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Est-ce la fin de la médiation de Jean-Baptiste Ouédraogo? Difficile d'y répondre, mais rien ne présage l'optimisme, car l'opposition politique reste sur sa position : tant qu'Assimi Koanda et sa délégation ne présenteront pas un mandat de Blaise Compaoré, la rencontre du 10 mars 2014 n'aura pas lieu. Dans sa déclaration liminaire, Zéphirin Diabré a été très clair sur la question et a tenu à expliquer les raisons pour lesquelles l'opposition politique exige le mandat (voir encadré).
Mais avant d'en arriver là, les animateurs de la conférence de presse ont d'abord fait la genèse du processus de la médiation :
- 3 février 2014 : Suite à une invitation du président JBO, l'opposition s'est rendue au siège de la médiation.
A cette occasion, les médiateurs ont exposé les motifs de leur démarche et présenté leur méthode de travail. "L'opposition a ainsi pu prendre connaissance d'un certain nombre de propositions de sortie de crise dont certaines émanaient de la médiation et d'autres présentées comme ayant reçu l'assentiment du Président du Faso", a indiqué Zeph. Le compte-rendu a été par la suite fait à l'asssemblée générale des partis politiques de l'opposition puis une lettre a été remise le 5 février 2014 à la médiation pour lui redire son opposition à la révision de l'article 37, au Sénat et à toute idée de référendum. "Le même jour, (NDLR : le 5 février), a poursuivi l'ancien ministre de l'Economie et des Finances, "le leader de la Majorité, après la déclaration liminaire de JBO, a demandé le report de la réunion parce que la majorité n'avait pas eu le temps de se concerter"
- 10 février 2014 : Nouvelle réunion mais avant le début de la séance, la délégation de l'opposition a exigé que celle du pouvoir présente un mandat du chef de l'Etat l'autorisant à négocier en son nom. Un accord n'ayant pas été conclu autour de la question, les travaux ont été suspendus.
Pourquoi attendre jusqu'à la 3e réunion avant de poser ce préalable?
Pour Zéphirin Diabré et ses camarades Ablassé Ouédraogo, Bénéwendé Sankara, Moussa Boly, Jean Hubert Bazié, etc., ce préalable était prévu pour être soulevé dès le 5 février, jour où la délégation d'Assimi Koanda a demandé et obtenu le report de la réunion. "Il n'était donc pas utile d'introduire le sujet".
Dans tous les cas, pour Zéphirin Diabré, toutes les controverses actuelles tournent autour de Blaise Compaoré et c'est avec lui que les discussions peuvent se faire. "Mais on ne demandera pas au chef de l'Etat de laisser ses activités pour échanger avec l'opposition chaque matin, il peut envoyer des représentants dûment et expressément mandatés", a déclaré Zephirin Diabré qui estime que lors de sa rencontre avec le locataire de Kosyam le 14 novembre 2013, il a abordé toutes ces questions en lui soumettant un mémorandum qui n'a pas reçu de réponse jusque-là. D'ailleurs, le président de l'UPC ne comprend pas pourquoi Blaise Compaoré reçoit les opposants de certains pays et ne veut pas en faire de même avec son opposition.
En dehors du sujet de la médiation, les conférenciers du jour ont évoqué le sujet du référendum en clairifiant davantage leur position : il n'y aura pas de référendum surtout que la CENI travaille à reviser le fichier électoral et est confronté à de nombreuses difficultés.
C'est, du reste, la raison pour laquelle l'opposition a voulu devancer les choses pour éviter que les retards à la CENI ne soient pas un pretexte pour le pouvoir de ne pas organiser la présidentielle à bonne date en manœuvrant comme à la "Gbagbo" pour donner un "lenga" à Blaise Compaoré. "Le Burkina n'est pas un cabaret de Yempoaka", a martélé, à cet effet, Jean-Hubert Bazié.
En dépit des controverses et des risques de troubles sociaux, Zeph se veut rassurant : l'opposition ne fera rien qui puisse sacrifier les intérêts du peuple; elle ne ménagera aucun effort et ne s'épargnera aucun sacrifice pour que continue de régner la paix et la concorde sociale dans notre pays.
Adama Ouédraogo Damiss
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Pourquoi le CFOP exige un mandat du Président Blaise Compaoré. Voici les raisons évoquées par l'opposition à la conférence de presse.
- Pour l'Opposition politique, l'ouverture de négociations constituait en soit une étape nouvelle dans la relation qu'elle entretient avec la médiation. Autant l'Opposition ne posera aucune condition dès lors qu'il s'agit de discuter avec la médiation, autant elle se doit d'être vigilante dès lors que l'on passe à une phase de négociations avec une tierce partie.
- Pour l'Opposition, les questions en débat, notamment celle relative à l'article 37, ne concernent que le Président du Faso et lui seul. De ce fait, l'Opposition, qui constitue le principal obstacle à cette révision, estime que son interlocuteur, c'est Blaise Compaoré lui-même.
- Pour des raisons pratiques, l'opposition est prête à discuter avec les représentants du Président du Faso, mais ceux-ci doivent être dûment mandatés, afin que l'on soit sûr qu'ils parlent au nom de celui-ci et que ce dernier acceptera et appliquera les accords auxquels la médiation aura abouti.
- La médiation étant une médiation autosaisie, la production d'un mandat par le Président du Faso indiquera qu'il fait foi à la médiation, que les propositions que l'on dit émanant de lui viennent vraiment de lui, et qu'il est prêt à se conformer aux conclusions des discussions et à les mettre en oeuvre.
- Dans le tourbillon des démissions que vit aujourd'hui la majorité, rien ne garantit que des personnalités que l'on présente comme parlant au nom du Président du Faso appartiennent encore à cette même majorité dans les jours à venir.
- Enfin, notre histoire récente a éduqué l'opposition à ne plus faire confiance aveuglément à la bonne foi de ce pouvoir, qui a, à maintes reprises, renié ses propres engagements.
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