L’opposition politique burkinabè retrousse de nouveau ses manches. Le chef de file de l’opposition politique Zéphirin Diabré entouré de quelques cadors de l’opposition ont rencontré la presse mardi 12 août 2014 pour faire part à l’opinion nationale de leur déception quant aux récentes déclarations du président Blaise Compaoré dans les médias étrangers en marge du 1er sommet USA- Afrique à Washington. Pour mémoire, en réponse à la célèbre déclaration d’Accra de 2008 du président Barack Obama selon laquelle « l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts mais d’institutions fortes », le président Compaoré disait à notre confrère de RFI, « il n’y a pas d’institutions fortes s’il n’y a pas bien sûr d’homme fort ». L’opposition burkinabè entend d’une mauvaise oreille cette déclaration du président du Faso puisque dit-elle, l’homme fort nous ramène à un Etat d’exception. Selon Zéphirin Diabré, contrairement à la déclaration du président du Faso, « l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, des despotes omnipotents qui décident tout seuls pour leur pays, qui se croient au dessus des lois et gèrent leur pays comme des biens personnels (…) » mais « des leaders qui ont de la vision et de l’ambition pour leur pays, qui se plient aux institutions et aux lois… ». Sur cette nuance d’hommes forts et de grand homme, le chef de file de l’opposition ira même à comparer Nelson Mandela qu’il présente comme étant un grand homme, par sa vision, par son sens du compromis, par son engagement pour son peuple à Mobutu Sesse Seko considéré comme un homme fort, un tyran et dont le départ a sombré le Zaïre et ses institutions. « C’est pourquoi les Burkinabè ne demandent pas à Blaise Compaoré d’être un homme fort. Ils lui demandent d’être un grand homme », a-t-il ajouté
Les déclarations de Blaise Compaoré à Washington n’étaient pas le seul objet d’indignation de l’opposition. Cette dernière estime que le président du Faso méprend son peuple en ne jugeant pas utile d’adresser un message d’anniversaire à son peuple lors de la célébration de la journée du 5 août, date d’anniversaire de l’accession de la Haute Volta à l’indépendance. « Ce mépris pour le peuple Burkinabè du chef de l’Etat est incompréhensible et inacceptable » a déclaré Zéphirin Diabré.
« Il n’y aura pas de referendum… »
Quant à la déclaration du président Compaoré d’organiser le référendum sur l’article 37, le CFOP répond : « Nous disons au président Blaise Compaoré qu’il n’y aura pas de référendum dans notre pays pour la modification de l’article 37 qui ne concerne que lui et lui seul uniquement sur les 17 millions de Burkinabè que nous sommes ». Pour Zéphirin Diabré et ses camarades de l’opposition, restés stoïques sur leur refus à toute idée de référendum, « dans la situation politique actuelle du Burkina Faso, rien n’oblige à modifier l’article 37 pour offrir un pouvoir à un chef d’Etat qui a déjà régné pendant presque trois décennies ». Selon eux, un référendum sur l’article 37 entrainerait une aggravation de la fracture sociale dans le contexte actuel du pays. Pour accentuer leur pression au pouvoir de renoncer à l’organisation du référendum et des autres sujets qui divisent, le CFOP convoque une marche-meeting à Ouagadougou le 23 août 2014.
Des déclarations qui seront lourdes de conséquences fâcheuses pour le Burkina…
« … Avec cette déclaration du président Blaise Compaoré, le Burkina Faso se place sur la liste des pays de non droits dans ce monde et certainement que nous devons nous attendre en retour à la réaction de l’administration américaine qui considère le changement et l’alternance dans la gestion des affaires de l’Etat comme une valeur cardinale de la démocratie », a prévenu le chef de file de l’opposition. Cette réaction pourrait se solder par l’exclusion du Burkina Faso au programme de l’AGOA, le non renouvellement du programme du Millenium Challenge Account (MCA), l’exclusion du Burkina des nouveaux programmes tels Power Africa, Trade Africa annoncés par le président Obama lors du sommet de Washington.
Max Junior