Du coup, ses admirateurs crient haro sur le baudet car, pour eux, leur champion fait peur. Il pourrait être comparé au troisième larron de la fable de Jean de Lafontaine qui a saisi maître Aliboron. Car, dans les différents classements, on met en tête une fois Zèph de l'UPC, une autre fois Roc du MPP. Pour eux, il n'y a pas d'autre explication possible, le nouveau code électoral est taillé à la démesure du général-candidat à la présidentielle. Les essais sur le caractère impersonnel des lois ne peuvent pas les convaincre. Les sorties à la «Blé Goudé» de l'ex-deputée Assita Ouattara, militante de la Nouvelle alliance du Faso (NAFA), le bateau qui a dressé le pavillon Djibrill Bassolé pour Kosyam, dans le genre «Djibrill sera candidat pian» en disent long sur leur conviction et leur volonté de pousser Bassolé vers la présidence du Faso.
Ne leur parlez surtout pas de la présence de Bassolé au Conseil des ministres qui a mis le feu aux poudres. Ils rétorquent, en se basant sur son rôle entre gris clair et gris foncé le jour de l'insurrection qui a vu l'Assemblée nationale partir en fumée. Et en forme de conclusion, on entend «c'est parce que notre candidat Djibrill fait peur, il est venu bouleverser l'ordre établi...»
A contrario, ses contempteurs affirment qu'en fait Bassolé a eu peur. Car il aurait pu ou dû faire comme le trio RSS (Roc, Salif, Simon) qui ont claqué la porte du parti au pouvoir et se sont engagés avec les populations pour barrer la route à la modification de l'article 37. Ils ont osé, ils ont risqué gros pour leur nez mais finalement cela a été «veni, vidi, vici»: ils sont venus à l'opposition, ils ont vu, ils ont vaincu. Alors, Mounafica se voit poser cette question: «qui est plus courageux que qui? Qui a eu peur?»
Naturellement, Mounafica n'a pas de réponse à donner, il est tout œil, tout ouïe.
Mounafica, tout œil, tout ouïe!