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Editorial : CDP : pari réussi !

| 26.06.2014
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Editorial : CDP : pari réussi !
© DR / Autre Presse
Editorial : CDP : pari réussi !
C'est vrai qu'ils étaient nombreux à souhaiter que le stade ne fût pas rempli et on comprend aisément qu'ils sautent sur le premier prétexte pour jeter l'enfant avec l'eau du bain ; mais tout de même ! Ils auraient mis la forme qu'on n'aurait rien eu à redire tant il est vrai que nul ne peut être blâmé pour ses opinions ou ses choix politiques. En effet, affirmer que le « public » s'est retiré après « le concert », c'est un peu fort de café, surtout que ledit « concert » n'avait même pas commencé.
Par ailleurs, il serait trop facile de vouloir faire croire que ce n'est qu'à l'occasion de ce meeting, qu'on a observé un tel phénomène. En effet, aucun meeting, pas plus ici qu'ailleurs, n'a échappé à ce phénomène de désertion des lieux avant la fin des allocutions. En tout cas ce n'est pas l'opposition qui dira le contraire, elle qui a dû retarder son meeting de Bobo de 2 heures pour avoir quelques militants en plus et a été obligée de se limiter à un seul discours pour ne pas voir son leader parler dans un stade réellement vide, cette fois-ci.

Le CDP a réussi son « recto-verso avec intercalaires » le samedi 21 juin dernier. Incontestablement ! Même les plus sceptiques en sont restés bouche bée. Le fiasco retentissant de toute l'opposition réunie le week-end précédant à Bobo et sa mobilisation mitigée du 31 mai en ce même lieu du stade du 4-Août ont donné plus de relief à ce succès qui a fait dire à certains que c'est le contraire qui aurait étonné !

Mais comme il fallait s'y attendre et comme il est de coutume chez les professionnels de l'information solidement encadrés par les censeurs qui officient dans les fora des internautes, c'est le train qui n'arrive pas à l'heure qui intéresse uniquement. Voilà pourquoi le stade archicomble, qui était pourtant le challenge à relever et attendu par tous, est devenu une banalité affligeante devant le fait qu'il se soit subitement vidé en partie à un moment donné du meeting notamment du côté des tribunes solaires chauffées à blanc à la fois par un soleil caniculaire et une ambiance de folie. L'objet des reportages changeait brutalement, le fait occupant presque toutes les Unes, chacun y allant de ses commentaires et analyses les plus acerbes, sans que personne n'ait eu la présence d'esprit ou tout au moins le simple reflexe professionnel d'aller s'informer sur les tenants et les aboutissants du phénomène. C'est à croire que c'était trop demander à nos reporters, qui, de la pelouse, ont tout compris tout de suite puisque dans notre métier on connaît tout, surtout lorsqu'il s'agit des autres ! En fait, on s'attache plus à la forme qu'au fond, le reste étant une simple question de rhétorique.

C'est vrai qu'ils étaient nombreux à souhaiter que le stade ne fût pas rempli et on comprend aisément qu'ils sautent sur le premier prétexte pour jeter l'enfant avec l'eau du bain ; mais tout de même ! Ils auraient mis la forme qu'on n'aurait rien eu à redire tant il est vrai que nul ne peut être blâmé pour ses opinions ou ses choix politiques. En effet, affirmer que le « public » s'est retiré après « le concert », c'est un peu fort de café, surtout que ledit « concert » n'avait même pas commencé. Il en est de même quand on dit que le Secrétaire Exécutif du CDP a discouru dans un stade vide alors qu'en face de lui, les tribunes couvertes ou à l'ombre gardaient tout leur monde (pas moins de 20 000 personnes), et que la pelouse a été envahie par un nombreux public descendu des gradins au soleil malgré la présence des forces de l'ordre et les appels des organisateurs. Assimi n'a donc pas prêché dans un stade vide comme cela est dit dans de nombreux reportages, même s'il est vrai que les tribunes solaires se sont dégarnies en très peu de temps juste après le début des discours. Plusieurs raisons à cela. Il suffisait juste d'écouter ceux qui étaient dans ces tribunes pour percer « les mystères » de cette « subite évaporation ».

