soit le président Michel Kafando ou son Premier ministre Isaac Zida et son gouvernement, ils en ont besoin pour bien conduire la transition. Qu'on le veuille ou non, c'est le substrat indispensable qu'il faut pour redémarrer le pays et lui préparer un avenir meilleur.

Nous avons donc la responsabilité, pour ne pas dire l'obligation de réussir ce moment particulièrement difficile et plein de symboles pour notre pays, pour sa jeunesse, ces générations futures qui attendent de nous qu'on leur passe le témoin. Nous avons également l'obligation de réussir cette phase transitoire pour respecter la mémoire de toutes ces personnes qui sont tombées, certaines à la fleur de l'âge, sur le champ du combat démocratique, de la liberté et de la justice sociale.

Dabaoué Audrianne KANI

Publicité Publicité

Commentaires

Publicité Publicité