A Bobo-Dioulasso comme à Ouagadougou, ils poussent comme des champignons dans un champ fertilisé à la fumure organique, dans les secteurs ou quartiers. Aussi crédibles ou peu, les uns comme les autres. On pourrait dire que c'est le printemps des Mouvements ceci ou cela. Si cela est le signe de la vitalité de notre démocratie et de la désormais implication des jeunes dans le jeu politique, il faut craindre pour la suite. Car, la plupart de ces nouveaux venus dans l'arène ne disposent pas de bagages politiques suffisamment solides pour jouer le jeu. Qu'ils soient de l'opposition ou de la majorité. L'une des conséquences immédiates est le dérapage verbal, voire physique qu'on connaît ou qu'on est en passe de connaître actuellement. En outre, il faut que les leaders politiques évitent, autant qu'ils le peuvent, de se saisir de jeunes, qui savent peu de choses sur leurs intentions réelles pour assoupir leurs ambitions. Il est désormais monnaie courante de voir des véhicules surmontés de hauts-parleurs sillonnant les artères de nos grandes villes pour porter des messages. Si certains d'entre ces messages sont courtois, d'autres ne le sont pas du tout. Puisque dirigés personnellement contre des autorités, des leaders d'opinions ou encore des opérateurs économiques. Ce qui peut constistuer des dangers attentatoires à la cohésion et à la paix sociale. C'est pourquoi, il faut convenir avec certains d'entre eux qui appelaient, il n'y a pas longtemps, à la fin des dérapages verbaux et physiques. Car, il n'est pas besoin de profiter de la situation politique actuelle, de faire de l'opportuniste, pour injurier des personnes ou régler de vieux comptes. Ce n'est pas le moment, encore moins le lieu. Dans tous les cas, le jeu politique ne donne aucun droit d'injurier des gens ou de s'attaquer physiquement à eux ou à leurs biens.
C'est pourquoi, les organes de régulation de la tension sociale, formels ou informels, ne doivent pas attendre que ça dégénère avant de venir jouer au pompier ou à la réconciliation. Leur implication, tout de suite et maintenant, est indispensable. Ailleurs, on a vu ce que ces genres de dérives ont occasionné comme fracture sociale.
En attendant, et c'est le lieu de le dire, le dénouement de la crise politique qui oppose l'opposition à la majorité sur les principaux points que sont le référendum, la révision de l'article 37 de la Constitution et la mise en place du Sénat, n'est pas pour demain. En tout cas, à l'allure où vont les choses, seuls ceux qui ont les nerfs durs et la bourse suffisamment fournie pourront sans doute tenir jusqu'en 2015, et même au-delà.
Après le stade du 4-Août, l'opposition descend au stade Sangoulé Lamizana de Bobo-Dioulasso où elle entend faire entendre...fortement sa position. C'est un autre challenge quand on sait qu'en face, on soutient à qui veut l'entendre que Bobo-Dioulasso est le bastion de la majorité, donc du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) et des partis qui l'accompagnent. La semaine prochaine sera, sans aucun doute, suffisamment riche en «combat politique». Car pour les deux camps, l'objectif premier est de démontrer qu'on mobilise. D'abord dans les grands centres urbains que sont Bobo-Dioulasso et Ouagadougou. Ensuite, la conquête s'étendra dans les autres centres, non moins importants pour finir avec les villages. Quel long combat...politique!
Dabaoué Audrianne KANI