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Dénouement de la crise burkinabè

| 02.10.2015
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Tahirou Barry - Président du Parti de la renaissance nationale (PAREN)
© DR / Autre Presse
Tahirou Barry - Président du Parti de la renaissance nationale (PAREN)
Suite au «dénouement » de la crise consécutive au putsch raté du général Gilbert Diendéré et de certains éléments de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP), Sidwaya a approché quelques acteurs politiques afin de recueillir leurs avis sur la question et leurs attentes relatives à la suite de la Transition. Lisez plutôt !


Tahirou Barry, candidat du Parti pour la renaissance (PAREN) : «il fallait en finir pour ne pas prolonger inutilement la souffrance»

«Je salue la fin des hostilités grâce au professionnalisme et à la bravoure de nos forces de défense et de sécurité qui n’ont pas eu d’autres alternatives, que d’user de la force pour arrêter la folie des ennemis du peuple. Mieux vaut une fin effroyable qu’un effroi sans fin, nous dit Pierre Leulliette. Selon le gouvernement, malgré toutes les garanties de sécurité données au général Gilbert Diendéré et à ses ex-éléments du Régiment de sécurité présidentielle (RSP). La résistance était manifeste au désarmement depuis le 27 septembre. Il fallait donc en finir définitivement pour ne pas prolonger inutilement la souffrance du peuple burkinabè déjà meurtri par la misère, la maladie et le chômage endémique. La suite, il faut s’engager urgemment dans l’œuvre de normalisation de la situation, restaurer la justice à travers la lumière sur tout ce qui s’est passé et achever le processus électoral brutalement interrompu par cette bande des sans foi ni loi ».

Me Bénéwendé Sankara, candidat de l’Union pour la renaissance/Parti sankariste (UNIR/PS) : « Nous pensons que les éléments du RSP répondront de leurs actes»

«Pour moi c’est une victoire d’un peuple mobilisé et déterminé qui a su faire corps avec son armée avec laquelle il s’est reconstitué pour venir à bout du RSP qui a perturbé le déroulement de la Transition réhabilitée par les Burkinabè et toute la communauté internationale. C’est une légitime fierté car le peuple a toujours clamé haut et fort qu’il faut démanteler le RSP. Autrement, on ne peut pas prospérer dans la démocratie dans notre pays. Nous pensons que les éléments du RSP qualifiés de terroristes répondront de leurs actes devant la justice et que le général Diendéré qui est en cavale se rendra. Il va falloir évaluer la situation et discuter avec toutes les parties prenantes de la Transition. Mon souhait est qu’on puisse, entre acteurs, remettre la Transition sur les rails sur la base du consensus qui a toujours été le socle des discussions. De toutes les façons, le processus était déjà terminé. Ce sont plutôt les aspects techniques et matériels au niveau de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) qu’on va recadrer ».

Françoise Toé, Candidate indépendante du Mouvement de libération nationale Burkina Faso (MLN-BF) : «Nous appelons les autorités de la Transition à décréter trois jours de deuil»

Le Mouvement de libération nationle-Burkina Faso (MLN-BF) groupe majoritaire du Parti pour la démocratie et le progrès/Parti socialiste (PDP/PS) voudrait par la présente déclaration, traduire son soulagement après le dénouement de la crise que connaît notre pays depuis deux semaines suite au coup d’Etat, et féliciter chaleureusement nos Forces de défense et de sécurité pour leur bravoure, leur professionnalisme et d’être restées aux côtés du peuple burkinabé. Nous regrettons que le désarmement du RSP n’ait pas été possible par la voie pacifique. Nous appelons le gouvernement de la Transition et la population à la vigilance et encourageons le peuple burkinabè à faire respecter, par sa détermination, la démocratie au pays des Hommes intègres.

A présent, construisons une armée nationale unifiée et républicaine par l’intégration fraternelle des ex-militaires du RSP dans leurs nouvelles unités d’affectation.

