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Demandes d'adhésion d'ex-militants du CDP : Un véritable casse-tête pour le MPP

| 06.12.2014
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Demandes d'adhésion d'ex-militants du CDP : Un véritable casse-tête pour le MPP
© DR / Autre Presse
Demandes d'adhésion d'ex-militants du CDP : Un véritable casse-tête pour le MPP
Le Mouvement du peuple et du progrès est en proie à un vrai dilemme. Comment accueillir le flot de nouveaux adhérents qui frappent avec insistance à la porte sans se discréditer et sans créer des frustrations au sein des militants de la première heure? Ces ouvriers de la dernière heure posent en effet problème. Ils ont pour la plupart accompagné le régime Compaoré jusqu'à sa chute. On pourrait donc les qualifier d'opportunistes en quête d'une nouvelle virginité.


Quand le bateau sombre, ses occupants se cherchent. C'est bien le cas du CDP. On comprend donc la prudence avec laquelle le MPP regarde cette nouvelle migration s'opérer. Mais le parti du président Compaoré, le CDP, faut-il le rappeler, ne comptait pas que des faucons. Beaucoup de militants et même certains responsables du parti étaient connus pour leur modération. Même s'ils ont aujourd'hui le péché majeur et peut-être impardonnable de n'avoir pas démissionné, il faut leur reconnaitre d'avoir été pris dans un tourbillon dont ils étaient prisonniers. Alors, le MPP doit-il traiter les adhésions au cas par cas? En tout cas, il doit sans doute s'interroger sur la stratégie à adopter dans la course aux élections qui vient d'être lancée. Officiellement, c'est la fermeté et le refus de la compromission avec les anciens dignitaires du CDP, qui semble de mise.

Le cas Zakaria Sawadogo en dit long sur cette posture sans concession du parti. Le MPP a immédiatement démenti les rumeurs faisant état de ce qu'il aurait accueilli dans ses rangs l'ancien maire de Nongremassom. Salif Dialllo, l'idéologue du MPP, a du reste confirmé cette ligne lors de son dernier passage à Bobo, face à des militants. Il a laissé entendre que d'anciens griots de Blaise Compaoré rampaient de nuit pour venir les voir. Cela veut tout dire: le MPP ne collaborera pas avec les ex-CDPistes zélés. Sans doute le parti a-t-il raison de se montrer intraitable sur cette question. Il n'a pas intérêt à réveiller les vieilles suspicions qui ont suivi sa création, certains n'ayant pas cru à la réalité de leur désamour avec Blaise Compaoré. Bien sûr, les événements liés à l'insurrection populaire, pour les gens honnêtes, doivent définitivement dissiper ces doutes. Sauf si l'on est de mauvaise foi, personne ne peut nier l'apport majeur du MPP à la mise en échec du projet machiavélique de Blaise Compaoré. Ce dernier l'a lui-même avoué dans Jeune Afrique, en accusant notamment Salif Diallo d'avoir contribuéà sa chute. Le débat sur l'engagement du MPP contre le pouvoir Compaoré devrait donc être clos. Mais le parti demeure prudent. Il sait que les ressentiments sont grands contre le régime déchu dont tous les défenseurs sont considérés comme la peste. Tout compromis pourrait donc annihiler, aux yeux de nombre de citoyens, le capital de confiance engrangé par le parti après les évènements des 30 et 31 octobre.

Sans compter qu'une arrivée massive d'ex-cadres du CDP peut provoquer des frustrations au sein même du MPP. Des problèmes de positionnement peuvent se poser quand viendront les élections. Le MPP doit donc contourner un piège dans sa relation avec les tenants de l'ex-pouvoir revenus à de meilleurs sentiments: éviter d'être un refuge de défenseurs de l'ex-régime. Pour cela, il doit travailler à installer un tamis très resserré pour ne laisser passer à sa porte que des personnes fréquentables ne trainant aucune casserole. Parce que, après tout, le réalisme commande que le parti ne rejette pas systématiquement tous les arrivants, auquel cas d'autres partis seraient heureux de les accueillir.

On a bien vu que dans les attaques de biens et de domiciles, beaucoup de tenants du régime Compaoré ont étéépargnés. Ce n'est pas un hasard. Au-delà de leur appartenance politique, ils avaient peut-être une vie sociale correcte. Les insurgés, en agissant de façon sélective, ont montré que tous les militants du CDP ne sont pas mauvais. Quant à ceux qui sont mis à l'index, ils doivent eux-mêmes se faire une religion et avoir la décence et la dignité de se mettre en quarantaine, de rester dans leur ancien parti ou d'en créer un nouveau. En tout cas, il leur faut laisser le temps au temps.

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