Fatoumata Sawadogo/Bancé, première vice-présidente du FFS : Nous n’allons pas nous laisser copter

| 20.06.2015
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Fatoumata Sawadogo/Bancé, première vice-présidente du FFS : Nous n’allons pas nous laisser copter
© DR / Autre Presse
Fatoumata Sawadogo/Bancé, première vice-présidente du FFS : Nous n’allons pas nous laisser copter
Votre parti, le FFS a quitté la Convention des sankaristes. Quelles sont les raisons de ce retrait?


Nous n'allons pas donner des raisons que les gens ne vont pas comprendre. De toute façon, nous avons prévu un Congrès extraordinaire dans les prochains jours. A l'issue du congrès, nous allons organiser une conférence de presse pour expliquer de long en large les raisons pour lesquelles nous avons quitté la Convention.

Mais déjà, pouvons-nous en avoir une idée?

Nous sommes allés à la Convention avec des objectifs qui sont ceux de la Convention. La Convention avait des objectifs au nombre de cinq ou six dont le logo unique à partir duquel tout le monde ira sur le terrain, les listes consensuelles pour les législatives et les municipales, les jalons qui devaient être lancés pour le parti unique sankariste. Il y avait autant d'objectifs, mais le seul qui a été atteint, c'est la désignation du candidat unique. Quand vous avez cinq ou six objectifs et que ce n'est qu'un seul qui a été atteint, vous devez reconnaitre qu'il y a problème. Pourquoi partir peu après la Convention? Parce que la Convention nous avait donné deux semaines pour évacuer les points qui coinçaient à la Convention. Si vous avez suivi au moment de la Convention, il y a des camarades qui ont failli quitter la salle. Les choses coinçaient et l'on a décidé d'accorder deux semaines de délai incompressible pour évacuer la question du logo pour permettre à tout le monde d'aller sur le terrain. Jusque là, ce n'est pas fait. Nous sommes à l'orée des élections, et chacun sort sur le terrain avec son logo! Comment voulez-vous qu'au début de la campagne que chacun reparte pour voir les populations et leur expliquer que nous étions venus avec le logo FFS, mais nous changeons. Si un mois après la Convention il n'y a pas encore de logo, c'est qu'il y a difficulté. Il ne faut pas se voiler la face. C'est comme deux personnes se marient et au bout d'un mois elles continuent de faire chambre à part. Nous avons estimé qu'il y a urgence. Si nous n'y prenons garde, nous serons pris par le temps. Mais nous ne quittons pas la grande famille sankariste, parce que nous sommes membres fondateurs du Front progressiste sankariste que nous n'avons pas quitté. Il ya deux regroupements qui sont jusque-là sur le terrain. Il y a l'UREFA (l'Union des révolutionnaires du Faso) et le Front progressiste sankariste. Ces deux fronts existent et nous sommes membres fondateurs du Front progressiste sankariste.

Mais vous n'êtes pas allés à la Convention sous la bannière du FFS!

C'est l'erreur que les gens commettent. Les gens ne comprennent pas. L'UREFA est allée en tant que UREFA, mais au niveau de notre regroupement nous sommes allés en tant que parti. Le comité de pilotage de cette convention pourra vous le confirmer. Le fait donc de quitter la Convention n'a aucune incidence sur notre appartenance au Front progressiste. C'est de cette manière que nous nous entendons les choses, même si nous sommes prêts à assumer la suite de ce qui peut arriver. C'est une décision qui a été prise par un bureau exécutif national fort de 43 membres et à la suite de débats. Nous ne nous attendons pas à ce que l'opinion nous applaudisse. Quand on dit opinion, il y a des réactions émotionnelles du fait de l'attente que les gens avaient de l'union des sankaristes. Nous avons pesé tout cela, mais que voulez-vous face à la dure réalité?