Il y a d'abord le phénomène de la chaleur caniculaire avec un soleil tapant très fort dans un ciel sans le moindre nuage. Il semble que la grande majorité des militants qui étaient dans ces tribunes solaires y étaient depuis 10-12h, ce qui assurément a été particulièrement pénible. On peut donc comprendre qu'ils éprouvent quelque impatience et cherchent à se mettre à couvert à la moindre occasion. Et des occasions, ils en ont eu avec le tour d'honneur des dirigeants qu'ils ont ovationnés à tout rompre. Contrat rempli, se sont certainement dit certains tout à leur joie de montrer que le stade a refusé du monde puisqu'ils étaient nombreux à n'avoir pas pu accéder aux gradins. Tout ce beau monde est donc à féliciter pour son sens du sacrifice et de l'engagement pour avoir bravé plus de quatre heures durant le soleil implacable. Il faut aussi louer Dieu pour n'avoir pas eu à enregistrer des cas de déshydratation ou des cas médicaux graves.

Il y a ensuite, ce moment fatidique, l'heure de la prière musulmane que certains ont respectée entraînant à leur suite un mouvement de foule vers la sortie. La preuve que ce fait a joué est qu'on a senti les mêmes gradins se regarnir quelque temps après. Mais ce mouvement ajouté aux rumeurs diverses certainement convaincu certains de sortir.

Il semble aussi qu'au niveau du comité d'organisation, rien a été fait comme ce qui était prévu en terme de distribution d'eau de boisson pour ces militants qui non seulement devaient braver un soleil particulièrement ardent, mais n'avaient pas d'autres moyens pour se désaltérer que de sortir du stade. Ce couac organisationnel a forcément exaspéré plus d'un.

Autant de faits qui ont occasionné et/ou favorisé la sortie de certains militants avant la fin du meeting dégarnissant les tribunes solaires. Même en dehors de ces raisons toutes objectives, on peut difficilement soutenir, à moins d'être de mauvaise foi, que ces militants sont uniquement venus pour le concert. Cela d'autant plus que ledit concert n'avait pas encore commencé et ne devait intervenir qu'après le meeting comme annoncé dans le programme. Par ailleurs à observer le public de ces gradins, on n'a pas du tout l'impression qu'il est de celui qui assiste d'habitude à des concerts. On peut donc en déduire que sa présence n'a rien à voir avec le concert et il ne saurait donc partir parce que les artistes auraient presté.
Par ailleurs, il serait trop facile de vouloir faire croire que ce n'est qu'à l'occasion de ce meeting, qu'on a observé un tel phénomène. En effet, aucun meeting, pas plus ici qu'ailleurs, n'a échappé à ce phénomène de désertion des lieux avant la fin des allocutions. En tout cas ce n'est pas l'opposition qui dira le contraire, elle qui a dû retarder son meeting de Bobo de 2 heures pour avoir quelques militants en plus et a été obligée de se limiter à un seul discours pour ne pas voir son leader parler dans un stade réellement vide, cette fois-ci. Elle mérite toutefois du respect pour avoir eu la présence d'esprit de chambouler son protocole, en fonction de l'évolution du terrain ce que n'a pas su faire le CDP.

Peut-être qu'il faudrait que les politiques réfléchissent davantage à leurs meetings et essaient autres choses que de répéter à souhait ce qu'ils font depuis si longtemps. C'est même une urgence, s'ils ne veulent pas finir par se retrouver entre eux dans leurs meetings. Sur ce point on pourrait peut-être essayer un autre ordonnancement des interventions en privilégiant par exemple le principal discours, revoir l'occupation des gradins pour prévoir des systèmes de distribution d'eau, voire de prises en charge des cas de malaise, etc. D'un mal il faut savoir tirer un bien.

Cheick AHMED
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Source:L'Opinion N°870 du 25 Juin au 02 Juillet 2014

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