Des Bobolais donnent leur avis sur le référendum : « Il faut qu’on nous explique clairement ce que c’est »

| 16.04.2014
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Des Bobolais donnent leur avis sur le référendum : « Il faut qu’on nous explique clairement ce que c’est »
© DR / Autre Presse
Des Bobolais donnent leur avis sur le référendum : « Il faut qu’on nous explique clairement ce que c’est »
Le référendum apparait en ce moment comme l'un des moyens susceptibles de départager les positions des uns et des autres sur la relecture de la Constitution. Cependant, sa tenue divise le peuple burkinabé. Des citoyens lambda se sont prononcé sur cette épineuse question hier mardi 15 avril.

Zakaria Ouattara, apprenti-chauffeur

«Il faut qu'on nous explique clairement le référendum»

Nous sommes dans un pays où 80% de la population est analphabète. Je crois être de ce pourcentage. Pour dire véritablement que je ne sais même pas ce que veut dire le référendum, ni ce à quoi il va aboutir. C'est pourquoi, je propose qu'on l'explique clairement en français facile, ou encore dans nos langues, pour permettre aux citoyens d'être au même niveau de compréhension que les politiques. Très souvent, on entend de part et d'autre qu'on veut organiser le référendum pour permettre à Blaise Compaoré de s'éterniser au pouvoir. Si c'est réellement le cas, je trouve que c'est déplorable. S'il n'est donc pas destiné à cette fin, qu'on nous le dise clairement!»

Médard Kiénou, docteur en droit et enseignant-chercheur

«Le référendum serait une atteinte à la nature républicaine de l'Etat»

«Le referendum qui pourrait éventuellement être tenu par rapport à l'éventuelle révision de la Constitution du pays ne doit pas l'être pour plusieurs raisons. Entre autres, sa tenue serait anticonstitutionnelle en ce sens qu'en vertu de notre Constitution il est interdit de la réviserpour troiscas: lorsque cela est contraire à la forme ouà la nature républicaine de l'Etat, lorsque cela porte atteinte à l'intégrité territoriale et, enfin, lorsque cela porte atteinte au multipartisme intégral. De mon point de vue, la tenue d'un référendum pour permettre à un chef d'Etat qui a déjà passé plus de 20 ans au pouvoir porte atteinte à la nature républicaine de l'Etat qui est née pour s'opposer à la monarchie. Il ne faut donc pas l'organiser. D'ailleurs, l'une des dispositions de la Constitution burkinabè qui est l'article 167 stipule que «le peuple burkinabè prohibe toute idée du pouvoir personnel», alors que ce référendum au Burkina, suppose le pouvoir individuel au lieu du pouvoir exercé par tous. A mon sens, le référendum est anticonstitutionnel».

Parfait Sirima, magasinier

«C'est tout simplement inutile»

«Le referendum est inutile. Je ne vois pas la nécessité de l'organiser pour départager les positions. Je pense que le peuple est assez clair là-dessus. Il ne faut pas l'organiser. Je n'ai connu que le seul président et je souhaiterai en connaitre un autre que Blaise Compaoré. Si ceux qui soutiennent la révision de la Constitution l'aiment tant, qu'ils le laissent céder le pouvoir et aller se reposer!»

Charlotte Sanou, étudiante

«Il est temps de céder la place»

Je pense que nos dirigeants actuels doivent passer la main à d'autres personnes qui, je crois sont aussi compétents pour apporter leur part dans le développement de notre pays. Autant que Blaise Compaoré, tout le gouvernement doit céder la place. C'est pour dire qu'il ne sera pas judicieux d'organiser le référendum. Je fais partie des jeunes qui n'ont connu qu'un seul président au Burkina. Alors, comme nos aînés, nous voulons dire qu'on a connu Blaise, puis un autre, un autre, un autre....qui ont été élu démocratiquement».

Léon Moustapha Diarra, étudiant

«Pourquoi envoyer le peuple vers un ravin?»

«Aujourd'hui les questions du Sénat, de l'article 37 ou du référendum ne sont plus à l'ordre du jour. La preuve est cette sortie massive de la population lors des marches organisées par l'opposition. Et il ne faut pas oublier que les plus grands constitutionalistes tels Abdoulaye Soma, Marius Ibriga ou encore Augustin Loada, de ce pays, ont tablé sur cette question. Pourquoi envoyer le peuple vers un ravin ou un précipice dans lequel on ne saura comment le faire sortir? Le peuple offre au président Compaoré une grande porte de sortie et je pense qu'il gagnerait à en profiter».

Siaka Koné, enseignant

«Ce n'est pas sérieux»

«Lorsque nous prenons la Constitution burkinabè aujourd'hui, il y a un article qui limite le nombre de mandats à deux. Maintenant, réviser encore cet article pour permettre à quelqu'un de se représenter, je pense que cela pose un sérieux problème. Combien de milliards faut-il investir dans ce référendum pour permettre à un seul Burkinabè de se présenter alors que le pays est pauvre et a besoin de ces ressources pour faire autre chose? Il est certes évident que Blaise est le président de tous les Burkinabè, mais il n'est pas le seul intelligent du Burkina. Il peut laisser la place aux autres et pourquoi ne pas devenir conseiller ou occuper d'autres fonctions honorifiques?»

Hortense Somé, opératrice économique

«Il faut éviter au pays le chaos»

«Ah! C'est une situation délicate. Pourquoi ne pas lui donner une chance de terminer ce qu'il a commencé? Pour moi le référendum est non, mais laisser le président faire sa prolongation comme le stipulait la médiation initiée par l'ex-président Jean-Baptiste Ouédraogo... peut être. Les clauses sont favorables pour éviter un chaos au pays. Deux ans c'est vite passé. S'il a pu faire 27 ans, ce ne sont pas ces quelques temps qui ne vont pas passer aussi! Je pense que le Faso ne mérite pas ce que les autres pays ont connu. Blaise a pu être médiateur dans pas mal de situations; ce n'est pas le cas de son pays qui sera une impasse pour lui. Evitons de courir dans le désordre et concentrons-nous plus sur ce qui nous unit».

Propos recueillis par

Bassératou KINDO

Ibrahima Zallé

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