Editorial : MPP : Un congrès pour rien

| 10.04.2014
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Editorial : MPP : Un congrès pour rien
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Editorial : MPP : Un congrès pour rien
Le moins qu'on puisse dire, c'est que la montagne a accouché d'une souris. En effet, alors qu'on attendait de vérifier avec le président du parti qui annonçait d'ailleurs le fait sous forme d'un défi que le congrès allait relever pour répondre à une des principales critiques faites à son mouvement à savoir la sénilité caractéristique des membres de son organe dirigeant, on a de fait constaté un renforcement du phénomène en pourcentage sans guère d'amélioration au niveau de la question genre..

Assurément, sur ce point de la formation du BEN, on se demande ce que le congrès a fait et que l'Assemblée Générale constitutive n'aurait pas pu faire. Véritablement du gâchis et on comprend parfaitement les grincements de dents de certains qui ont mouillé le maillot et ont pris des coups contrairement à d'autres qui sont arrivés sur la pointe des pieds et qui se voient bombardés à des postes prestigieux où il y aura à boire et à manger.

Attendu avec une certaine ferveur comme l'évènement majeur de ce premier quart de l'année 2014, le congrès constitutif du MPP a effectivement eu lieu les 5 et 6 avril dernier. Il a fallu que tout y passe pour faire monter la fièvre : campagne médiatique tant au plan national qu'international avec tous les ingrédients nécessaires, discours enflammés, colportages de rumeurs de toutes natures, invitation des plus grands artistes nationaux du moment pour assurer la mobilisation et l'ambiance, ... Rien n'a donc été laissé au hasard car le contraire de la mobilisation attendu aurait été l'évènement. Il y donc eu foule, tout ce qu'il faut pour délier les langues et susciter des envolées lyriques. Cela n'a pas manqué. Malheureusement, rien de plus ! On comprend donc aisément que de nombreux congressistes soient restés sur leur faim tandis que les analystes en sont à se dire : tout çà pour çà ; un congrès pour rien !?

Le moins qu'on puisse dire, c'est que la montagne a accouché d'une souris. En effet, alors qu'on attendait de vérifier avec le président du parti qui annonçait d'ailleurs le fait sous forme d'un défi que le congrès allait relever pour répondre à une des principales critiques faites à son mouvement à savoir la sénilité caractéristique des membres de son organe dirigeant, on a de fait constaté un renforcement du phénomène en pourcentage sans guère d'amélioration au niveau de la question genre.

Pourtant on aurait cru qu'il en serait autrement puisque le même Roch Marc Christian KABORE annonçait en ouverture des travaux : «Rien de durable ne saurait se faire désormais sans que la question cruciale du devenir de la jeunesse ne soit au centre dans une perspective qui intègre la promotion du genre». Le texte est beau, mais la pratique est toute autre pour ne pas dire qu'elle en est aux antipodes. A moins que le MPP ne se projette pas lui-même dans une perspective durable, comme d'ailleurs le pensent certains. En vérité, la plupart des analystes avaient déjà prédit que ce challenge allait être très difficile voire impossible à relever puisque la base principale de la mobilisation et du recrutement des militants était la perte de positions que ceux-ci avaient soit dans l'appareil du parti d'origine, le CDP, soit de celui de l'Etat. Chacun venant au nouveau parti avec l'espoir de se refaire, il était donc parfaitement impossible de demander à la kyrielle de cadres déçus, tous ex-Ministres, Directeurs Généraux, Ambassadeurs, Députés, cadres du parti, etc. d'accepter y être de simples militants. Du moins, pour le faire, il aurait fallu un courage et une légitimité que le trio Roch, Salif, Simon n'a pas su montrer ou susciter.

