Démission du CFOP : De l’union sacrée à la rivalité folle

| 19.11.2014
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Démission du CFOP : De l’union sacrée à la rivalité folle
© DR / Autre Presse
Démission du CFOP : De l’union sacrée à la rivalité folle
Fin de mission du chef de file de l'opposition (CFOP).


Par communiqué daté du 16 novembre 2014 (lire page 6), Zéphirin Diabré a mis terme au mandat de l'institution dont il était l'incarnation. Un acte logique au regard du contexte politique, marqué, entre autres, par la dissolution de l'Assemblée nationale et du gouvernement par l'armée, dans la soirée du 30 octobre, jour de l'insurrection populaire contre le régime Compaoré.

Mais quelque deux semaines après le passage du tsunami qui a balayé nombre d'institutions, le pays retrouve petit à petit la voie de la normalisation avec la mise en place progressive des organes de la transition démocratique et civile.

D'ici la fin de la semaine, on devra retrouver un exécutif et un législatif transitoire en ordre de marche.

Après la prestation de serment du président par intérim, Michel Kafando, hier mardi 18 novembre 2014, le chronogramme prévoit aujourd'hui mercredi la nomination d'un Premier ministre suivie de la composition du gouvernement et, demain jeudi, la publication de la liste des membres du Conseil national de transition (CNT), pouvoir législatif de la transition.

C'est donc tirant toutes les conséquences de ce remodelage institutionnel que Zeph, comme on l'appelle, a mis fin à ses fonctions de chef de file de l'opposition.

Mais avant cette décision certes attendue, certains de ses camarades le poussaient déjà vers la porte pendant que les stigmates des « Quatre Glorieuses » étaient encore rougeoyants.

C'est qu'à la vérité, le CFOP n'a de raison d'exister que s'il y a une majorité. Les deux étant en quelque sorte les faces d'une même médaille. Or depuis la journée chaude du 30 octobre on sait ce qu'il est advenu de cette majorité. Alors à quoi les partis affiliés à l'institution allaient-ils s'opposer désormais, puisqu'ils sont à la manœuvre, avec les OSC et l'armée, des organes chargés de gérer la transition ?

Maintenant que l'entre-soi des damnés de la 4e République est dissolu, place au chacun pour soi. Avec tout ce que cela comporte.

Ceux qui avaient fait front commun contre le pouvoir de Blaise Compaoré et sont parvenus à faire pièces à la volonté de tripatouillage de la Constitution vont devoir retourner les armes les uns contre les autres. Chacun cherchera à se couler, c'est légitime, dans le moule de la majorité. Et cette rivalité promet des étincelles.

On ne verra donc plus Zéphirin Diabré parler au nom de ses pairs opposants, pas plus qu'on ne le reverra plus bras-dessus, bras-dessous avec Roch, Me. Sankara, Tahirou Barry, Ablassé Ouédraogo et tutti quanti. Il y aura de belles empoignades et surtout du suspense sur l'issue des joutes électorales à venir. Et c'est tant mieux pour notre démocratie qui a longtemps souffert des scrutins pliés d'avance.

Avec les consultations à venir, les plus ouvertes que notre pays ait jamais connues, on ne pouvait pas rêver mieux que pareille recomposition des forces.

Pourvu que cette rivalité entre alliés d'hier n'affecte pas la bonne marche de la transition.

Alain Saint Robespierre

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