Quelle aurait été leur attitude, si leur forfaiture avait pu passer ?
De ce point de vue, l'on peut se poser la question de savoir s'ils méritent le pardon. C'est d'ailleurs pour cette raison que d'aucuns estiment que ces demandeurs de pardon sont moralement et politiquement disqualifiés pour gérer la transition politique aux côtés des forces vives qui ont eu la témérité de défier, les mains nues, le pouvoir de Blaise Compaoré, jusqu'à le terrasser. Et on peut les comprendre. Car, ce serait une insulte suprême à la mémoire des Burkinabè qui ont trouvé la mort dans le cadre des manifestations du 30 octobre dernier.
L'autre question que l'on pourrait poser aux demandeurs de pardon de l'ex-majorité est la suivante : quelle aurait été leur attitude aujourd'hui, si leur forfaiture avait pu passer à l'Assemblée nationale le 30 octobre et ce, au prix de nombreux morts et blessés ? Cette question est d'autant plus pertinente que l'on pouvait s'attendre à un tel scénario, si les forces de l'ordre avaient, sans état d'âme, réprimé par tous les moyens, les manifestants du 30 octobre. Cette question pourrait davantage embarrasser les demandeurs de pardon de l'ex-majorité au regard de la conviction et de la passion avec lesquelles ils défendaient les intérêts de la personne de Blaise Compaoré. De ce fait, l'on ne doit pas craindre de dire qu'ils auraient attribué la responsabilité de ces morts et blessés à l'intolérance et à l'activisme de l'opposition politique et de certaines associations de la société civile. Et leurs principaux responsables auraient été vite rasés et embastillés dans l'attente de leur procès pour atteinte à la sûreté de l'Etat, incitation à la violence, homicide involontaire, saccages et pillages de biens, etc. Pour toutes ces raisons, l'on a envie de leur dire que leur mea culpa n'est pas sain. Il est au contraire opportuniste et nauséeux. En réalité, en fins et froids calculateurs, ils veulent simplement accrocher leurs habits là où le soleil brille. En effet, après leur facile et rapide demande de pardon, ils pourraient être intéressés par les postes alloués à l'ex-majorité, au sein des organes de la transition en gestation. Ils le feront d'autant plus allègrement que l'idée du lieutenant-colonel Isaac Yacouba Zida, selon laquelle « on ne peut pas avancer en laissant des fils du pays dernière », a tendance à les absoudre.
C'est pourquoi l'on peut se risquer à apporter cette antithèse à l'idée du lieutenant-colonel. On ne peut pas avancer non plus en faisant table rase du passé. Surtout que dans le cas d'espèce, il est encore récent.
Poudem PICKOU