Congrès de l’ADF/ RDA : l’heure de la clarification politique ?

| 14.03.2014
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© DR / Autre Presse
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L'heure est aux grandes manœuvres au sein des partis politiques burkinabè. L'échéance de 2015 marquée par toutes les incertitudes liées à l'éventuelle candidature du président Blaise Compaoré est dans tous les esprits. L'ADF/RDA (Alliance pour la démocratie et la fédération/Rassemblement démocratique africain), troisième parti sur l'échiquier politique national avec 18 députés, ne veut pas être à la remorque du mouvement en cours. Elle veut être une actrice majeure des enjeux futurs. On comprend pourquoi son 15e congrès ordinaire du 14 au 16 mars 2014, se tient sous le thème « L'ADF/RDA face aux défis de la transition politique et du renforcement de la démocratie au Burkina ». Ce thème, même s'il est d'une actualité brûlante, pèche par son caractère général et flou. Ce thème ressemble bien à la posture adoptée par l'ADF/RDA depuis sa création, faite d'ambiguïtés.


L'ADF-RDA est l'ovni de la classe politique burkinabè : on n'arrive pas à cerner avec clarté sa ligne politique toute en zigzag. Elle se dit de la majorité mais refuse de siéger au sein du Front républicain créé par le CDP. Mais sa plus grande contradiction, c'est de soutenir le programme quinquennal du président Blaise Compaoré tout en s'opposant farouchement à la révision de l'article 37 pour permettre à ce dernier d'être à nouveau candidat. Cette démarche sinueuse dont seul le président du parti a le secret, a cependant le désavantage de troubler, voire de dérouter les militants de l'ADF/RDA. Ce congrès, à un an de la présidentielle, a donc une résonance très particulière. Le parti devra clarifier sa position sur les grands sujets d'actualité, mieux rendre visible sa ligne politique et afficher sans ambivalence ses objectifs pour 2015. Les militants en premier lieu, et les observateurs ensuite, attendent de voir quelles seront les propositions de l'ADF/RDA. Pour l'instant, seule sa position sur l'article 37 est claire et limpide. Reste à savoir si elle la maintiendra, au cas où le président Compaoré et ses affidés tenteront un passage en force en le déverrouillant. L'autre grande question, qui dépend sans doute en grande partie de la candidature ou non de blaise Compaoré, ce sera de savoir ce que l'ADF/RDA envisage pour la présidentielle de 2015.

 

Présentera-t-elle enfin un candidat, elle qui ne cesse de clamer sa vocation de parti voulant le pouvoir d'Etat, mais qui ne franchit jamais le pas ?

La nécessité d'avoir un agenda clair s'impose aujourd'hui à l'ADF/RDA, si elle ne veut pas râter ce nouveau rendez-vous avec l'histoire. Depuis l'arrivée de l'UPC et maintenant du MPP sur l'échiquier politique national, l'offre politique a considérablement augmenté. Les militants ont l'embarras du choix. Et ce n'est pas pour rien si l'on observe un vaste mouvement migratoire de militants d'un parti à un autre. Si le parti ne remobilise pas ses troupes en clarifiant sa position, il pourrait en payer un lourd tribut. L''arrivée de nouvelles forces peut bousculer l'ADF-RDA. Le premier avertissement a eu lieu avec les dernières législatives, où l'ADF/RDA s'est fait ravir sa place de deuxième force politique par la toute jeune UPC de Zéphirin Diabré. Le parti de l'éléphant aura en particulier affaire à forte partie dans son fief du Yatenga, avec l'arrivée tonitruante de Salif Diallo et de son MPP. Les rivalités épiques d'antan, mises en berne avec la pause politique que Salif Diallo avait observée, vont reprendre de plus belle. Pour contrer le rouleau compresseur du MPP, la définition d'une identité claire s'impose. Les acquis de longue date sont fondamentalement remis en cause, en témoigne la bérézina du CDP aux municipales partielles dans l'arrondissement 4 de Ouagadougou. Son opposition à toute modification de l'article 37 est un bon point pour l'ADF/RDA. Mais les militants se contenteront-ils de ce seul véritable marqueur de la ligne du parti ? Les jours à venir nous en diront plus .
La Rédaction

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