Deux certitudes se dégagent de l'actualité nationale : le mystère qui s'épaissit sur la mort violente et dramatique du juge Salifou NEBIE le 24 mai dernier et la descente aux enfers des partisans du Non au référendum sur l'article 37 qui voient leur nombre fondre comme neige au soleil au fur et à mesure qu'ils multiplient les actions pour prouver le contraire.
On le sait, avec des « Si » on pourrait mettre Paris dans une bouteille ! Si le juge Salifou NEBIE n'était pas allé à cette invitation ; si Salifou NEBIE n'y était pas resté jusqu'aux environs de 19h ; si ses amis ne l'avaient pas laissé tenter de rentrer chez lui seul malgré qu'ils savaient qu'il n'aimait pas conduire la nuit, même à Ouagadougou, si ..., il serait certainement toujours en vie ! Si ce jour il avait son chauffeur, s'il avait son garde du corps ; si, si et encore si... Mais voilà, la réalité est là dans toute sa cruauté, renvoyant les uns et les autres à leurs propres responsabilités, même si par ailleurs, en croyant, on sait que nul ne peut prolonger ou diminuer d'une seconde le temps de vie d'un être vivant, ni modifier les circonstances dans lesquelles sa mort surviendra. En croyants aussi, tout en priant pour le repos de son âme, nous demandons à Dieu de favoriser l'identification de ceux ou de celui qui a été de manière préméditée ou accidentelle à l'origine directe de sa mort. Cela afin que justice se fasse ici déjà avant le jugement dernier.
Notre quête est d'autant plus pressante que certains veulent se servir de ce drame pour en alimenter un autre qui pourrait avoir des conséquences nettement plus douloureuses.
Sur ce point, on peut dire que le rapport du médecin légiste français que d'aucuns mettent à l'indexe sans aucun fondement sérieux est une véritable bouffée d'oxygène pour certains milieux d'opposition dont on a tout à croire qu'ils sont ceux auxquels le crime, si crime il y a, serait le plus profitable. On sait aussi, pour les avoir pratiqués de longues années, qu'ils en sont capables et en ont les moyens. Même s'ils sont les premiers à faire croire que le pouvoir serait en cause, les faits indiquent tout à fait le contraire. C'est ce que semble dire l'opinion publique dans sa grande majorité en refusant de prendre pour argent comptant leurs accusations et à s'en prendre au pouvoir. Cela malgré une campagne massive à travers les réseaux sociaux et les médias qui, une fois de plus, tirent leurs « plumes » du jeu en renvoyant aux acteurs politiques et aux techniciens (médecins légistes dont les conclusions sont contradictoires) les responsabilités de leurs propres dérives. C'est bien trop facile de jouer le rôle de pyromane et ensuite de se dédouaner en pointant du doigt les autres. En attendant, il faut dire que toute l'enquête reste à faire et que la raison devrait l'emporter auprès de tous ceux qui ont le jugement facile surtout lorsqu'il faut tout simplement s'accorder sur des évidences. Qu'on ignore royalement les responsabilités directes ou indirectes de tous ceux qui ont « conditionné » le juge avant la survenue du drame et qu'on n'hésite pas un seul instant à accuser X ou Y, en fait le pouvoir pour ne pas le nommer, est indéniablement une sorte de deux poids deux mesures. Qui peut le plus peut le moins dit-on ! C'est vraiment à ne rien comprendre sauf à admettre qu'il y a de l'irrationnel dans le jeu de certains. On se croirait dans la logique du «qu'importe le flacon, pourvu qu'il y ait l'ivresse ». En fait, il faut tout faire pour plaire à l'opposition, ce qui n'est pas forcément à l'avantage de celle-ci.
En effet, à force de la caresser dans le sens du poil et de ne pas lui faire des reproches ou des critiques même les plus objectives qui auraient pu l'aider à prendre la mesure des réalités et à rationnaliser son action, on a fini par conduire cette opposition dans une sorte d'ivresse du verbe et de perte de tout repère. On se croit capable de tout, on exige tout et tout de suite etc. Sinon comment comprendre autrement sa stratégie suicidaire de « Non au référendum » et ses promesses véhémentes qu'il n'y en aura pas alors même qu'on ne voit pas logiquement comment elle pourrait atteindre cet objectif ? Comment comprendre autrement sa stratégie de meetings et ses déclarations irréalistes de remplir les plus grands stades du pays comme si cela pouvait être déterminant dans la décision de tenir ou non un référendum ? Comment comprendre autrement sa décision de mettre en place des comités contre le référendum au niveau des services de l'Etat, par exemple, alors que ceux-ci devraient être apolitiques ? Enfin, comment comprendre autrement ces sempiternelles menaces à la paix sociale si le pouvoir passait outre ses opinions ?
En vérité, à fermer les yeux devant ses erreurs les plus évidentes et à l'encourager par des analyses irresponsables qui lui font croire qu'elle est en réalité la véritable majorité, on a conduit l'opposition à un intégrisme qui lui a fait perdre le sens de la mesure. C'est ce que les fiascos des meetings des stades du 4-Août à Ouaga et Sangoulé LAMIZANA à Bobo lui ont renvoyé à la figure. Si on avait eu l'honnêteté de lui dire qu'une marche ou un meeting en barrant un boulevard était loin d'être des moyens objectifs de mesure du degré de mobilisation, elle n'en serait certainement pas là. Cela d'autan plus que l'adversaire a montré qu'il pouvait faire tout au moins autant, voire même plus. C'est sûr, ces deux derniers échecs vont peser lourds dans son action. Il faut tout juste espérer que dorénavant, convaincue qu'elle ne peut rien, elle ne se lance dans des actions désespérées qui pourraient perturber la paix sociale. Sans aucun doute que l'Etat est prêt pour parer à toute éventualité ; mais il est toujours préférable de ne pas tenter le diable. Personne n'y aura intérêt ; à commencer par l'opposition elle-même.
Cheick AHMED
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Source :L'Opinion N°869 du 18 au 24 Juin 2014