Conséquences politiques du putsch manqué: «fâcheuses» pour les uns, «salutaires» pour les autres

| 01.10.2015
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Conséquences politiques du putsch manqué: «fâcheuses» pour les uns, «salutaires» pour les autres
© AFP
Conséquences politiques du putsch manqué: «fâcheuses» pour les uns, «salutaires» pour les autres
Avec la prise du camp Naaba Koom II par les forces armées loyalistes dans la soirée du mardi 29 septembre 2015, un trait définitif semble se tirer sur le putsch manqué du 16 septembre 2015 opéré par l’ex-Régiment de la sécurité présidentielle (RSP) sous la houlette du général Gilbert Diendéré, homme lige de Blaise Compaoré depuis près de trois décennie. Cette nouvelle page, qui se tourne dans l’histoire politique du Burkina Faso, nous conduit à l’analyse des conséquences politiques de ce coup de force qui a créé l’émoi et la désapprobation totale des Burkinabè sur toute l’étendue du territoire national.



Intervenu à quatre jours de l’ouverture de la campagne électorale des scrutins couplés du 11 octobre 2015, ce coup de force du mort-né Conseil national pour la démocratie (CND), combattu vaillamment par le peuple qui, dans sa résistance, a payé un lourd tribut, a pour conséquence immédiate le report de ces échéances électorales qui devraient mettre un terme à la Transition entamée en novembre 2014, au lendemain de l’insurrection populaire qui a fait chuter le régime Compaoré. Ce fut aussi l’occasion de revoir la configuration politique d’avant-insurrection se redessiner avec d’une part, les partis de l’ex-majorité dont le chef de file est le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) et d’autre part, les partis de l’ex-CFOP qui ont su taire leurs divergences pour faire barrage aux putschistes, alors que certains leaders voyaient leur domiciles attaqués par les hordes de l’ex-garde prétorienne de Blaise Compaoré.

Comme nous l’écrivions il y a quelques jours, avec l’échec de ce coup de force, c’est l’avenir des partis signataires de la déclaration de soutien au Conseil national pour la démocratie qui est en péril.

Manifestement, en apportant leur caution aux agissements des soldats, ils ont fait le lit d’une déculottée électorale devenue inévitable. D’ores et déjà, après le rétablissement des autorités de la Transition dans leurs fonctions, un communiqué à l’endroit des institutions financières nationales signé par le procureur général, Laurent Poda, a ordonné le gel des avoirs de quatorze personnalités et de quatre partis politiques soupçonnés d’être impliqués dans le coup d’Etat du 16 septembre dernier. A ce jour, et avec les derniers développements de l’actualité, aucune procédure judiciaire n’a été encore mise en branle contre «les putschistes et leurs valets» mais les arrestations qui ont lieu indiquent que chacun sera contraint de répondre de ses actes devant les juridictions.

En attendant l’établissement d’un nouveau calendrier électoral, ce sont des partis véritablement groggys qui affronteront leurs adversaires pour la conquête de la présidence du Faso et de l’hémicycle. La compromission, dont ils se sont rendus coupables, et la réaction épidermique des Burkinabè à l’endroit des auteurs de ce putsch, aura des conséquences fâcheuses pour ces formations politiques dont la sérénité semble être devenue un vague souvenir. A ce titre, la sortie récente du deuxième vice-président du CDP, et ancien président du directoire qui tacle violemment Eddie Komboïgo président du «CDP nouveau», en est une illustration parfaite. Si l’on se fie aux confidences de ce dernier, l’unité de «façade» dont le parti a su faire montre jusque-là ne tiendrait qu’à un fil dont la rupture pourrait intervenir incessamment.
Sans le vouloir, le général Diendéré et sa bande viennent de porter ce qu’il convient d’appeler le «l’estocade» au CDP qui éprouvait tant de mal à supporter la perte brutale du pouvoir d’Etat.
Ce énième camouflet, que vient de subir les nostalgiques invétérés de l’ancien ordre politique, vient ouvrir naturellement la voie au changement tant attendu par les millions de Burkinabè qui aspirent à une démocratisation véritable et à une gestion saine de la chose publique.

W. DAVY

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