Et comme il semble de coutume, les responsables de ce parti récusent l'appartenance des démissionnaires à leur formation car ne pouvant présenter leur carte de membre du MPP. Et pourtant...
Tout a commencé le mardi 09 septembre dans la salle de conférence Rosario Chiquette de Bobo. Armand SAWADOGO, le Chef de file des démissionnaires du MPP/Houet, est un ancien du RDS. Il était le Coordonnateur Régional des Hauts-Bassins de ce parti. A la naissance du MPP, il a misé tout son espoir sur ce nouveau parti. Mais aujourd'hui c'est la désillusion, c'est pourquoi, Armand SAWADOGO, Sayouba GUIRO, Charles BAMBARA, Karim ILBOUDO, Laurent Théophile N'DO, Madame Mariam YAMEOGO ainsi que de nombreux autres militants, ont tenu une conférence de presse « pour faire part à l'opinion publique de leur démission pure et simple du MPP à compter du mardi 09 septembre 2014 ».
Plusieurs raisons soutiennent cette démission mais les conférenciers ont priorisé leur désillusion vis-à-vis de ce qu'ils attendaient du MPP pour notre pays. « Nous avons quitté nos partis et formations politiques pour de meilleures attentes et ambitions politiques en faveur du peuple. Mais malheureusement nous sommes plus que déçus de ce que nous avons constaté de ce parti et du comportement de plusieurs de ses responsables. Nous pensons que des partis comme le CDP sont encore meilleurs ».
Les démissionnaires ont aussi décrié la participation du MPP à l'encouragement à des comportements de violence et de haine à travers la tenue de propos d'incitation à la violence de certains de ses responsables. Armand SAWADOGO et ses camarades revendiquent la démission de 300 militants. Ils disent tous qu'ils regrettent aujourd'hui avoir milité au MPP.
« À partir de ce jour, nous, démissionnaires du MPP, prenons l'engagement ici et maintenant de rejoindre le CDP, d'œuvrer pour la paix, la stabilité et l'émergence économique de notre cher pays le Burkina Faso ». Le mercredi 10 septembre, un autre groupe de démissionnaires convoquait la presse à la maison de la Femme de Lafiabougou pour annoncer leur démission du MPP. Au contraire des premiers démissionnaires, les seconds n'ont pas choisi immédiatement d'aller au CDP : « au stade actuel, s'il est vrai que nous démissionnons du MPP, nous nous donnons le temps de la réflexion avant de nous engager dans un autre parti, ou pourquoi pas de créer le nôtre » déclarent ces derniers qui ont néanmoins tenu à féliciter « leurs prédécesseurs démissionnaires qui leur ont montré le chemin du courage et de la détermination face aux pressions et menaces du MPP ». Et pour s'expliquer, ils préciseront : « Pour avoir fait partie de leur famille politique, nous connaissons parfaitement les risques et les difficultés que ces démissionnaires ont dû traverser afin de se libérer des chaines de ces chefs de guerre que sont les ténors du MPP ». Alfa Sinaly TRAORE, le chef de file de ce groupe, dit avoir reçu toutes sortes de propositions financières du MPP.
Se référer directement au peuple
Les démissionnaires pensent que le MPP n'a pas d'avenir et au nombre des griefs qu'ils ont émis à l'encontre de ce parti, on peut citer les problèmes de gouvernance, le clientélisme et un manque de vision claire pour le pays.
Sur la question de l'article 37, la position des démissionnaires est claire ; « nous sommes des républicains et de ce fait, nous nous conformons à ce que dit la Constitution. Et la Constitution actuelle autorise bel et bien la modification de l'article 37 soit à travers un vote à l'assemblée ou en consultant le peuple directement à travers le vote référendaire ».
La réplique du MPP ne s'est pas fait attendre ; le même mercredi dans l'après-midi, une assemblée générale d'information fut convoquée au siège par les jeunes du MPP Houet. Le responsable des jeunes du MPP, Abdoulaye MOSSE, qui dit être présent à Bobo dans le cadre d'un atelier au profit des administrateurs des sociétés d'Etat, en a profité pour s'exprimer sur la question de ces démissions. « A Bobo, nous n'avons pas encore enregistré une démission écrite déposée à notre siège(...) Pour le reste, ce sont des militants non détenteurs de carte de membre » dira-t-il et pour lui, les démissionnaires pouvaient peut-être quitter le MPP pour des partis comme l'UPC ou l'UNIR/PS et non pour le CDP qui est contre le changement.
Comme on le constate, c'est toujours la même rengaine. Les arrivées dans le parti sont souvent accueillies avec triomphalisme mais quand viennent les démissions, on n'hésite pas à renier les camarades d'hier. Ainsi va la politique au pays des Hommes intègres. On souhaite que de part et d'autre, les acteurs politiques de tous les bords puissent s'entendre sur l'essentiel afin de préserver la paix et la cohésion sociale dans notre pays.