En même temps, le parti qui était en retard sur le plan de la structuration par rapport au Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) son rival juré, met en place son organisation. Calquée pratiquement sur celle du dernier cité. Ce qui peut se comprendre car les géniteurs du MPP ont longtemps été les premiers responsables du CDP. Ils ne pouvaient donc trouver mieux que de vider leur désormais ancien parti de sa substance organisationnelle. Ils l'ont d'autant plus réussi que le CDP a été suspendu juste à la sortie de l'insurrection populaire. Ses dirigeants presque pourchassés et menacés d'emprisonnement.
Le MPP use de méthodes très politiques pour conquérir le pouvoir. Tout comme Zéphirin Diabré l'avait fait à la création de son parti et qui lui avait valu 19 députés à l'issue des élections législatives et municipales couplées de 2012. Mais, cette fois-ci, l'élection présidentielle est assez costaude pour le parti du Lion qui, visiblement, semble manquer un peu de souffle sur le plan financier et logistique. Même les hommes semblent lui faire défaut. Malgré les sorties qu'il effectue de temps à autre dans des provinces, il lui sera difficile de bousculer sérieusement le MPP dont les caciques et les vieux routards sont rompus à ce genre d'exercice politique. Zéphirin a certes fait du bon travail à la chefferie de file de l'opposition. Mais, le paysage politique tel qu'il se présente en ce moment ne lui promet pas grand-chose.
Qui donc pour bousculer le MPP ? Les Sankaristes ne font pas non plus le poids. Ce n'est pas en tout cas Bénéwendé Sankara qui remportera une élection présidentielle face à un Roch Marc Christian Kaboré. En outre, même réunis, les Sankaristes ne sont connus que dans les grandes villes où ils font beaucoup de bruit. Puis, tout comme Zéphirin Diabré, ils manquent de moyens financiers et logistiques pour aller à la conquête de l'électorat. Restent donc le CDP et les partis qui l'accompagnent au sein du Front républicain. Réveillé de sa lourde chute, il semble avoir repris sa place. Et c'est cela qui fait peur. Car, la vraie place du CDP, on ne la connaît toujours pas réellement. Mais le dernier congrès du parti est une jauge dont les observateurs peuvent se saisir pour mesurer sa force de nuisance aux prochaines élections.
Seulement, pour titiller le MPP, le CDP doit dès à présent activer ses structures et rassurer davantage les militants à la base. Le potentiel est là. Même si certains, par peur de leur avenir politique ou de poursuites au cas où, sont vite allés faire allégeance ailleurs. Il lui faut aussi les moyens financiers en même temps que, véritablement, ses militants comprennent qu'ils ont perdu le pouvoir. Le jeu n'est donc pas définitivement fait. Surtout en cas d'alliance et le MPP pourrait ne pas remporter la présidentielle. A-t-on prévu ce scénario ?
Dabaoué Audrianne KANI