Mais certains pensent que c'est le défunt président du FFS qui avait décidé ²démocratiquement² seul de votre entrée dans la convention

Non, je ne le dirai pas! Autre chose, mais pas la Convention dans la mesure où la Convention a été décidée par la représentante de l'UNIR/PS en France, Germaine Pitroipa, et Nestor Bassière également membre de l'UNIR/PS. Ils ont organisé la Convention et la société civile faisait partie. Les partis pouvaient adhérer à volonté. Il n'y a pas eu de pression sur un parti, en tout cas pas à notre niveau.

Les gens ont vite fait le lien, du moment où vous quittiez la Convention juste après le décès de votre président...

Il était dans une position où il ne pouvait pas nous dire de ne pas y aller. Nous sommes membres fondateur du FPS et c'est dans cette dynamique que nous étions. L'idée de la Convention est née en février 2015; or, le FPS c'est bien avant cela. Non, Norbert ne nous a pas obligés à aller à la convention.

Quelle sera la suite à la veille de ces consultations électorales? Le FFS est-il prêt à se lancer?

Actuellement, tout est ouvert! Nous ne fermons aucune porte autant au sein du FFS qu'à celui de la famille sankariste ou de la famille politique de gauche. Nous sommes en pourparlers. Mais pour le moment, rien n'est décidé.

Si rien n'est décidé, cela veut dire que ce n'est pas exclu que le FFS soit copté par un autre parti!

Qui connait la scène politique saura que le FFS n'est pas un parti aussi coptable que ça. Nous n'allons pas nous laisser copter, contrairement à ce que d'aucuns pourraient penser. Nous n'avons reçu de mallettes de personne, et nous mettons quiconque au défi de le prouver. Nous avons pris une décision souveraine au niveau du parti. Et de façon souveraine également, nous allons voir avec qui nous pouvons sceller une alliance gagnant-gagnant.

Une certaine opinion parle de guerre de positionnement pour le poste de président du FFS. Qu'en est-il exactement?

Une guerre de positionnement au sein du FFS? Je ne pense pas que le FFS va se rabaisser en donnant ce spectacle à l'opinion. Jusqu'à présent, je suis la première vice-présidente du parti et je ne vois aucune guerre de positionnement. Nous allons fairenotre congrès au cours duquel nous allons choisir celui qui va remplacer le président Norbert Tiendrébéogo pour la destinée de notre parti. Mais il n'y aura pas de guerre de positionnement.

A quand ce congrès?

Je n'ai pas envie d'avancer une date qui ne va tenir. Mais en tout cas, nous sommes en train de ficeler les choses et dans les prochains jours, nous allons le tenir. Nous voyons qu'il y a urgence, et il sied de le tenir dans les plus brefs délais. A l'issue du congrès, nous allons expliquer à tous ceux qui étaient émotionnellement touchés pour qu'ils nous comprennent. Nous parions qu'ils comprendront.

Revenons sur les propos de certains acteurs de la scène politique qui leur ont valu une interpellation...

Une malédiction peut suivre quelqu'un et le pousser à dire quelque chose qu'il ne pense pas. Il y a eu des propos tendant à mettre en avant un atout ethnique ou religieux ou encore l'utilisation de moyens autres que démocratiques pour accéder au pouvoir. J'ose espérer que leur langue a fourché. Mais ce sont des choses à condamner fermement. Lors de la grande marche du 28 octobre 2014, pour ne parler que d'elle, et les 30 et 31 octobre les jeunes qui sont sortis se sacrifier ne sont ni des musulmans, ni des chrétiens, ni des Mossis ou des Bissas, encore moins des gens munis de couteaux ou de fourchettes! C'était tout simplement des Burkinabè qui avaient marre d'un régime. Donc je suis désolée et j'espère qu'ils regrettent leurs propos.

Entretien réalisé par Boureima DEMBELE
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Légende

«Les 30 et 31 octobre 2014 les jeunes qui sont sortis se sacrifier ne sont ni des musulmans, ni des chrétiens, encore moins des Mossis ou des Bissas»

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