Certainement que le meilleur moyen pour eux pour imposer ce sacrifice aux autres aurait été qu'ils se l'imposent à eux-mêmes en n'accaparant pas, comme ils l'ont fait, les trois premiers postes du parti. A tout le moins, ils auraient pu bousculer quelque peu leurs hommes-liges pour faire ainsi de la place à des jeunes ou à des femmes sans réelle coloration et aptes à incarner les facteurs de jeunesse et du genre. Au lieu de cela, ils se sont non seulement scotchés à leurs propres postes mais ils ont en plus dans une stratégie de marquage à la culotte, placé leurs hommes, Roch se taillant la part du lion en plaçant les siens aux postes stratégiques. On peut citer, entre autres, le Secrétariat Général, même si Clément P. SAWADOGO est réputé manger à plusieurs râteliers ; Salifo TIEMTORE à l'organisation ; Allasane SAKANDE chargé des structures géographiques ; Seydou ZAGRE aux questions électorales ; Jean-Claude BOUDA chargé des élus locaux, Blaise KYELEM chargé du contrôle, etc. Les deux autres se contentent de postes de figuration. Roch avait vraiment raison de dire que le ridicule ne tue pas (surtout dans son parti) puisque l'on voit des «personnalités» intégrer l'instance dirigeante à des fonctions pour le moins bizarres, comme s'il s'agissait d'être juste là. Vraiment déplorable et vexatoire de voir des «intellectuels» réduits ainsi à de simples tâches de décors. Ça fait pitié, comme dirait l'autre ! Mais, on l'aura aussi compris, on prépare la montée à la soupe promise avec l'espoir que les premiers arrivés seront les mieux servis. Assurément, sur ce point de la formation du BEN, on se demande ce que le congrès a fait et que l'Assemblée Générale constitutive n'aurait pas pu faire. Véritablement du gâchis et on comprend parfaitement les grincements de dents de certains qui ont mouillé le maillot et ont pris des coups contrairement à d'autres qui sont arrivés sur la pointe des pieds et qui se voient bombardés à des postes prestigieux où il y aura à boire et à manger. Du côté du genre, le congrès aura aussi accouché d'une petite souris puisque le sort de la gente féminine ne s'améliore guère. On laisse même dire que les promotions au niveau des femmes obéissent à tout sauf à des critères objectifs. On peut néanmoins noter sur ce point de la composition de l'organe dirigeant que le congrès a eu du positif, de l'avis des hommes de médias, avec le « décagnotage » de celui qui avait en charge la communication, Raymond Edouard OUEDRAOGO, notre REO national, pour ne pas le nommer, ci-devant Ministre de l'Information et de la Communication, après avoir été DG de la Radio nationale et qui avait fini par être Gouverneur après avoir été Ambassadeur (excusez du peu). Sa gestion calamiteuse de la communication du nouveau parti a obligé à l'envoyer «faire de l'environnement» aux confins du classement protocolaire des membres du BEN. Assurément, les professionnels se félicitent de ce mouvement puisque l'individu reflète le prototype-même du militant MPP qui a tout eu avec le CDP sans rien mériter et qui crache dans la soupe après s'en être gavé.

Avec le congrès, on annonçait aussi le programme du parti. Devant en effet, les critiques fondées qui accusaient le nouveau parti de ne rien apporter de nouveau et de plus au discours de l'opposition qui ne l'a pas attendu pour s'arcbouter sur ses 3 «ni» (ni Sénat, ni modification de l'Article 37, ni référendum), les dirigeants avaient promis que le congrès éclaircirait la question. Le 1er vice-président chargé de l'orientation politique, Salif DIALLO, s'en est chargé et on aura compris que l'Anglais et le Chinois seraient introduit dans l'enseignement dès le primaire, que les Etalons se qualifieraient au bout de trois ans pour la coupe du monde ; que tout le monde était au congrès, sauf ceux qui sont contre le peuple et qu'ils paieront leur forfaiture quand le MPP sera au pouvoir... Pour un programme politique, ça nous semble un peu trop court voire même ridicule car infantiliste. Quand le même sieur ajoute «Si en 2015, on donne des résultats frauduleux, nous prendrons le pouvoir par d'autres voies», on comprend que le congrès a séché sur ce point. On comprend aussi que pour tenter de combler la lacune et l'argumentaire particulièrement démagogique et peu intelligent de leur camarade, Simon COMPAORE lance aux militants un vibrant «ne nous humiliez pas» pour les appeler à voter massivement tandis que Roch les appelle à s'inscrire sur les listes électorales. Un brin de lucidité qui indique qu'on ne croit pas réellement aux affirmations péremptoires selon lesquelles la victoire est certaine en 2015. En attendant, le programme du parti est tout tracé : «la mise en place du Sénat ou la révision de l'Article 37 entraîneront des conséquences graves sur la stabilité et la paix sociale». Le MPP avait-il vraiment besoin d'un congrès pour nous redire ce que Zèph nous chante aux oreilles depuis déjà des mois ?

Cheick AHMED
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Source : L'OPINION N°859 du 09 au 15/04/ 2014

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