Imprimer cette page

Crise au PDS/ METBA : Les signes patents de la fragilité des partis politiques burkinabé

| 07.05.2015
Réagir
Crise au PDS/ METBA : Les signes patents de la fragilité des partis politiques burkinabé
© DR / Autre Presse
Crise au PDS/ METBA : Les signes patents de la fragilité des partis politiques burkinabé
« Comme je ne voulais pas être complice de la cassure du parti, j'ai décidé de ne pas participer au vote et je suis partis. Rien n'urge pour qu'on ne puisse pas attendre. Ils l'ont fait et aujourd'hui, le parti est cassé et je n'ai pas voulu être complice de cela. C'est pourquoi, je suis parti ». Ces propos sont de Etienne Traoré dans le journal le Pays, expliquant les raisons de son départ avant la fin du congrès de son parti, le PDS/METBA, les 2 et 3 mai derniers.


La phrase qui retiendra certainement plus l'attention des lecteurs est :"... aujourd'hui, le parti est cassé et je n'ai pas voulu être complice de cela. C'est pourquoi, je suis parti ». Ainsi donc, le PDS/METBA est cassé. Manifestement, cette situation est sans doute la conséquence d'une crise sournoise et latente qui couvait après le décès du vieux Arba Diallo dans la nuit du 30 septembre au 1e octobre 2014.

Il ne serait donc exagéré de dire que le courant entre les deux leaders du parti que sont Philipe Ouédraogo et Etienne Traoré, s'il passait, était bien alternatif à la lecture de certains propos dans la presse. Le linge sale qui pouvait se laver en famille se retrouve donc sur la place publique au grand regret de tous ceux et de toutes celles qui pensaient qu'après le décès de Arba Diallo, l'un des honneurs pouvait lui faire, c'est d'œuvrer à maintenir la cohésion au sein de son parti afin de perpétuer ses idées, donc son combat.

Mais malheusement , le PDS/METBA est en train de suivre ce que certains considèrent comme une coutume, une tare congénitale, dans les partis politiques burkinabé, c'est-à dire incapable de vivre ou de survivre et de fonctionner comme il se doit après de départ ou le décès du Président. Les exemples sont légion. C'est vrai que le vieux Arba Diallo était un ciment tant au sein de son parti, le PDS/METBA, qu'au niveau de toute l'opposition qui s'était regroupée au CFOP dont les membres lui vouaient un respect, mais de là à voir son parti se déchirer en lambeau en si peu de temps, ça ne fait vraiment pas honneur.

En tous cas, à écouter les protagonistes de cette crise, on est parti pour un bras de fer dont les conséquences se ressentiront à coup sûr sur la vie et le fonctionnement du parti. Pourtant, si la démocratie interne au sein des partis était respectée, il ya certaines crises qu'on pourrait éviter. Mais certains pensent qu'ils sont nés pour être à tête des partis, d'où les conflits de leadership qui ne peuvent inéluctablement que fragiliser le parti.

Et ce qui s'est passé au PDS/METBA le week-end dernier n'est rien d'autre qu'un conflit de leadership au sein du parti aux conséquences bien prévisibles, dans la mesure où dans des situations pareilles chaque leader a ses adeptes et inconditionnels. A lire Etienne Traoré, il faut craindre pour l'avenir du parti. Ce qui est bien dommage. Arba Diallo risque de se retourner dans sa tombe, si ce n'est déjà fait.

Comment alors ne pas donner raison à Camus qui disait : « Le démocrate, après tout, est celui qui admet qu'un adversaire peut avoir raison, qui le laisse donc s'exprimer et qui accepte de réfléchir à ses arguments. Quand des partis ou des hommes se trouvent assez persuadés de leurs raisons pour accepter de fermer la bouche de leurs contradicteurs par la violence, alors la démocratie n'est plus »

Publicité Publicité

Commentaires

Publicité Publicité