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Faso : le CDP joue son avenir politique ce week-end

| 09.05.2015
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Faso : le CDP joue son avenir politique ce week-end
© DR / Autre Presse
Faso : le CDP joue son avenir politique ce week-end
Le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) tient son premier congrès post-insurrection ce week-end (les 8 et 9 mai) à Ouagadougou. Le parti saura-t-il saisir cette occasion pour se refaire une nouvelle santé ? C'est le plus simple, mais le plus difficile aussi.


Dans une parution après des sorties et des déclarations post-insurrection effectuées par l'ex-partie majoritaire et certains de ses cadres, nous écrivions : « Si toutes ces déclarations sont teintées d'optimisme et d'engagement militants, il reste à le démontrer sur le terrain. Ce qui ne sera pas très facile si chacun veut retrouver véritablement la place qui était la tienne avant la mise en veilleuse du parti. Car, plus que jamais, ce parti a besoin de sang neuf, de rajeunir son staff non sans oublier qu'un vieillard couché voit plus loin qu'un jeune debout. C'est à ce prix du dosage que la confiance entre militants reviendra et que le parti pourra jouer véritablement son rôle de faiseur de président... ».

En effet, en tenant son congrès ordinaire ce week-end, le premier après l'insurrection populaire, l'ancien parti au pouvoir, qu'on le veuille ou non, va jauger ses forces. Tant sur le plan de la mobilisation, que celui des arguments pour convaincre les militants et le peuple burkinabé, que ce qui est arrivé, est bel et bien une mauvaise appréciation de la situation politique du pays à un moment donné. Reconnaître son erreur et demander pardon est une vertu connue des grands hommes. Car, nul n'est infaillible. Le plus important, comme le dit l'adage, ce n'est pas d'accuser là où on est tombé, mais là où on a trébuché.

Le Congrès pour la démocratie et tous les partis qui l'ont soutenu ont fauté, ils ont commis des erreurs inhérentes à la gestion de tout parti politique au pouvoir. Aussi, convient-il d'adapter le discours à la situation actuelle. Il n'est nul besoin de répondre à une quelconque provocation d'où qu'elle vienne. A vrai dire, le CDP, sans perdre son âme, a besoin de retracer, de refaire son chemin afin de reconquérir la confiance du peuple et de ses militants sans verser dans la démagogie et le populisme ambiants qui caractérisent actuellement la vie politique nationale.

Les anciens cadres du parti qui ont accepté de rester dans le navire malgré les tensions qui l'ont secoué et les attaques dont il sera l'objet dans les tout prochains jours, et ce jusqu'aux prochaines élections, doivent savoir se mettre en veilleuse et propulser aux devants de la scène politique, les jeunes loups dont dispose le parti. Mais, cela ne veut nullement dire que les dinosaures doivent quitter la scène. Au contraire, ils devront servir de piliers sur lesquels s'appuieront les jeunes pour véritablement actionner le parti.

En outre, comme l'ont déjà dit et prévu certains anciens du parti, que d'autres leur emboîtent le pas en déclarant officiellement qu'ils ne sont plus intéressés par aucun poste électif. Car, après deux mandats, voire trois ou même quatre pour certains d'entre eux, ils n'ont véritablement plus rien à démontrer. Comme disait Gérard Kango, il faut savoir quitter les choses à temps, avant qu'elles ne vous quittent.

Dans la même dynamique, même s'il faut rendre hommage à Blaise Compaoré pour son œuvre abattu depuis 1987, il faut admettre, une fois pour toute que la page Blaise Compaoré est tournée. Ne serait-ce que pour l'instant. Le parti a besoin de cela ; Blaise Compaoré en a besoin et le Burkina Faso aussi. Quitte à ce qu'il revienne plus tard. Il faut donc inscrire une véritablement démocratie dans la gestion du parti. Le plus rien ne sera comme avant doit inspirer davantage les militants et militantes du parti. En tout cas, s'ils veulent un avenir politique pour eux-mêmes.

Au CDP, on doit pouvoir taire le clanisme qui a longtemps animé certains membres du parti. La sagesse africaine dispose que lorsque la pluie vous bat, ne vous soulager pas dans vos habits. Au moment où le parti est la bête à abattre par tous les moyens parce qu'il peut encore constituer une force contraire, les divisions, si elles doivent renaître ne viendront que l'achever définitivement. Sans doute que ses dirigeants en sont bien conscients et sauront trouver les mots justes pour rassembler tout le monde. Au cas contraire, le parti sortira plus affaibli qu'il ne l'a prévu.

Dénis Dafranius SANOU

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