« Notre association a été créée en 2011 après la mutinerie des militaires. Nous sommes venus pour travailler afin qu'il y ait cette cohésion sociale, dans la paix et la réconciliation. Depuis 2011, nous avons parlé d'un Burkina nouveau. 3 ans après, il y a eu l'insurrection populaire avec des maisons saccagées, des magasins brûlés. C'est pour cela que nous avons décidé d'aller au-delà des mots, c'est-à-dire de faire en sorte que ce parti puisse poser des actes dans ce sens. »
C'est ainsi que le nouveau président du dernier-né des partis politiques, Yacouba Ouédraogo, a expliqué la transformation de l'association « Le Burkina nouveau » en parti politique. En effet, cette association a officiellement été transformée en parti politique, le samedi 14 février 2015, et a tenu son assemblée générale constitutive, le même jour, au Palais de la jeunesse et de la culture Jean Pierre Guingané. Cette date, qui n'est pas sans rappeler la fête de l'amour comme l'appelle les initiés, a également servi à célébrer les noces du nouveau parti l'Union pour un Burkina nouveau et de la désormais ex-Convention des forces démocratiques du Burkina de l'ancien ministre délégué, Amadou Diemdioda Dicko. L'AG constitutive a, d'ailleurs, porté ce dernier comme premier vice-président de l'UBN (voir encadré).
Mieux d'affronter l'électorat que de prendre les armes
Selon le président fraichement élu, la contribution de l'UBN sera pour la paix. « Depuis un certain temps, notre pays est déchiré. Il y a beaucoup de mésentente. C'est pour cela que nous appelons les uns et les autres à nous rejoindre au sein de l'UBN pour construire, par nos actes, un Burkina nouveau et changer les mentalités », a clamé l'ancien ministre des Sports et des Loisirs. Par ailleurs, il a insisté sur le fait que le Burkina appartient à tous les Burkinabè.
A la question de savoir si les militaires ne devraient pas rester dans leurs casernes plutôt que de se lancer en politique, celui qui sera le candidat de l'UBN à l'élection d'octobre 2015 a répondu : « Tout citoyen a le droit de se présenter aux élections, qu'elles soient municipales, législatives ou présidentielles, à condition de déposer la tenue. C'est ce qui a été fait depuis le 1er janvier. Ces gens doivent aller au-delà de leurs réflexions et se dire qu'il est mieux pour un militaire de déposer la tenue et aller affronter l'électorat que de prendre son arme pour aller directement à Kosyam. »
« La ligne idéologique importe peu »
Pour ce qui concerne l'idéologie de l'UBN, le colonel Yacouba Ouédraogo a laissé entendre qu'il pensait aller au-delà de la ligne idéologique. Pour lui, l'idéologie « importe peu aux Burkinabè qui cherchent d'abord à manger et à se vêtir ». « Nous devons d'abord travailler ensemble parce que ça ne sert à rien de dire que nous sommes de la sociale démocratie ou des patriotes... Nous sommes venus pour réconcilier les Burkinabè entre eux afin qu'on construise notre pays », a expliqué le président national de l'UBN.
Par ailleurs, Yacouba Ouédraogo a indiqué que, quel que soit le programme, celui-ci ne peut être exécuté que dans la paix et la cohésion sociale, avant de donner rendez-vous prochainement aux journalistes pour l'annonce du programme que l'UBN entend proposer au peuple burkinabè. Pour ce faire, l'ancien ministre des Sports et des Loisirs a affirmé : « Nous devons accompagner la Transition afin que cela se passe bien et qu'on ait une très bonne transition. Notre devoir est d'accompagner ceux qui sont là afin que les élections se déroulent bien ».
Tout parti naissant pour la conquête du pouvoir d'Etat comme il l'a indiqué, le président de l'UBN¸ a dit espérer que la mobilisation constatée lors de cette AG ira grandissante « pour qu'au soir du 11 octobre 2015 la victoire soit totale et éclatante ».
Par Philippe Bouélé BATIONO
Légendes :
1.Le président de l'Union pour un Burkina nouveau (UBN), le colonel Yacouba Ouédraogo, compte aller à la conquête de Kosyam
2.L'assemblée générale constitutive a connu une mobilisation des grands jours
3.La photo de famille des membres du bureau exécutif national de l'UBN
ENCADRE
Diemdioda Dicko sur les raisons du ralliement du CFDB
Nous avons d'abord créé une structure qui s'appelle la Convention pour la démocratie et la fédération en 1998. Il y avait trop de difficultés pour pouvoir gérer un parti. Le paysage politique burkinabè est très riche en matière de partis politiques. Donc, nous sommes allés vers des alliances. C'est ainsi que nous avons créé la Convention des forces démocratiques (CFDB). Nous avons ensuite fait une alliance avec d'autres partis et nous étions à l'époque 6 partis, en 2002. Ram Ouédraogo était notre président. Nous n'avons pas pu continuer ensemble parce qu'au Burkina Faso, chacun veut être chef. Ce qui fait que la coalition, bien qu'ayant eu 5 députés en 2002, a fini par éclaté. Nous avons poursuivi avec d'autres partis qui sont restés et d'autres partis qui se sont ralliés. En 2012, nous avons eu 3 députés, 8 communes dont une commune urbaine et un président de conseil régional. Aux sénatoriales, nous étions le 2e parti après le CDP. Après les 30 et 31 octobre, le parti s'est affaibli au même titre que les autres, si bien que nous avons perdu un certain nombre de militants. Pour ne pas aller à la déchéance totale, nous avons dit qu'il était souhaitable d'aller vers d'autres regroupements. C'est ainsi que nous avons eu comme prédilection l'UBN qui prône, comme nous, la paix, la tolérance, le pardon et la cohésion sociale. Nos objectifs se rejoignent. Nous avions également besoin d'avoir un candidat. Je pense que Yacouba Ouédraogo peut être la personne la mieux indiquée pour participer aux élections présidentielles de 2015.
Propos recueillis par PBB