En réaction à la prétendue démission de ces soi-disant militants du MPP, le parti des RSS & Co (Roch-Salif-Simon et compagnie) avait traité le président du Conseil régional de la jeunesse du Centre de taupe, d'infiltré et de missionnaire du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), parti au pouvoir. Des jeunes, ayant participé à la rencontre au cours de laquelle la liste brandie par Mohamed Traoré le jour de leur simulation de démission a été établie, viennent de sortir de leur silence pour dénoncer ce qu'ils considèrent comme étant un abus de confiance de la part de celui qu'ils prenaient pour un exemple à suivre. Et leurs témoignages rapportés par lefaso.net sont tout simplement consternants. Morceau choisi: «Il (ndlr Mohamed Traoré) m'a dit vouloir échanger avec les jeunes, et m'a remis une feuille pour prendre les noms de tous ceux qui étaient présents, avec les références de leurs pièces d'identité. Mohamed a tout simplement dit aux jeunes de se mobiliser pour qu'il y ait le référendum au Burkina Faso. Le jour du référendum, chacun sera libre de voter «oui» ou de voter «non». Et il est reparti avec la liste», explique Moussa Traoré, oncle paternel de Mohamed Lallé Traoré et porte-parole des faux démissionnaires malgré eux.
Herbert Hien, étudiant en Lettres modernes à l'université de Koudougou, Ibrahim Hié et Lassina Albert Koné, chauffeur, qui ont tous affirmé n'être des militants ni du MPP ni du CDP, ont tous abondé dans le même sens. Idem pour Drissa Soma qui, lui, semble avoir flairé la roublardise et été plus vigilant que les autres en ne s'inscrivant pas sur la fameuse liste. Tout est donc clair!
Dans le but de disposer d'une liste comme preuve pour tenter de convaincre la presse de l'existence de malaise au MPP, Mohamed Traoré se sert de son oncle pour mobiliser les jeunes. Il quitte Ouaga le même jour et les rejoint à Banfora pour tenir avec eux, selon lui, une rencontre d'échanges. Il leur camoufle l'objet réel de sa visite pour qu'ils acceptent d'écrire leurs noms sur cette liste dite de présence à la rencontre. La suite, on la connaît. Une fois l'arme du crime acquise, il regagne la capitale burkinabè où il dégaine en présentant une liste de démissionnaires dont le nombre annoncé est très en deçà de celui de la liste et de ceux présents dans la salle le jour de la conférence de presse. Une irrégularité, parmi tant d'autres, que les journalistes n'ont pas manqué de relever. Mohamed Traoré ne semble pas être seulement de mauvaise foi.
De toute évidence, il est aussi malhabile qu'inconséquent. Sûrement un vrai néophyte en matière de malversations politiques. Soit il n'est pas allé à la bonne école, soit il n'a pas bien assimilé les leçons de manipulation des faits qui lui ont été apprises par ses mentors, soit il a tout simplement voulu impressionner ou surprendre agréablement ces derniers en improvisant, sans réflexion bien mûrie, ce plan machiavélique mal exécuté. Dans tous les cas, pour un échec, c'en fut un, même très cuisant. Il reste à espérer, pour son propre bien et pour celui de la politique au Faso, qu'il tirera des leçons utiles de sa déculottée due à son amateurisme et à sa propension pour la courte échelle. Que Mohamed Traoré ait été juste le pion principal d'un joueur politique commanditaire de cette arnaque ou qu'il en ait été l'initiateur et l'exécutant, l'essentiel est que la vérité s'est sue au grand jour. En attendant peut-être de découvrir d'autres machinations du même genre dans ces démissions en cascades qui étaient en réalité trop belles pour être fortuites, l'on ne peut qu'appeler la jeunesse à la vigilance par ces temps de tractations et de débauches politiques vraies fausses.
JPS
