Echec de la médiation, une opportunité perdue

| 12.03.2014
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Echec de la médiation, une opportunité perdue
© DR / Autre Presse
Echec de la médiation, une opportunité perdue
En raison de la surenchère des partis politiques invités au dialogue républicain. Cela ne surprend guère, même s'ils étaient nombreux, les Burkinabè, à espérer le miracle. Hélas! Le miracle ne s'est pas produit. Nos politiciens n'ont pas su faire montre de grandeur d'esprit, ni du sens élevé des responsabilités. On peut toujours ergoter sur les raisons de cet échec. Mais, la réalité est là, criarde et triste. Les ambitions personnelles ont eu raison de la raison politique. Quoi qu'on en pense, nos intellectuels politiques, ou exactement nos alphabétisés en politique, ont manqué le rendez-vous avec l'histoire. Du coup, ils apparaissent aux yeux de l'opinion nationale et internationale, comme des gens simplement assoiffés de pouvoir.

Dans le cadre de la fixation des bases de la médiation, l'opposition a le droit de demander ce qu'elle veut. Y compris donc un mandat. Un droit qui ne peut lui être contesté. Cela étant, l'autre partie au dialogue, la majorité présidentielle n'est pas tenue d'accéder à toutes les exigences de la partie adverse. Elle aussi a le droit de se soumettre ou non à toutes ou partie des désidératas de l'opposition. Une évidence que chaque protagoniste devait intégrer dans sa stratégie de dialogue, s'il est de bonne foi. Cela ne semble pas avoir été le cas. L'exigence de mandat du président du Faso à la majorité présidentielle est manifestement le signe d'un manque de confiance, tant aux médiateurs, aux négociateurs de la mouvance présidentielle qu'au président du Faso lui-même. Un président suspecté de vouloir «gagner du temps».

Malgré cette méfiance, l'opposition, une fois engagée dans la négociation, devait accepter de discuter véritablement de l'objet même du dialogue, la sortie de crise. Tout en restant ferme sur le respect et la mise en œuvre de la solution trouvée d'accord parties. En prenant à témoin l'opinion publique. Ce, d'autant plus que cette même opinion lui semble beaucoup plus favorable que jamais. La politique «de la chaise vide», de l'intransigeance à outrance, ne peut résoudre un problème de cette nature. A moins de vouloir provoquer le clash, nous ne voyons pas comment régler un différend sans dialoguer avec celui avec qui on est en conflit. Ce que le président français, François Mitterrand appelait le «dialogue des braves».

De son côté, la majorité présidentielle devrait pouvoir tenir compte de la méfiance réciproque qu'il y a entre elle et son opposition. Certes, la Constitution burkinabè place le président du Faso, en tant qu'institution républicaine, au-dessus des partis politiques. Cela ne lui interdit pas de pouvoir discuter avec les partis politiques, directement ou par personne interposée, donc mandatée, avec ces mêmes partis politiques. Du reste, la loi établit également le chef de file de l'opposition, comme institution de la République. Nous pensons qu'un «artifice juridique» pouvait être trouvé à ce niveau, pour sauver ce qu'il y a lieu d'appeler parallélisme juridique. Cela dans la mesure où la loi fondamentale du Burkina Faso n'établit pas de hiérarchie entre les institutions. Elle se contente de les énumérer. Mais l'ordre d'énumération n'établit pas de facto une hiérarchie. Cette hiérarchie observée n'est que protocolaire, et non juridique. Compte tenu du climat politique délétère, dû à la méfiance de part et d'autre, le chef de l'Etat et la majorité présidentielle auraient pu faire cette concession sans dommages ni sur l'image du président ni sur la fermeté de la majorité. Là aussi, nous pensons que l'image du président Compaoré en sortirait plutôt grandie aux yeux de l'opinion publique.

Aly KONATE

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