Il est souhaitable que le général Gilbert Diendéré soit appréhendé et mis en sécurité. Il a des comptes à rendre aux Burkinabè et nous devons faire confiance à nos autorités judiciaires pour un traitement diligent de ce dossier. Dès aujourd’hui nous appelons tous les Burkinabè à la tolérance et au pardon. L'avenir du pays passe par là ! Nous appelons les autorités de la Transition à décréter trois jours de deuil national, à procéder à l’identification des personnes décédées et à leur inhumation en héros. Mon mouvement appelle au sens du patriotisme des uns et des autres. Nous exhortons le gouvernement de la Transition à fixer la date du scrutin dans les meilleurs délais (au plus tard le 22 novembre 2015). Nous devons aller aux élections sans tarder. En effet, les Burkinabè iront aux urnes pour élire le président du Faso et les 127 députés qui composent l’assemblée nationale. Depuis le début des années quatre-vingt-dix, les Burkinabè se sont régulièrement rendus aux urnes pour élire leurs représentants. Mais le rendez-vous de cette année 2015 est une première parce que les citoyens devront élire le même jour, dans le même bureau de vote, le président de la République et les députés. Ces élections sont aussi organisées dans un contexte politique particulier, un an après l’insurrection populaire qui a provoqué la chute du régime de Blaise Compaoré en octobre 2014 et la mise en place d’un gouvernement de Transition. Une Transition qui, hélas, a été mise à mal par la stupidité d’un groupe d’individus égoïstes qui a perpétré un coup d’Etat les 16-17 septembre conduit par le « très célèbre » Gilbert Diendéré. Heureusement, notre vaillant peuple et ses Forces de défense et de sécurité, avec la maturité qui est la leur ont su, avec courage, repousser cette forfaiture pour réaliser à nouveau notre libération. Le MLN-BF présente ses condoléances aux familles des martyrs des 17 et 18 septembre 2015 et souhaite un prompt rétablissement aux nombreux blessés. Il appelle la Transition à l’arrestation des putschistes, pour les traduire en justice selon la Constitution de notre pays.

Clément P. Sawadogo, secrétaire général du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) : « je ne vois pas de quelle autre manière il fallait procéder »

« Je ne vois pas de quelle autre manière on aurait pu obtenir ce dénouement puisque les éléments de l’ex-RSP radicalisés et instrumentalisés par le général Gilbert Diendéré ne voulaient pas se rendre. Ils avaient annoncé qu’ils acceptaient le désarmement et l’armée avait effectivement commencé l’opération sous l’œil vigilant des observateurs, y compris de la presse qui a eu la latitude de filmer le matériel qui a été enlevé et stocker au camp Sangoulé-Lamizana. A partir du moment où on a tous assisté à ce refus de poursuivre l’opération, je ne vois pas de quelle autre manière il fallait procéder puisque ces éléments radicalisés ne voulaient plus se rendre.

On doit se féliciter de ce que les autorités de la Transition ont pris les mesures nécessaires pour que la crise soit réglée, même si elle ne l’est pas entièrement. Pour l’essentiel jusque-là, le gouvernement a eu une conduite honorable. Ensuite, nous souhaitons que le gouvernement puisse continuer de clarifier toutes les situations qui ont jalonné ce putsch irresponsable et à prendre les mesures nécessaires pour que force reste à la loi et que les auteurs soient punis à la hauteur de leur forfait. Enfin, nous souhaitons que le gouvernement de la Transition, en rapport avec les autres acteurs comme la Commission électorale nationale indépendante, puissent fixer de manière diligente la nouvelle date des élections présidentielle et législatives en ayant le souci de faire en sorte que cette date soit la plus rapprochée possible. En effet, tant que nous sommes dans une Transition, on ne connaîtra pas une paix, une quiétude vraiment à la hauteur de ce que les populations souhaitent. La Transition par définition est une situation de mi-figue mi-raisin et il faut y mettre fin rapidement pour que l’économie soit relancée, la vie sociale épanouie et qu’on tourne une page de l’instabilité ».

Propos recueillis par
Daniel ZONGO
et Bachirou NANA

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