«Je n'attends aucun congrès pour dire aux gens du Yagha que je serai candidat pian!», a-t-il déclaré sur fond d'ovations nourries de ses militants. C'est encore lui qui, en langue fulfuldé, s'est fait le devoir de présenter la NAFA et ses premiers responsables aux Yaghabè (ressortissants du Yagha). Le parti n'a que 5 mois d'âge, a-t-il dit et déjà, «20 ex-députés et plus de 100 ex-maires l'ont rejoint». S'adressant à Djibrill Bassolé, il a déclaré que les préoccupations de la province se résument au désenclavement, à la construction de barrages, à l'aménagement de terres cultivables et à la fourniture pérenne en électricité.
«Votre mobilisation me rassure...»
Pour sa part, Djibrill Bassolé a d'abord exprimé sa gratitude aux populations du Yagha pour être sorties nombreuses pour l'écouter. «Votre mobilisation me rassure!», a dit le Général. Il leur a ensuite demandé de continuer à prôner la paix et le dialogue au sein de la NAFA. «Soyez le parti de référence en matière de tolérance. Faites de la politique un moyen de servir et non de vous servir», a-t-il recommandé. Ne voulant pas venir en politique «dans un environnement conflictuel», Djibrill Bassolé dit souhaiter parler le même langage avec tous ceux qui soutiennent sa candidature. Et ce langage consiste à prôner le large ratissage des partis et autres structures qui croient en lui.« J'aurai besoin de tous les partis pour un Burkina Faso plus fort. Je le dis en toute humilité. J'ai besoin qu'une coalition de partis soutienne ma candidature», a déclaré le gendarme-diplomate. S'adressant aux Yaghabè, Bassolé a rappelé que leur province relève de la région administrative du Sahel qui, elle, appartient au Sahel africain pour laquelle il est l'envoyé spécial de l'OCI. «Je n'ai donc pas besoin de vous demander ce qu'il vous faut. Pendant longtemps, j'ai étudié le Sahel. Je sais très bien ce qu'il faut dans cette partie du Burkina. Et je n'attendrai même pas d'être candidat avant de faire ce que j'ai à faire pour vous», a-t-il dit. Et la longue série de promesses commence par le bitumage de la route Dori-Sebba: «Elle sera la première route à être bitumée sous mon mandat. Et si je le dis, c'est parce que j'ai déjà entamé les négociations et les financements sont presque bouclés», promet-il sous les applaudissements d'un public qui, visiblement n'en demandait pas plus. La seconde promesse concerne la lutte contre l'insécurité et le terrorisme dans la région du Sahel, frontalière avec des «pays où il y a des problèmes». «Je m'investirai du mieux de mes possibilités pour que la paix revienne au Nord Mali», a dit le médiateur. Les délestages d'électricité tuent le tissu économique, reconnait Djibrill Bassolé qui promet d'aller chercher l'électricité en Côte d'Ivoire, conformément aux possibilités qu'offre le Traité d'amitié et de coopération entre le Burkina Faso et la Côte d'Ivoire. Le candidat de la NAFA annonce aussi avoir porté sur les fonts baptismaux une fondation qui va se charger d'octroyer des financements à des jeunes et à des femmes pour la création de petites et moyennes entreprises. «Que je sois candidat ou pas, je le ferai», a-t-il promis. Il promet aussi que sous ses soins, au moins 3 ressortissants (dont une femme) de la province du Yagha bénéficieront du pèlerinage à la Mecque cette année. « Si mes négociations aboutissent, je pourrai envoyer plus de 100 Burkinabè à la Mecque», a-t-il précisé.
Sur un plan purement politique, Djibrill Bassolé s'est dit choqué d'avoir appris qu'il était en fuite en Arabie Saoudite d'où il aurait fait une déclaration sur la nouvelle loi électorale via la presse internationale. «La réalité est que je me trouvais déjà à Djeddah lorsque la loi a été votée. J'y étais dans le cadre de mes missions OCI. A présent, je suis chez moi au Burkina Faso et je dis encore que personne n'a le droit d'exclure des Burkinabè d'une compétition électorale. Je le répète: personne n'en a le droit!», déclare-t-il avec assurance et insistance.
Au sujet de la polémique sur l'article 37 de la Constitution, l'ex-patron de la diplomatie burkinabè rappelle qu'en mai 2011, dans une interview qu'il avait accordée à Radio France internationale (laquelle interview a été rediffusée en plein meeting à Sebba, via les hauts parleurs), il avait clairement déclaré que la modification de l'article 37 de la Constitution n'était pas opportune au regard du contexte international. Et dans le même temps, précise-t-il, «d'autres disaient que la limitation des mandats présidentiels était anti-démocratique et se sont même battus, bec et oncles pour que les mandats ne soient pas limités».
«Une insurrection cache toujours une autre»
Aux populations de Sebba, Djibrill Bassolé dit préférer que l'histoire retienne que lui (contrairement à d'autres) n'a jamais été d'accord, hier comme aujourd'hui, avec les lois d'exclusion. «Les mêmes qui ont induit Blaise Compaoré en erreur ont fui le laisser au milieu du quai. Les mêmes vont induire les dirigeants de la Transition en erreur pour ensuite fuir les laisser», a-t-il prévenu. Avant d'ajouter: «Ce que je dis est lourd de sens et de conséquences». En prenant l'option d'élections non inclusives, le Burkina Faso, de l'avis de Djibrill Bassolé court le risque de se mettre en marge de la communauté internationale et d'aller vers des élections dévaluées. «Et il faut faire attention, car une insurrection cache toujours une autre. Et cette deuxième insurrection, nous devons l'éviter à tout prix».
Du haut du parloir de son tout premier meeting, Djibrill Bassolé a fini par déclarer de façon claire qu'il sera candidat à l'élection présidentielle. «Chers amis, je serai candidat! Oui, je le serai!», a dit le Général de gendarmerie qui s'en remet finalement au bon Dieu pour la concrétisation de sa candidature. «Remettons nos intentions à Dieu et nous serons tous candidats. Nous voulons simplement qu'on nous donne la possibilité de dire aux populations ce que nous leur promettons»,a conclu Yipènè Djibrill Bassolé, d'un air serein.
Le meeting provincial du Yagha, tout comme celui de l'Oudalan tenu le lendemain dimanche ont offert l'occasion à la NAFA de procéder à l'installation officielle des membres des délégations provinciales du parti dans les deux provinces. Ces derniers ont été dotés, séance tenante, de motos en guise de premiers équipements pour la campagne électorale. A Dori, à Sebba, à Gorom-Gorom et dans les autres localités de la région où il est passé, Djibrill Bassolé a eu des entretiens à huis clos avec certains leaders locaux des partis et associations qui soutiennent sa candidature.
Par D. Justin SOME